Le Président est une intelligence artificielle
12 juin 2025
On se souvient qu’en octobre 2022, Michel Aoun, Président du Liban terminait son mandat de 6 ans, sans pouvoir se représenter, et le pouvoir est resté vacant pendant deux ans, jusqu’à l’élection de Joseph Aoun (pas de lien de parenté) en janvier 2025.
Un journal libanais, An Nahar, a alors eu l’idée de créer un Président par intelligence artificielle entraîné par les données de 90 ans d’archives de la presse.
On peut ainsi avec ce système poser toutes les questions sur ce que ce « Président IA » devrait faire pour traiter tous les problèmes du pays. Le président IA répond à toutes les questions en texte et en audio.
Transparence, intégrité, prise de décisions les plus objectives possibles : Ne peut-on que saluer une telle initiative pour remplacer tous nos leaders politiques par l’intelligence artificielle, comme l’on vanté les commentateurs enthousiastes ?
Peut-on imaginer que le futur est à la direction des politiques publiques par des intelligences artificielles ?
Certains imaginent déjà que de tels systèmes, sans remplacer les dirigeants publics, pourraient permettre de leur faire prendre les meilleures décisions pour le bien commun. L’utilisation de l’IA, dans une proportion moindre, existe d’ailleurs déjà dans la gouvernance politique et l’analyse des situations, même si l’interprétation et la décision semblent encore du ressort des humains. Mais pourquoi n’irait-on pas plus loin demain ?
Cependant, il y a aussi des personnes et analystes que cela inquiète, à cause des biais qui pourraient en résulter.
Ce que l’on reproche encore à l’intelligence artificielle aujourd’hui, c’est précisément son absence de jugement moral et éthique, ce qui pourrait poser problème dans des situations de crise, de tensions diplomatiques, ou de conflits. Et que dire des biais possibles en perpétuant des préjugés communs, conduisant à des politiques discriminatoires.
Les plus optimistes vont dire que l’on arrivera à éliminer ces biais et problèmes possibles. Et il restera qu’en fondant les analyses et décisions sur des données les plus objectives et logiques, on trouvera les allocations de ressources les plus optimales pour trouver les solutions les plus efficaces pour améliorer les services publics et l’équité. Bien mieux que des leaders politiques humains, soumis aux pressions des lobbies ou des idéologies, voire à la corruption.
Mais il y a encore un argument ultime qui peut encore faire douter : c’est que de tels systèmes seront tellement efficaces qu’ils en oublieraient les droits individuels et les libertés individuelles, qui se verraient ainsi très menacés.
Les dirigeant aidés ou remplacés par l’intelligence artificielle augmenteraient leurs capacités de surveillance généralisée, suivre les activités des citoyens, créer un phénomène de méfiance et de rébellion de la part du public, ce qui ne serait pas aussi idéal pour la bonne gouvernance de nos Etats et cités.
Voilà de quoi débattre encore, alimenter les auteurs de science-fiction, donner des idées aux futurs candidats aux élections.
Prêts ?
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