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Le roman contre l’angoisse de l’incertitude du monde

RomanDans son Olympe libéral, « L’appel de la tribu », Mario Vargas Llosa consacre un chapitre à un auteur que je n’avais jamais lu, Sir Karl Popper (1902 – 1994).

Mario Vargas Llosa dit le tenir pour « le penseur le plus important de notre époque, que j’ai passé une bonne partie des trente dernières années à le lire et à l’étudier et que, si l’on me demandait de signaler le livre de philosophie politique le plus fécond en enrichissant du XXème siècle, je n’hésiterais pas une seconde à choisir « La société ouverte et ses ennemis ». ».

Ah oui !

C’est un livre qui date de 1945, et dont Mario Vargas Llosa dit que, sans Hitler et les nazis, Karl Popper ne l’aurait jamais écrit.

Mais de quoi parle donc un tel monument ?

« Il s’agit d’une description fouillée et d’un formidable plaidoyer contre la tradition qu’il appelle « historiciste », commencée avec Platon, renouvelée au XIXème siècle et enrichie avec Hegel et que Marx porte au pinacle. Popper voit au cœur de ce courant, matrice de tous les autoritarismes, une peur panique inconsciente de la responsabilité que la liberté impose à l’individu, lequel tend pour cela à sacrifier celle-ci pour se dégager de celle-là. D’où ce désir nostalgique de retourner au monde collectiviste, tribal, à la société immobile et sans changements, à l’irrationalisme de la pensée magico-religieuse antérieure à la naissance de l’individu, qui s’est émancipé du placenta grégaire de la tribu et a rompu avec son immobilisme grâce au commerce, au développement de la raison et à la pratique de la liberté ».

C’est Karl Popper qui dénonce cet appel de la tribu qui donne son titre au livre de Mario Vargas Llosa : « L’appel de la tribu, l’attraction de cette forme d’existence où l’individu, asservi à une religion, à une doctrine où un chef qui assume la responsabilité de répondre pour lui à tous les problèmes, refuse le dur engagement de la liberté et de sa souveraineté d’être rationnel, touche à l’évidence la corde sensible du cœur humain ».

Celui que Karl Popper qualifie d’« historiciste », c’est celui qui croît que l’histoire des hommes est écrite avant de se faire, que l’histoire a un sens secret qui lui donne une coordination logique et l’ordonne à la façon d’un puzzle. A l’inverse de celui qui conçoit la vie comme une création permanente.

Cette façon de croire qu’il existe un sens et une histoire écrite est pour celui qui en est la victime une réponse à cette angoisse de ne plus maîtrise l’avenir, et tente de se raccrocher à quelque chose qui le dépasse et qu’il pourra suivre en abandonnant sa liberté. Ce peut être la religion, mais aussi le communisme, ou toute autre doctrine.

Cela fait penser à Mario Vargas Llosa au rôle du roman, vu comme une « organisation arbitraire de la réalité humaine qui défend les hommes contre l’angoisse produite chez eux par l’intuition du monde et de la vie comme un vaste désordre ».

Ce qui lui suggère une réflexion historique sur le roman : « Ce n’est pas un hasard si le roman atteint son apogée dans les périodes qui précèdent les grandes convulsions historiques, si les temps les plus féconds pour la fiction sont ceux de la faillite ou de l’écroulement des certitudes collectives – la foi religieuse ou politique, les consensus sociaux et idéologiques – car c’est alors que tout un chacun se sent perdu, sans un sol solide sous ses pieds, et cherche dans la fiction – dans l’ordre et la cohérence du monde fictif – un refuge contre la dispersion et la confusion, cette grande incertitude, cette somme d(inconnues que la vie est devenue pour lui ».

Le roman et la fiction seraient ils des remèdes à l'angoisse de  l’incertitude du monde ?

C'est le moment de lire des romans en ce moment alors ?

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