Singularitariens
15 décembre 2019
Le perfectionnement continu des technologies numériques, et en particulier de l’intelligence artificielle, auquel nous assistons depuis le développement de l’internet, a fait émerger un concept original : la singularité.
La singularité, c’est cette période située dans le futur, très proche selon certains observateurs et chercheurs, pendant laquelle le rythme du changement technologique sera si rapide, et ses impacts tellement profonds, que la vie humaine en sera profondément et de manière irréversible, transformée. C’est un moment où l’accélération des technologies sera telle que les humains ne pourront plus l’assimiler et devront trouver de nouveaux modes de coopérations entre l’homme et les machines. C’est comme un point où les humains seront incapables de penser et comprendre suffisamment vite les changements pour rester dans la course.
Ceux qui ont compris et anticipent ce moment et toutes les transformations qu’il va falloir opérer dans nos organisations et dans notre vie elle-même, sont ceux qui s’appellent eux-mêmes les « singularitariens ». Ils ont compris les transformations qui s’annoncent et ont réfléchi à leurs implications pour eux, pour leur vie, et pour la vie de tous.
Le plus célèbre est sûrement Raymond Kurzweil, auteur de nombreux ouvrages sur le sujet, qui a été employé par Google en 2012 et devenu directeur de l’ingénierie pour conduire des projets sur l’apprentissage automatisé et le traitement automatique des langues.
L’idée de départ des singularitariens, c’est que la vitesse de changement de la technologie créée par les humains s’accélère et que la puissance de cette technologie se répand à une vitesse exponentielle. Or la perception de cette croissance exponentielle est difficile pour les humains habitués à voir le monde et son développement dans un mode plutôt linéaire. Avec le mode exponentiel, les technologies commencent leur développement presque imperceptiblement, et explosent ensuite rapidement, sans que l’on ne l’ait anticipé. Car la pensée humaine est extrêmement lente par rapport à la vitesse des machines. Les transactions réalisées par le cerveau humain sont plus lentes de plusieurs millions que les circuits électroniques contemporains. Ce qui rend notre capacité à processer de nouvelles informations très limitée par rapport à la croissance exponentielle des données et bases de données produites par les humains.
La Singularité est ce qui va nous permettre de dépasser ces limites de notre corps et de notre cerveau biologiques, grâce aux machines. Et ainsi de reprendre le pouvoir sur notre destin. Au point d’avoir dans les mains du pouvoir sur notre mortalité. D’ici la fin du XXIème siècle, la part non biologique de notre intelligence, celle aidée ou remplacée par les machines, sera des trillions de trillions plus importante que celle produite par l’intelligence humaine non aidée.
Pour comprendre et vivre en avance de phase ces transformations, le livre de référence de Ray Kurzweil reste « The singularity is near », pourtant écrit en 2005, il y a 14 ans déjà.
Nous avons eu depuis la création de la « Singularity University » créée en 2008 par Raymond Kurzweil et Peter Diamandis, dont j’avais déjà parlé ici de son ouvrage « Abondance ».
Dans la vision « post-Singularity », on ne verra plus de différence entre l’humain et la machine, ou entre la réalité humaine et la réalité virtuelle. Nous sommes maintenant dans une époque où les humains travaillent avec des technologies de plus en plus avancées, pour eux-mêmes créer des technologies de nouvelle génération. Au point qu’au temps de la Singularité on ne distinguera plus la différence entre l’humain et la technologie. Non pas parce que les humains deviendront des machines, mais parce que les machines se comporteront comme des humains.
Reste à imaginer nos organisations et nos modes de fonctionnement dans cette ère de la singularité.
L’imagination, humaine, est aux commandes.
"les humains ... devront trouver de nouveaux modes de coopérations entre l’homme et les machines" Ce qui serait bien c'est que les humains trouvent de nouveaux modes de coopérations entre humains ! Sinon ils vont continuer d'utiliser les machines pour leur propre perte.
Rédigé par : D Meunier | 16 décembre 2019 à 09:17