Celui qui sauve plus de vies qu’un chirurgien
20 octobre 2019
Je reprends cette citation de Tom Peters, qui l’utilise dans ses présentations ainsi que dans son livre, « The Excellence Dividend ». Cette image n’est pas destinée à diminuer toute reconnaissance envers les chirurgiens qui sauvent, bien sûr, de nombreuses vies.
Mais elle parle d’autre chose : du management.
Car on imagine aisément comment un mauvais manager peut causer tellement de mal à une quantités d’employés et de subordonnés tout au long de sa carrière, peut-être des centaines ou des milliers, avec parfois des situations dramatiques. Et cela souvent en toute impunité. Car les collaborateurs découragés, les employés qui n’ont pas pu révéler complètement leur potentiel, même s’ils souffrent parfois, ne vont pas toujours se plaindre, voire ne le pourront pas. Certains ne s’apercevront même pas du mal qu’ils ont subi. Pour eux, le management, c’est celui de leur chef, ils n’en imaginent pas d’autre. Alors, ils rongent leur frein et plient l’échine. Ils ne connaîtront jamais tout ce qu’un excellent manager leur aurait permis de devenir. Et ils resteront avec ces managers, qui ne sont pas non plus des êtres méchants, pas tous, mais tout simplement qui ne savent pas manager. Ni inspirer leurs collaborateurs. Ils sont parfois eux-mêmes les descendants de mauvais managers qui ne leur ont rien appris non plus.
Alors, forcément, inversement, et c’est le credo de Tom Peters depuis plus de trente ans, le management, l’excellence du management, c’est ce qui permet à un grand nombre d’individus d’accéder à des opportunités de croissance et de développement personnel, comme de passer de l’ombre à la lumière.
Mais c’est quoi exactement ce management excellent ?
Ce manager, c’est un peu comme le réalisateur d’un film. Tom Peters cite le réalisateur Robert Altman, qui disait, lors de la cérémonie de remise d’un Oscar :
« Le rôle d’un réalisateur est de créer un espace où les acteurs et actrices peuvent devenir plus que tout ce qu’ils ont été auparavant, plus que ce qu’ils avaient rêvé de devenir ».
En lisant et relisant cette citation, tout manager prend conscience que rechercher l’excellence dans le management correspond à un véritable effort humaniste. A l’heure des big data et des machines « intelligentes », qui remplacent l’homme dans de nombreuses tâches, voilà un défi qui reste de notre responsabilité. Et qui fait et fera la différence. Tout le reste est finalement, si l’on suit Tom Peters, accessoire.
Le paradoxe, c’est que c’est art du management ne s’apprend pas dans les écoles de commerce et d’ingénieurs, mêmes les plus prestigieuses. Pourtant, au début de leur carrière, les élèves de ces écoles raflent les meilleurs jobs dans les entreprises, ce sont les cadres à potentiels, les consultants juniors que l’on veut embaucher dans les firmes de Conseil. Et puis dix ou quinze après, ou même avant, on va aller chercher les profils de designers, de sociologues, de philosophes, d’anthropologues.
C’est ce qui fait dire que le management est un art libéral, qui n’est pas contraint par une forme d’enseignement scolaire particulier. Tout le monde peut y avoir accès. Mintzberg, un auteur particulièrement influent dans l’enseignement et la Recherche en management, dit même qu’un diplôme en philosophie est la meilleure préparation pour le « business leadership ». Car il est sûrement vrai que les programmes des écoles prestigieuses accordent une part importante aux analyses quantitatives, ce qu’adorent les étudiants. Et ils adorent aussi ensuite, dans leurs premiers jobs, faire des « analyses quantitatives », éplucher les chiffres, convaincus pour certains que plus ils seront calés en analyses et en chiffres, plus ils seront compétents. Pour ce genre d’étudiants et de juniors, tout ce qui s’apparente à du « soft », les aspects humains, les sujets d’organisation, les relations entre les personnes, l’art du contact et de l’empathie, sont des distractions inutiles par rapport à la vraie vie, les chiffres, les « business plans », les calculs.
Oui, mais combien faut-il de temps pour être cet « excellent manager » ?
Tom Peters a un chiffre : 5.
5 décennies ?
5 ans ?
Non, non.
Son chiffre, c’est : 5 minutes !
L’excellence, c’est votre prochaine conversation, votre prochaine réunion, c’est vous taire et écouter, vraiment écouter, c’est de dire « Merci » pour une toute petite chose, c’est la prochaine fois que vous apporterez des fleurs à votre bureau (ou non), c’est votre envie de comprendre ce que font les autres dans les autres départements de votre entreprise (ou non), c’est votre capacité à transformer des moments insignifiants en modèles d’EXCELLENCE.
L’EXCELLENCE n’est pas un but lointain que l’on atteint après des années de pratique, après un parcours professionnel de travail acharné. L’EXCELLENCE est un mode de vie, qui nous inspire jour après jour, minute après minute.
Alors, que faire dans les cinq minutes ?
Pour exprimer mon engagement, que faire dès lundi matin à mon arrivée dans les bureaux de mon entreprise, de mon employeur. Rien de plus simple qu’un sourire. Pas si facile si on a tant de choses à faire, des réunions, des délais à respecter, des engagements. Avec toutes ces choses à faire sur l’agenda, très chargé, on n’a pas trop le temps. Pas facile de prendre le temps de sourire et d’échanger des plaisanteries avec les collègues.
Pourtant ce premier sourire de la journée sera peut être le meilleur investissement vers l’excellence et le management.
Pour Tom Peters, l’attitude du matin est la plus grande décision de notre vie. Surtout pour tous ceux qui veulent être ou devenir des managers « excellents ».
Alors ?
Et si ainsi l’on sauvait plus de vies qu’un chirurgien ?