Transformation : de la colère à la vision
28 octobre 2012
Quand on parle de transformation d'entreprise, ou de soi-même, on fait référence à un phénomène particulier : ce n'est pas le développement normal de l'entreprise, qui passe par des améliorations lui permettant de croître, d'être meilleure dans ses process et son fonctionnement, quelque chose d'assez linéaire.
Non, la transformation fait référence à un changement d'"être" : quelque chose de non linéaire, fait de ruptures, dans lequel il y a une fin (une mort) et un nouveau début (une naissance).
Les deux phénomènes ne s'opposent pas, et sont tous deux utiles. Il faut juste ne pas les confondre; et être consultant dans des situations de transformation fait appel à des qualités particulières.
Pour l'entreprise qui sent la nécessité d'une transformation, il n'est pas question de chercher à dessiner des systèmes qui soient plus efficaces et plus efficients, mais plutôt de pouvoir rester en vie dans des systèmes qui changent, qui ont déjà changés.
J'aime bien les sept étapes du process de transformation, toutes sortes de transformations, évoquées par Harrison Owen dans son ouvrage " The power of spirit".
1. Choc et colère
Pour que la transformation puisse s'engager, il faut repérer cette phase de colère, ce moment où l'on arrête de respirer aprés avoir dit "Et zut" ou quelque chose de plus vulgaire. Ce moment où l'on se dit : non, ça ne va pas; mais où l'on se remet à respirer quand même...On voit bien que ça ne peut plus durer comme ça. Ce moment de respiration arrêtée et qui repart est un bon indicateur à observer : si cela se propage parmi les managers, la transformation est partie...
2. Déni
On dirait que cette étape est une perte de temps; elle retarde l'action; mais Harrison Owen la considère indispensable; même courte, elle est nécessaire. C'est l'étape où l'on pense que la fin n'est pas encore pour maintenant. C'est comme un pansement sur une plaie qui saigne. On calme, on anesthésie.
3. Souvenirs
Cette étape, c'est celle où l'on prend conscience de la réalité de la situation, On accepte que c'est la fin d'une situation. Mais on fait défiler ce qui s'est passé avant, ce qui aurait pu se passer, ce qui n'est pas arrivé. On évoque les remords et les regrets. L'avantage de cette étape, c'est de prendre conscience de ses actifs, de ce qui fait notre force; on s'en souvient; on s'en souviendra.
4. Désespoir
Là, on passe à un moment de vide. Ce grand vide qui nous envahit, et peut nous faire peur. Ce vide où l'on a l'impression que l'on ne va pas s'en sortir, où l'on ne voit pas l'avenir précisément. On peut rencontrer une forme de désespoir.
5. Silence
Aprés le choc, la colère, le déni, les souvenirs, le vide, le désespoir (tout ça peut aller trés vite...ou non), on arrive dans le silence. Ce silence est important. C'est pour Harrison Owen comme le moment où l'on est enceinte. Ce moment est celui de la création.
6. Questionnement
Dans ce moment de silence, il faut lutter contre une tendance forte : celle de vouloir remplir le vide; dans les entreprises, cela consiste à ressortir des plans stratégiques, des plans d'actions, des groupes de travail,...Tout ce qui fera du bruit pour empêcher le silence.
Pour Harrison Owen, ce moment de silence est précieux pour apporter non pas du bruit mais un questionnement profond. La meilleure question à ce moment c'est : Que vas tu faire du reste de ta vie ?
Le plus important, ce n'est pas la réponse, chacun peut la trouver à l'intèrieur de lui-même; c'est l'attitude face à la question; cette capacité à entrer dans l'imagination. On pourrait parler d'amour.
7.Vision
La vision est cet état futur que nous avons dans la tête. Nous ne suivons pas une vision; nous sommes mûs par elle, comme possédés. C'est une passion.
Elle n'est pas le résultat d'un effort, d'une analyse, d'un calcul; elle émerge comme ça, comme une force.
Cete description du mouvement de la transformation, parti de la colère pour aboutir à cette vision, telle que décrite par Harrison Owen, elle rappelle un peu, je trouve, les sept demeures de Sainte thérèse d'Avilla,dans son château de l'âme.
Transformer l'entreprise, se transformer...un voyage, quasi initiatique, plutôt qu'une méthodologie.