Mobilité pour demain : bonnes et mauvaises idées
09 septembre 2024
Parmi les transformations de notre société, à l’ère de la quatrième révolution industrielle, et de la montée des préoccupations écologiques, la mobilité est en bonne place.
A juste raison car la mobilité est en tête des secteurs émetteurs de GES (Gaz à effet de serre).
Mais de quoi parle-t-on ?
Pierre Veltz, dans un récent ouvrage (« Bifurcations – Réinventer la société industrielle par l’écologie ?») en fait une bonne synthèse, et bouscule aussi quelques idées reçues.
Ce qui a été le plus développé, c’est ce que l’on appelle les mobilités au quotidien, celles pour se rendre de son domicile à son travail essentiellement. Or, la distance entre le domicile et le lieu de travail n’a pas cessé d’augmenter, pour des causes bien connues (logement trop cher en métropole, qui fait s’installer en première couronne, mais aussi en deuxième couronne, voire encore plus loin, de plus en plus loin). On y a encouragé les installations dans des pavillons individuels, dans des quartiers souvent dépourvus de transports collectifs efficaces et pauvres en services.
Dans ce contexte, les déplacements longs du quotidien, entre 10 et 100 kilomètres, ont augmenté de plus de 50% au cours des dix dernières années, et la part de la voiture y reste ultramajoritaire, pour les trajets domicile – travail, faire les courses dans les hypermarchés, et aller dans la grande ville voisine pour les services que l’on ne trouve plus à proximité.
Et pendant ce temps où est allé l’argent des politiques publiques ? Dans les cœurs d’agglomérations, là où il existait déjà une belle offre de transports publics, en y ajoutant trams et pistes cyclables, ainsi que les services de libre-service de vélos, scooters, trottinettes et autres.
Tous ceux qui habitent les pavillons de banlieue sont devenus les victimes des congestions, des difficultés à revenir en ville, et les mauvais élèves du climat, les pollueurs accros à leur détestable voiture.
On peut en conclure, comme le fait Pierre Veltz, que quelque chose cloche, du point de vue climatique comme du point de vue social.
Face à ce constat, que faire ? Et comment ?
La réponse de Pierre Veltz tient en trois mots : sobriété, efficacité et équité. Tout un programme !
La sobriété, c’est la piste de la réduction de la mobilité carbonée et de l’autosolisme (les grosses voitures avec une seule personne dedans par exemple). Mais pour cela il faut prendre en compte que plus de la moitié des citoyens n’ont pas accès à un transport collectif pour aller au travail. Une piste est aussi de faire de l’automobile un transport collectif, avec les offres de covoiturage (qui sont proposées par des entreprises et start up privées aussi, avec des arrêts fixes, des tarifications spéciales).
L’efficacité, c’est tout ce qui concerne la décarbonation des moteurs de voitures (car la marginalisation de la voiture n’est sûrement pas pour demain, quoi qu’on en dise), c’est-à-dire les voitures électriques (mais on aimerait bien aussi des voitures électriques simples et moins chères). Mais cela ne suffira pas. La voie de la création d’un choc d’offre de transports collectifs fait aussi partie des sujets à explorer, et des investissements à anticiper. On pense aussi aux projets de RER métropolitains dans les grandes agglomérations comme Bordeaux ou Lille (en espérant qu’on arrivera à réduire les délais de mise en œuvre, et la bureaucratie des délais administratifs).
Enfin, l’équité, c’est d’éviter un retour des gilets jaunes inquiétés par des mesures de sobriété un peu trop fortes sur l’automobile. Une première alerte a été déclenchée avec les ZFE (zones à faibles émissions) qui consistent à interdire l’accès au centre-ville des véhicules polluants. Facile quand on habite au centre-ville et que l’on peut circuler à pied et à vélo. Moins marrant pour les habitants de banlieue qui n’ont pas les moyens de remplacer leur vieille voiture ou qui n’ont pas accès à un transport collectif adapté. Peut-être à étudier, le système de péage urbain avec modulation de tarif, qui serait plus équitable (comme à Oslo par exemple).
La bonne nouvelle c’est qu’un tel programme concerne les pouvoirs publics, mais aussi les entreprises, les investissements privés, les starts up et toutes les idées créatives de chacun.
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