Mobilité urbaine : Tous en trottinettes ?
06 août 2023
Il fut un temps, un temps lointain, où circuler en ville voulait dire circuler en voiture. De nombreuses infrastructures ont été conçues et réalisées pour permettre de faire circuler au mieux les voitures. A Paris, on a eu le boulevard périphérique, un ruban de 35 km autour de Paris, dont le dernier tronçon a été inauguré en 1973 (les premiers travaux avaient débuté en 1956) par le Premier Ministre de Georges Pompidou, Pierre Mesmer, qui le présentait comme un « succès » et « un ouvrage bien intégré dans l’ensemble du paysage parisien ».
En 1967, on avait déjà eu une autre réalisation spectaculaire, la voie express rive droite, inaugurée le 22 décembre par Georges Pompidou, Premier ministre du Général de Gaulle, et fier d’annoncer qu’elle permettrait de traverser Paris en 13 minutes, sans rencontrer un seul feu rouge.
Aujourd’hui, tout a changé, et, pour avoir un impact sur l’aménagement des villes, on va plutôt parler d’en faire sortir la voiture.
Un site américain, Planetizen, vient de faire une consultation de ses lecteurs (donc pas vraiment un sondage, mais une participation libre des lecteurs, surtout américains), pour « élire » les 100 meilleures personnes reconnues pour ce talent à imaginer et mettre en œuvre les villes d’aujourd’hui.
Les trois premiers sont des architectes et professeurs d’urbanisme américains, Jan Gehl, Andrés Duany, et Donald Shoup. Mais la surprise pour nous vient de la quatrième place : Anne Hidalgo, Maire de Paris, saluée comme ayant « dépriorisé l’automobile » dans la capitale, et « réduit la pollution de l’air en améliorant la sécurité routière ».
Car aujourd’hui la mobilité urbaine, dans le monde entier, ce sont les pistes cyclables et les engins « doux » comme les vélos, les trottinettes et microvoitures électriques sans permis. Une récente enquête de McKinsey auprès de plus de 30.000 personnes « mobility users » dans 15 pays (Australie, Brésil, Chine, Egypte, France, Italie, Allemagne, Japon, Norvège, Arabie Saoudite, Afrique du Sud, Corée du Sud, Emirats Arabes Unis, Royaume Uni et Etats Unis) vient le confirmer : Un quart des répondants vivant dans des zones urbaines disent réfléchir à abandonner leur véhicule privé, et le remplacer par d’autres modes de transports. Ce qui marche le mieux dans les intentions, ce sont les navettes autonomes partagées, les solutions de micromobilité (trottinettes, vélos, scooters) et ces voitures sans permis à trois ou quatre roues, très légères et roulant à 45 km/h.
A l’heure où Paris va interdire les trottinettes partagées à partir de septembre, l’étude indique, toujours dans ces 15 pays, que c’est la propriété privée de ce genre de véhicules qui est en train de faire des adeptes : 60% des répondants indiquent un intérêt pour s’acheter bientôt une trottinette.
En gros, pour se déplacer en ville, on aura pour les courtes distances, à pied ou en trottinette, pour les distances moyennes les taxis et Uber, et pour les plus grandes distances les voitures partagées. Car depuis le Covid, on aime moins les transports publics collectifs, ceux où l'on s'entasse dans des caisses métalliques, et on s’est mis à aimer les solutions individuelles de "micromobilité". Pas facile quand même d’imaginer le bazar si tous les usagers du métro se mettaient à rouler en trottinette !
Pour 27% des répondants, l’intégration des « microcars », petites voitures électriques sans permis, est considérée comme une possibilité dans le mix de mobilité, et un sur deux imagine de remplacer leur véhicule personnel par ce type de véhicule, dans les dix ans à venir.
Ces tendances restent à confirmer, mais elles permettent aussi d’imaginer comment vont évoluer nos villes, et les conséquences sur l’activité économique et les entreprises. Voilà un « driver » à ne pas oublier dans nos exercices de prospective et nos visions pour le futur.