Violence à l'Assemblée
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Qu'est-ce qui fait la force ?

Lion2Pour bien diriger il faut de la force, de l’autorité. C’est du moins ce que l’on pourra retenir de l’année 2024 en matière géopolitique. C’est le constat que fait Nicolas Baverez dans une tribune du Figaro de lundi. L’année 2024 « a accouché d’un monde d’hommes forts, surplombé par la figure de Donald Trump, dont l’influence pèse sur la planète avant même sa prise de fonction. L’année 2025 consacrera cette nouvelle donne où le commerce, le droit et la diplomatie sont soumis à la loi du plus fort ».

La logique du système mondial pour 2025, toujours selon Nicolas Baverez, c’est la fragmentation, la confrontation et la brutalisation.

Alors les rock star d’hier, chantres du multiculturalisme et de la tolérance, comme Justin Trudeau, qui vient de démissionner, c’est fini.

 Mais alors, dans nos entreprises, c’est quoi la tendance ?

Ce serait plutôt l’inverse en ce moment. Prenons Stellantis, marqué par les années Carlos Tavares, celui qui se proclamait « psychopathe de la performance », obsédé par une vision autoritaire de la performance. C’est John Elkann qui le remplace en interim du Comité Exécutif, et apparemment le style a changé. Le Figaro titrait « Champagne, câlinothérapie…Chez Stellantis, la méthode Elkann pour solder l’ère Tavares ».

Et on y apprend que celui-ci a réuni les 130 cadres de direction du Groupe à la cantine du centre de recherche et développement pour sabler le champagne, une première chez Stellantis. Les cadres n’en sont pas revenus. Du changement par rapport à « l’austère Tavares ».

Ils perçoivent aussi du changement dans l’organisation, avec la volonté de décentraliser (là encore ce serait l’inverse de la tendance en politique) : « Très verticale, elle va s’aplatir ».

Et il va y avoir du changement à prévoir aussi dans le style de management, comme le rapporte au Figaro un des cadres syndicaliste : « Sous Tavares, c’était le petit doigt sur la couture du pantalon. Il ne savait pas déléguer, il était craint et donnait l’impression d’aimer être « le boss ». Aujourd’hui la pression s’est relâchée ».

Le temps du patron admiré de tous pour la performance et ce management viril semble vraiment disparu.

Aujourd’hui, être bon patron, c’est parler un peu plus d’humain, d’humilité.

Autre communication dans le même style, celle de la nouvelle directrice générale du Groupe Picard Surgelés, Cécile Guillou, dans un entretien fin décembre, explique : « Si un collaborateur souhaite me parler, mon bureau lui est toujours ouvert ». « Arriver dans une entreprise sans avoir au préalable pris son pouls, cela nécessite de tisser de la confiance rapidement. C’est cela que j’ai créé, car, quand on prend tous la même direction et que l’on est soudés, on traverse plus facilement les tempêtes. ».

Et puis les équipes, c’est important : « Quand on avance, il est indispensable de se retourner pour voir si les équipes suivent ». Et le Figaro ajoute que ces équipes, justement, étaient « bousculées par une précédente direction aux méthodes moins rondes ».

Mais alors, si on est devenu câlinothérapeute et plus rond, ça risque de faire flancher la performance ? Non, car, comme le rapporte un cadre du Groupe cité par Le Figaro, « Cécile est certes dans le jeu collectif, qui est sa marque de fabrique, mais son exigence et la pression sont bien là. C’est utile, car maintenant que Picard est sorti de son sommeil, il ne faudrait pas que la recherche de consensus se fasse au détriment de la prise de décision ».

Chez Stellantis aussi, on reste prudents, selon Le Figaro : « Aujourd’hui, beaucoup s’interrogent sur les leviers que vont utiliser les actionnaires pour continuer de profiter de la machine à cash que Carlos Tavares avait inventée », car « même avec un management moins raide, il faudra encore serrer les coûts. Les actionnaires comptent sur le premier d’entre eux, John Elkann, pour veiller au grain ».

Finalement, n’est-ce pas Napoléon Bonaparte qui aurait le dernier mot, à qui on attribue la formule « Il faut mener les hommes avec une main de fer dans un gant de velours », expression déjà utilisée par Mazarin, et de nombreux politiques.

En ce moment, le velours a la côte ; mais le fer n’est pas trop loin…

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