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août 2024

Nostalgie mon amour

Mylene22La nostalgie, comme une idéalisation du passé, a été longtemps perçue comme négative entre le XVIIIème et le XXème siècle. Elle était même considérée comme une forme de dépression de celui qui n’arrivait pas à vivre le présent, et encore moins l’avenir.

Et puis, aujourd’hui, elle est plutôt considérée positivement par les psychologues, étant associée à des souvenirs agréables. C’est la vision de Katharina Niemeyer, chercheuse à l’université du Québec et auteur de « Nostalgies contemporaines. Médias, cultures et technologies » (2021), qui était interrogée dans Le Monde début septembre.

Pour elle ,la nostalgie peut ouvrir des perspectives nouvelles sur le passé, et être réflexive et prospective. Cela consiste à mobiliser des éléments du passé pour un meilleur présent et avenir en évitant de tomber dans une idéalisation sans nuance.

C’est un peu l’impression que donne peut-être en ce moment l’ambiance des concerts de Mylène Farmer au Stade de France (oui, j'y étais moi aussi). Oui, les chansons sont celles des jeunes années d’un public qui a, pour certains, comme la chanteuse, vieilli, mais qui reste comme envoûté par ces refrains de la « génération désenchantée », repris a capella par tous, et Mylène aux anges. Et même les plus jeunes, oui, il y en a quand même, y chantent à l'unisson.

Et les plus chanceux, ceux des premiers rangs, arrivés sur place avant tout le monde, voire ayant couché sur place dans des tentes, ont apporté un doudou, une peluche, qu’ils auront l’immense plaisir de voir ramassé sur scène par la star. Ah, ces doudous, comme ceux de notre enfance, que Mylène serrera contre son cœur. C’est trop beau !

Car, oui, cette nostalgie, c’est aussi cette communion avec une star qui a traversé le temps, mais qui nous rappelle tout ce temps passé dans lequel on se croit encore. « Je, Je, suis libertine », « sans contrefaçon, je suis un garçon, et pour un empire, je ne veux me dévêtir », on le reprend tous en cœur.

Cette nostalgie d’aujourd’hui, c’est aussi une façon de naviguer entre le passé, le présent et le futur, se servir de belles histoires pour entrevoir l’avenir avec optimisme. 

Ce qui est impressionnant c’est que cette nostalgie des années 80 et 90 de ces chansons touche aussi des jeunes générations, aussi présentes dans ces concerts, alors qu’elles ne les ont pas vécues. Citons Katharina Niemeyer : « S’imaginer vivre à une autre époque ou encore mobiliser les styles et formes d’antan est depuis toujours une possible source d’inspiration ». Car « on peut être nostalgique d’une époque que l’on n’a pas vécue sans pour autant vouloir son retour effectif ».

Pourtant, tout n’était pas si merveilleux dans les années 80 et 90, mais, toujours selon Katharine Niemeyer, « Le réel n’est jamais une donnée brute, nous le construisons cognitivement, culturellement, socialement et historiquement, et la remédiation du passé en fait partie. Il s’agit de fragments sélectionnés qui remontent à la surface et qui sont parfois idéalisés, euphémisés, mais parfois aussi de véritables sources pour un potentiel changement dans le présent ».

Voilà de quoi faire des concerts de Mylène Farmer des sources d’optimisme et de potentiel de changement pour le présent.

Car, on le sait, « Qu’on soit des filles de cocktail, belles, qu’on soit des filles des fleurs de poubelle, toutes les mêmes…On a besoin d’amour, un amour XXL »

Vive l’amour !


Beau et droit : Qui nous sauvera ?

ArbresssQu’est-ce qui va nous permettre de devenir meilleurs ?

C’était le sujet d’un dossier de « Philosophie Magazine » cet été.

Le progrès, c’est la grande idée des Lumières, au XVIIIème siècle, qui fait du progrès un horizon collectif de l’humanité. Martin Legros, dans ce dossier, rappelle l’image de la forêt d’Emmanuel Kant, dans « Idée d’une histoire universelle au point de vue cosmopolite » (1784) : « Individuellement, l’homme est un bois tordu, obnubilé par des intérêts égoïstes, l’ambition, la domination et la cupidité, qui le poussent à faire un usage débridé de sa liberté. On ne peut tailler des poutres droites avec ce matériau-là. Cependant, grâce à l’éducation et à la pression sociale, il peut être incité à développer ses dispositions naturelles au bénéfice de tous ». Citons Kant lui-même : « Ainsi dans une forêt, les arbres, du fait même que chacun essaie de ravir à l’autre l’air et le soleil, s’efforcent à l’envi de se dépasser les uns les autres, et par suite, ils poussent beaux et droits. Mais au contraire, ceux qui lancent en liberté leurs branches à leur gré, à l’écart d’autres arbres, poussent rabougris et tordus et courbés ».

Alors, pour pousser beaux et droits, que faire aujourd’hui ?

Pour Sam Altman, fondateur d’OpenAI, inventeur de ChatGPT, c’est l’intelligence artificielle qui va nous sauver. C’est le sujet d’un article de son blog de lundi 23 septembre, qui est déjà très commenté sur le web et les réseaux sociaux.

Pour Sam Altman, nous sommes proches de la superintelligence, dans « quelques milliers de jours ». Et il nous prévient, avec avidité, tout va s’accélérer encore. Il nous annonce « l’ère de l’intelligence », qui va générer une prospérité inimaginable et résoudre des problèmes mondiaux : « nous pourrons bientôt travailler avec une IA qui nous aidera à accomplir beaucoup plus de choses que nous n'aurions jamais pu le faire sans elle ; un jour, nous pourrons tous avoir une équipe d'IA personnelle, composée d'experts virtuels dans différents domaines, qui travailleront ensemble pour créer presque tout ce que nous pourrons imaginer. Nos enfants auront des tuteurs virtuels capables de leur fournir un enseignement personnalisé dans n'importe quelle matière, dans n'importe quelle langue et à n'importe quel rythme. Nous pouvons imaginer des idées similaires pour améliorer les soins de santé, la capacité de créer tous les types de logiciels possibles et imaginables, et bien plus encore. »

L’avenir qui nous attend est formidable : « Des triomphes stupéfiants - réparer le climat, établir une colonie spatiale et découvrir toute la physique - finiront par devenir monnaie courante. Avec une intelligence presque illimitée et une énergie abondante - la capacité de générer de grandes idées et la capacité de les réaliser - nous pouvons faire beaucoup de choses. »

Il y en a quand même certains qui en doutent, considérant que « Sam Altman nous vend du rêve ». 

Avec l’idée derrière la tête de nous pousser ses logiciels, qui cherchent encore leur modèle économique. Sans parler de ceux qui le prennent carrément pour « un clown » comme les commentaires dans cet article.

Mais pour devenir meilleur, nous avons eu aussi cet été, en plein mois de juillet, une lettre surprenante, signée, eh oui, par le Pape François.

Que nous dit cette lettre ?

Elle nous parle du « rôle de la littérature dans la formation ».

Car « un bon livre devient une oasis qui nous éloigne d’autres choix qui ne nous feraient pas du bien » : pense-t-il aux écrans, aux réseaux sociaux, aux médias audiovisuels ? Sûrement : « Contrairement aux médias audiovisuels où le produit est plus complet et où la marge et le temps pour « enrichir » le récit et l’interpréter sont généralement réduits, le lecteur est beaucoup plus actif dans la lecture d’un livre. Il réécrit en quelque sorte l’œuvre, l’amplifie avec son imagination, crée un monde, utilise ses capacités, sa mémoire, ses rêves, sa propre histoire pleine de drames et de symboles ».

Et le Pape nous parle aussi de désir : « La littérature a donc à voir, d’une manière ou d’une autre, avec ce que chacun désire de la vie ». « C’est donc à cela que « sert » la littérature : à « développer » les images de la vie ».

Et plutôt que d’accélérer, le Pape aimerait nous voir ralentir : « Il est donc nécessaire et urgent de contrebalancer cette accélération et cette simplification inévitables de notre vie quotidienne en apprenant à prendre de la distance par rapport à l’immédiat, à ralentir, à contempler et à écouter. Cela peut se produire lorsqu’une personne s’arrête librement pour lire un livre ».

La littérature comme aide à la digestion : « La littérature nous aide à dire notre présence au monde, à la « digérer » et à l’assimiler en saisissant ce qui va au-delà de la surface du vécu ».

 Aussi pour briser les idoles : « La littérature aide le lecteur à briser les idoles des langages autoréférentiels faussement autosuffisants, statiquement conventionnels. (…) La parole littéraire est celle qui met en mouvement, libère et purifie le langage ».

Alors, pour pousser beaux et droits, ferons nous confiance aux prédictions de Sam Altman qui nous promet des triomphes stupéfiants, ou suffira-t-il de suivre les conseils du Pape de prendre la distance par rapport à l’immédiat grâce à la littérature.

On aimerait bien un peu des deux, peut-être…


Seniors aux commandes

VieuxQuand on parle des seniors, il y a un poste où les seniors ont la côte et s’accrochent, c’est celui de patron.

En mai 2024, l’assemblée générale de l’entreprise de conseil informatique aux 58.000 salariés, Sopra Steria, a repoussé la limite d’âge du président de 89 ans à 95 ans, permettant ainsi au président Pierre Pasquier, 89 ans, fondateur du Groupe Sopra en 1968 (fusionné avec Steria en 2015) de rester président.

C’est encore en-dessous de Warren Buffet, 94 ans, toujours président de son Groupe Berkshire Hathaway.

Le Monde indiquait, dans un reportage sur la place des seniors, la semaine dernière, que 27,6% des dirigeants de PME et ETI françaises avaient à leur tête, en 2024, un dirigeant de plus de 60 ans. Pour les dirigeants de grandes entreprises françaises, l’âge moyen est de 57 ans (il était à 55 il y a deux ans).

Au moment où l’intelligence artificielle et les nouvelles technologies viennent transformer les entreprises, on pourrait se dire que c’est un inconvénient, en faisant l’hypothèse que les seniors ne sont pas capables de suivre la cadence. Mais ce n’est pas si certain. La recherche académique a déjà montré que l’appétit au risque et à l’innovation diminue effectivement à mesure que le PDG vieillit, mais, à l’inverse, les jeunes loups auront plus tendance à investir davantage et à être plus innovants, et, en sens inverse, la probabilité qu’ils « plantent » l’entreprise est plus élevée.

Alors l’expérience, celle que l’on suppose chez les plus seniors, devient une valeur sûre pour apporter la mesure et le recul face à un monde de plus en plus complexe, selon les chasseurs de tête interrogés par Le Monde dans ce reportage.

Et puis, ce que ne dit pas Le Monde, c’est que le dirigeant n’est pas tout seul non plus, même dans les PME. Et la bonne dose d’intergénérationnel apporte aussi les échanges et l’intelligence collective de l’ensemble. A condition de ne pas trop se figer dans les postures de préjugés (oui, les vieux sont des vieux cons, et les jeunes sont des imbéciles qui ne veulent pas travailler, on connaît, non ?).

Une autre pratique, c’est de découpler les postes de président et de directeur général : le directeur général, le jeune (enfin, pas forcément si jeune) qui prend les initiatives audacieuses, et le président qui incarne la sagesse.

Ce que nous dit aussi le reportage du Monde, c’est que les vieux vont être de plus en plus nombreux dans notre société. La durée de vie s’allonge, et on fait de moins en moins de bébés. Le pire, c’est le Japon : en dix ans, il a perdu en moyenne chaque année 1% de sa population âgée de 16 à 65 ans. Au point que la société japonaise Oji Holdings a annoncé récemment qu’elle cessait de fabriquer des couches pour bébé, et va se concentrer sur le marché nettement plus porteur des couches pour adultes. De même, le Japon a réduit la vitesse des escalators de 15%, par une loi, pour faciliter la vie des personnes âgées.

En France, on en prend le chemin. En 2024, plus d’un habitant sur cinq (21,5%), soit 14,7 millions de personnes, a plus de 65 ans. Et le nombre de naissances a été de 678.000 en 2023, soit 20% de moins qu’en 2010.

Alors l’impact sur les dépenses publiques est connu : les retraites représentent aujourd’hui un quart des dépenses publiques en France. La santé et l’invalidité pèsent, elles, un peu plus d’un cinquième. Et cela, logiquement, au détriment de l’éducation qui ne reçoit que 9% des dépenses. En 1981, la France comptait 5 millions de retraités, aujourd’hui c’est 17 millions, et la prévision pour 2050 est 23 millions.

Alors, cela influence aussi les choix politiques : alors que les salariés, en moyenne, ont vu leur rémunération augmenter moins vite que les prix, le gouvernement français a choisi d’augmenter les retraites de 5,3% pour compenser l’inflation (soit 14 millions d’euros). Car les politiques savent bien que les plus âgés vont deux fois plus aux urnes que les jeunes. Et donc le système français fait une redistribution intergénérationnelle à l’envers.

Est-ce à dire que dans notre pays les seniors sont les rois ?

Pas si sûr sur le marché du travail, où dans les entreprises, encore aujourd’hui, il n’y a pas vraiment de préférence pour les vieux, à part les patrons.

On a le temps de voir la suite. On estime que les centenaires en France seront 200.000 en 2070 (contre 30.000 aujourd’hui).


Mobilité pour demain : bonnes et mauvaises idées

HidalgoParmi les transformations de notre société, à l’ère de la quatrième révolution industrielle, et de la montée des préoccupations écologiques, la mobilité est en bonne place.

A juste raison car la mobilité est en tête des secteurs émetteurs de GES (Gaz à effet de serre).

Mais de quoi parle-t-on ?

Pierre Veltz, dans un récent ouvrage (« Bifurcations – Réinventer la société industrielle par l’écologie ?») en fait une bonne synthèse, et bouscule aussi quelques idées reçues.

Ce qui a été le plus développé, c’est ce que l’on appelle les mobilités au quotidien, celles pour se rendre de son domicile à son travail essentiellement. Or, la distance entre le domicile et le lieu de travail n’a pas cessé d’augmenter, pour des causes bien connues (logement trop cher en métropole, qui fait s’installer en première couronne, mais aussi en deuxième couronne, voire encore plus loin, de plus en plus loin). On y a encouragé les installations dans des pavillons individuels, dans des quartiers souvent dépourvus de transports collectifs efficaces et pauvres en services.

Dans ce contexte, les déplacements longs du quotidien, entre 10 et 100 kilomètres, ont augmenté de plus de 50% au cours des dix dernières années, et la part de la voiture y reste ultramajoritaire, pour les trajets domicile – travail, faire les courses dans les hypermarchés, et aller dans la grande ville voisine pour les services que l’on ne trouve plus à proximité.

Et pendant ce temps où est allé l’argent des politiques publiques ? Dans les cœurs d’agglomérations, là où il existait déjà une belle offre de transports publics, en y ajoutant trams et pistes cyclables, ainsi que les services de libre-service de vélos, scooters, trottinettes et autres.

Tous ceux qui habitent les pavillons de banlieue sont devenus les victimes des congestions, des difficultés à revenir en ville, et les mauvais élèves du climat, les pollueurs accros à leur détestable voiture.

On peut en conclure, comme le fait Pierre Veltz, que quelque chose cloche, du point de vue climatique comme du point de vue social.

Face à ce constat, que faire ? Et comment ?

La réponse de Pierre Veltz tient en trois mots : sobriété, efficacité et équité. Tout un programme !

La sobriété, c’est la piste de la réduction de la mobilité carbonée et de l’autosolisme (les grosses voitures avec une seule personne dedans par exemple). Mais pour cela il faut prendre en compte que plus de la moitié des citoyens n’ont pas accès à un transport collectif pour aller au travail. Une piste est aussi de faire de l’automobile un transport collectif, avec les offres de covoiturage (qui sont proposées par des entreprises et start up privées aussi, avec des arrêts fixes, des tarifications spéciales).

L’efficacité, c’est tout ce qui concerne la décarbonation des moteurs de voitures (car la marginalisation de la voiture n’est sûrement pas pour demain, quoi qu’on en dise), c’est-à-dire les voitures électriques (mais on aimerait bien aussi des voitures électriques simples et moins chères). Mais cela ne suffira pas. La voie de la création d’un choc d’offre de transports collectifs fait aussi partie des sujets à explorer, et des investissements à anticiper. On pense aussi aux projets de RER métropolitains dans les grandes agglomérations comme Bordeaux ou Lille (en espérant qu’on arrivera à réduire les délais de mise en œuvre, et la bureaucratie des délais administratifs).

Enfin, l’équité, c’est d’éviter un retour des gilets jaunes inquiétés par des mesures de sobriété un peu trop fortes sur l’automobile. Une première alerte a été déclenchée avec les ZFE (zones à faibles émissions) qui consistent à interdire l’accès au centre-ville des véhicules polluants. Facile quand on habite au centre-ville et que l’on peut circuler à pied et à vélo. Moins marrant pour les habitants de banlieue qui n’ont pas les moyens de remplacer leur vieille voiture ou qui n’ont pas accès à un transport collectif adapté. Peut-être à étudier, le système de péage urbain avec modulation de tarif, qui serait plus équitable (comme à Oslo par exemple).

La bonne nouvelle c’est qu’un tel programme concerne les pouvoirs publics, mais aussi les entreprises, les investissements privés, les starts up et toutes les idées créatives de chacun. 


La France beau cluster

NapoleonQuand on parle de villes et de territoires, et que l’on regarde du côté de la Chine, Paris et la France paraissent bien petits; De quoi imaginer la France en grand.

C’est Pierre Veltz, dans son ouvrage très bien documenté, « La France des territoires, défis et promesses » (2019) qui rappelle que la Chine a décidé de structurer son territoire, mais aussi son économie, autour de 19 méga-villes, ou « clusters de ville ». Trois sont déjà une réalité depuis 2018 : l’ensemble de la Rivière des Perles (Hong Kong, Shenzen, Canton), l’estuaire du Yangstse (autour de Shanghai), et l’ensemble appelé Jingjinji (autour de Beijing et Tianjin). Leurs populations sont respectivement de 60 millions, 152 millions et 112 millions d’habitants.

En fait, pour l’auteur, ingénieur et sociologue, qui a été président-directeur général du conseil d’administration de l’Etablissement public de Paris-Saclay, « l’équivalent français des grandes villes mondiales-Shanghai ou Mumbai ou Tokyo ou Sao Paulo- ce n’est pas Paris, c’est la France ».

Car, vue de Chine, la France entière est un « beau cluster ».

Voilà une façon de reconsidérer le territoire France et ce beau « cluster » d’une façon plus large que notre vision purement administrative, et d’imaginer des ponts et synergies sources de création de valeur.

Rêvons un peu avec Pierre Veltz à cette magnifique richesse de relations :

« Toulouse, du fait de son histoire, de sa position géographique, de ses communautés issues de l’immigration espagnole, est la porte naturelle vers le monde ibérique.

Lyon est un point d’articulation fondamental vers l’Italie, mais plus généralement vers le monde alpin, qui devient progressivement, de l’Italie du Nord à l’Allemagne du Sud en passant par la Suisse, le véritable cœur industriel de l’Europe.

Strasbourg pourrait s’affirmer davantage (mais l’histoire a son poids…) comme la cheville-clé de relations vers le monde germanique, et plus spécifiquement rhénan, concentration unique en Europe d’universités de premier plan (Bâle, Fribourg, Strasbourg, Karlsruhe, Heidelberg, Mannheim) dans un mouchoir de poche.

Lille, bien sûr, ouvre vers l’espace nord-européen, et notamment vers le dynamisme de la Flandre.

Mais il est temps aussi de penser la métropole-réseau française avec Genève, capitale des Alpes du Nord, Barcelone, Liège, et pourquoi pas Bilbao.

Le Havre, mais aussi Rouen et Caen, dans une Normandie enfin unifiée, sont la porte maritime qui s’impose car presque toutes les métropoles mondiales sont liées à la mer, à un grand espace portuaire.

Restent Marseille, Nice et la Méditerranée. Les choses sont ici plus complexes car liées à une histoire coloniale passionnelle, douloureuse et incomplètement digérée. Mais c’est là, comme à Paris, que se joue la partie essentielle du siècle qui vient, celle de nos relations avec l’Afrique du Nord et l’Afrique subsaharienne ».

Reste à trouver le Bonaparte du XXIème siècle qui emmènera la France dans une telle vision, pour faire vivre ce cluster ouvert. Il ne s'agit plus de conquêtes de territoires, mais des usages et de la création de synergies et coopérations inter régions.

Et aussi à adapter nos entreprises, nos politiques publiques, nos gestionnaires d' infrastructures, dans cette vision d’un nouveau monde élargi.