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Comment ça marche la "pensée stratégique" ?

Paris-vue-du-ciel-1Une des façons de définir la stratégie, que je retrouve dans le livre de Rich Horwath, "Elevate - The three disciplines of advanced strategic thinking", est " l'allocation intelligente de ressources limitées par un système unique d'activités qui permet d'être plus performant que les compétiteurs dans le service aux clients". 

Le secret d'une bonne stratégie est précisément dans ce "système unique" : être performant dans des activités différentes ou bien exécuter des activités similaires mais d'une autre façon plus performante. 

Rich Horwath s'est fait connaître justement par ses recherches et ouvrages sur la pensée stratégique. Il a aussi créé le " Strategic Thinking Institute". 

C'est un bon créneau et ses livres sont de bon conseil car, c'est vrai, la capacité à penser correctement la stratégie, et surtout à l'exécuter, ce n'est pas si simple. Déjà, si l'on interroge les dirigeants et managers de nos entreprises sur le sujet, la réponse est souvent : " Avec tous les sujets opérationnels, tous les jours, je n'ai pas le temps pour la pensée stratégique". D'ailleurs, c'est pour une eux une bonne chose finalement : quand il a plein de choses à faire, un agenda plein de réunions et de rendez-vous, le manager se sent utile et efficace; alors que prendre le temps de réfléchir et de penser à la stratégie est presque considéré comme une activité coupable et un signe d'oisiveté. 

Mais, plus préoccupant, si vous proposez à ces mêmes managers d'imaginer avoir une journée entière pour réfléchir à la stratégie, et ce qu'ils feraient de ce temps, il ne le savent finalement pas très bien. Car les idées reçues sont nombreuses : pour certains cela consiste à avoir de "grandes idées", lire des ouvrages savants de prospective, regarder les vidéos de TED. Ouais...

En fait, le point de départ de toute entreprise est une idée, et ce sont les idées qui génèrent les activités, les offres, les processus, les marques, les cash flows. Le problème c'est que, envahis par ces activités et tout le reste, on n'arrive plus à avoir de nouvelles idées, ni à imaginer de nouvelles stratégies. Pour s'en sortir il faut déjà connaître la raison d'être de l'entreprise et l'enjeu stratégique. A partir de là la méthode de Rich Horwath est bien illustrée par la métaphore de l'hélicoptère : il s'agit de se placer au-dessus du business à une hauteur d'hélicoptère (quelques centaines de mètres) : c'est de cette hauteur que l'on voit très bien les paysages, les immeubles, la structure des routes, mais que l'on distingue encore aussi certains détails. C'est cette perspective que nous invite à considérer Rich. D'où le titre du livre ("Elevate").

Une fois à cette hauteur, en quoi va consister la pensée stratégique? 

Dans son livre précédent, "Deep dive", il fournissait "les trois principes de base de la pensée stratégique" : 

  • Acumen : Comment générer des "insights" (que l'on pourrait traduire par inspirations, mises en perspectives),
  • Allocation : Comment allouer les ressources ?
  • Action : Comment exécuter la stratégie et atteindre les objectifs ?

 Dans son nouvel opus, il fournit la suite : "Les trois disciplines de la pensée stratégique avancée" : 

  • Coalesce (fusionner) : fusionner les insights pour créer un business model innovant
  • Compete : créer un système de stratégie pour obtenir un avantage compétitif
  • Champion : Entraîner les autres à penser et agir stratégiquement pour exécuter la stratégie.

 "Coalesce" c'est la phase où l'on va trouver ce que l'auteur appelle le "spectre stratégique" : Quoi (quelles offres de produits / services), qui (potentiels clients cibles), pourquoi ( besoins clients ou services satisfaits), où (canaux pour accéder aux offres), quand ( temps d'accès aux offres), comment (activités à exercer).

"Compete" : c'est la phase où l'on va comprendre les compétiteurs (business intelligence)  et  aligner les efforts de tous et faire les choix. La bonne stratégie n'est pas celle qui plaît à tous les clients, mais celle qui choisit les clients à satisfaire et sur quels critères. 

"Champion" : Cela concerne les comportements et la pratique de "conversations stratégiques" dans toute l'entreprise. Cela comprend les dialogues (échanges d'idées et d'opinions stratégiques) et les discussions ( décisions d'actions, d'objectifs, et de mises en oeuvre). Rich Horwath propose notamment de créer une "histoire stratégique" : Elle décrit la situation ( où en est-on sur le marché, quels sont nos insights), les joueurs internes et externes qui sont impliqués dans le succès du business ( des personnes, des entreprises, des organisations publiques, ...Il peut y en avoir des centaines, il faut se concentrer sur les plus déterminants), le challenge  ( celui qui affectera le plus le business, positivement si il est résolu, négativement si non), les enjeux ( les éléments critiques derrière le principal challenge), les options ( les trois à cinq alternatives exclusives pour adresser le challenge), la résolution ( une des options que l'on choisit), les actions ( les étapes réalistes et claires que l'on va lancer, quand, qui, comment), le thème central de l'histoire ( une métaphore, une montagne à franchir, la lutte du bien contre le mal, une nouvelle route, un nouveau véhicule pour le succès,...). 

Bien sûr, de tels exercices sont permanents; on est tout le temps en train d'ajuster les stratégies et de se poser ces questions. Et la présentation des outils de l'auteur peut paraître un peu "bateau" avec une dose de jargon qui peut faire fuir. C'est dans la pratique et l'exercice que l'on en verra le bienfait.

Le cœur ce type d'approches est, comme toujours, de créer cet espace de "conversations stratégiques" et aller chercher les incertitudes de nos certitudes pour nous inspirer. A partir de là, de nombreux "outils" sont utiles. Le but reste d'associer à l'histoire le plus grand nombre.

Alors pour faire "marcher" la pensée stratégique, imaginons notre histoire stratégique.

Cela peut commencer par : "Il était une fois..." . A nous de créer la suite, vue de notre hélicoptère. pour être stratégiste. 


Management : retour aux sources

CEO123Le mot fait tellement partie de notre quotidien et du vocabulaire que l'on n'y fait plus trop attention. Tout, dans notre environnement, est managé. Sans parler des "consultants en management" dont on ne sait plus très bien sur quoi portent effectivement leurs "conseils".

C'est pour retourner aux sources du concept, et en faire ressortir les caractéristiques qui nous inspirent encore aujourd'hui, que thibault le texier a écrit " le maniement des hommes - essai sur la rationalité managériale".

Son but est de nous ouvrir les yeux sur la signification du management, telle qu'il l'appréhende. A chacun de se faire son opinion mais la thèse mérite le détour.

Historiquement, les destinées des peuples étaient présidées par la famille, l'Etat, l'Eglise. Maintenant, notre salut vient de l'entreprise privée, qui est devenue l'autorité suprême qui dirige les vies de presque tous. Il a suffi d'un siècle pour qu'elle prenne cette place, au point que même les Etats, les Eglises, les familles, sont pratiquement devenus aussi des "entreprises" à part entière. Et malgré leur grande diversité, toutes ces entreprises sont gérées identiquement : des échelons hiérarchiques, des cadres sélectionnés et formés qui arrangent, contrôlent et optimisent le travail des subordonnés. Et l'entreprise étant ainsi devenue la référence, c'est le management qui nous fait interagir avec le monde. Nous gérons et sommes gérés, que ce soit en famille, à l'école au travail. 

Ce qui va structurer le système de management, au début du XXème siècle, c'est la contribution de l'ingénieur américain et consultant Frederick Taylor, qui va chercher à inventer une "méthode d'efficacité" pour concevoir "une usine entièrement moderne et efficace". Ce qui fera inventer ce qu'il appellera le "management scientifique", en 1911, qui sera plus tard approprié par Henry Ford pour organiser ses usines automobiles et y implanter le travail à la chaîne. On a tous en mémoire le film de Chaplin, " les temps modernes", sorti en 1936.

Tous les penseurs du management resteront sur ce principe d'efficacité, et ce qui devient la "théorie des organisations" vise à répondre à cette question centrale : comment rendre nos organisations plus efficaces ? Les "consultants en management et en organisation" étaient nés. Et c'est ainsi que se définit la fonction, unique, du manager : rendre les autres gens plus productifs. 

Dans cette conception du management moderne, c'est l'environnement direct, l'arrangement des espaces et des processus qui va permettre de rendre le plus efficace possible les individus devenus des pièces interchangeables de ces processus bien pensés. Autre outil pour arranger au mieux les gens comme les choses : les organigrammes. Car organiser, c'est aussi attribuer des rôles correspondant à un scénario préécrit. L'entreprise constitue alors "un réseau de situations organisées". 

Encore plus fort, ce ne sont pas seulement les tâches et les fonctions que le management va structurer, mais aussi les caractéristiques humaines: les compétences, les aptitudes. Il s'agit alors, comme le présente thibault le texier, de " former un individu selon des standards, des outillages et des finalités prédéfinis. Idéalement l'individu managérialisé devrait pouvoir changer de manières de ressentir, de faire et de penser au gré des nécessites productives. A en croire les premiers théoriciens du management, la bonne volonté elle-même peut être enseignée". Le management assure ainsi la perpétuation d'activités productives en organisant les groupes chargés de les accomplir. Le management produit des groupes contrôlables et efficaces.

C'est à partir des années 50 que le manager va orchestrer les segments de l'organisation. On va alors parler de dissoudre l'entreprise en projets. Et l'entreprise devient alors, au gré des projets, organisée pour le "changement perpétuel", comme le décrit le célèbre auteur Peter Drucker, un des papes du management. Les organisations vont alors être changées de plus en plus souvent, par l'activisme de ceux qui les conseillent et les mettent en oeuvre, en faisant croire que ces modifications sont imposées par l'environnement contingent (ce qui n'est pas toujours facile à démontrer). On en arrive ainsi dans les années 80 et 90, à des formats d'entreprises modulaires et temporaires qui deviennent les modèles d'organisations. C'est aussi l'époque du reengineering, qui a fait le succès des auteurs qui s'en sont emparés ( Michel Hammer et James Champy). Ce que vendent alors les consultants c'est l'idée que le changement est bon, qu'il faut l'accueillir comme un don du ciel quand il survient, et le provoquer quand il ne survient pas. Et bien sûr, ça marche encore souvent aujourd'hui. Le management est ainsi devenu une "science de l'innovation", une organisation innovante étant celle qui " institutionnalise la mutabilité perpétuelle"

 Mais le management ne va pas s'intéresser uniquement à l'organisation de l'entreprise. Un sujet nouveau apparaît dans les années 20 et particulièrement avec la crise de 1929 : la consommation. Il ne suffit plus de produire efficacement, il faut aussi produire des consommateurs. La logique managériale va s'appliquer à la vente et à la distribution, et ainsi naît le marketing. L'idée, présentée par l'auteur, assez finement, consiste à faire moins dépendre la vente et la consommation des employés, et notamment du bon vouloir des vendeurs, et pour ça on a les emballages, les marques, la standardisation des biens, la publicité. L'auteur cite un publicitaire américain à la fin des années 50 qui se réjouit que " une affaire bâtie autour d'un nom de marque n'a pas à se soucier de son avenir quand tirent leur révérence son directeur des ventes très apprécié ou son président qui a le génie de la distribution"

Ce marketing va se développer, au point, de nos jours, de viser, non pas à vendre des produits et services, mais à incorporer dans les consommateurs des valeurs et des habitudes standardisées, et même à gérer complètement leur rapport à un produit ou une entreprise, ce que l'on va appeler le customer experience management : l'idée est d'organiser les affects et les désirs du consommateur et de manager ses besoins et ses sentiments. Comme on l'a fait pour l'employé, le consommateur peut ainsi être motivé, stimulé et formé.

On comprend bien la thèse de l'auteur : le management consiste, depuis l'origine, à standardiser un mode de fonctionnement, fondé sur l'efficacité, et à y faire entrer les personnes, les employés, et ensuite les consommateurs.

Mais l'emprise du management ne s'arrête pas là et va aussi s'attaquer à ce que l'on va appeler le "management de soi". Il se développe après 1945 , avec ce que Peter Drucker nomme "l'autocontrôle des employés": il est plus efficace (encore!) de substituer au contrôle extérieur un contrôle plus strict qui vient de l'intérieur. A partir des années 80 les auteurs vont insister sur la "culture d'entreprise" qui vient délimiter le champ des possibles et du pensable dans lequel les employés peuvent être "profitablement laissés à eux-mêmes".  C'est le célèbre auteur Jim Collins ("Built to last"), qui indique que "le contrôle idéologique garantit le respect du noyau dur de règles tandis que l'autonomie opérationnelle stimule l'innovation".  On en arrive à une forme aboutie du management où le management des employés par un supérieur devient l'exception, la règle étant alors que l'employé se supervise lui-même et le supérieur a un rôle de "leader" ou de "coach"

C'est ainsi que le management de soi devient le nouvel horizon du management et de la gestion aujourd'hui. On a le même phénomène d'ailleurs envers le consommateur qui va aussi se "manager" par le "self service" et le "self control". L'entreprise se dissout ainsi en "réseaux de contrats entre individus tour à tour producteurs, sous-traitants, commanditaires, consultants, employés, consommateurs et, dans tous les cas, managers d'eux-mêmes". Ainsi chacun doit se penser comme une entreprise individuelle et le "PDG de sa propre existence". 

 Ce management de soi ne vise pas à corriger un mal ou à une thérapie, mais à un autocontrôle continu, pour observer ses actions, contrôler ses pensées, mesurer leurs performances, selon leurs propres critères. L'auteur parle d'une "épuisante autogestion". Avec au bout, une récompense : l'efficacité. " La vie n'est pas une aventure, une oeuvre d'art ou un jeu; c'est un travail". La littérature et les offres de consultants et coachs sur le créneau est pléthorique aujourd'hui. 

Et c'est ainsi que la logique managériale est devenue une institution et le nouveau sens commun : " Avez-vous atteint vos objectifs? Êtes-vous efficace? Vos statistiques se sont-elles améliorées par rapport à la semaine dernière? Ces questions auraient sans doute parues dérisoires ou saugrenues il y a un siècle, à l'époque où l'Eglise, l'Etat et la famille formaient la charpente institutionnelle des sociétés occidentales. Elles ne le sont plus depuis que l'entreprise privée a pris de leurs mains les fonctions de gouvernement de la nature, de la société et de l'individu, leur a soustrait leur prestige et leur a imposé sa logique managériale. Une fois la société managérialisée, quoi de plus normal que de considérer l'individu lui-même comme une entreprise? Le traiter autrement risquerait d'en faire un inadapté". 

Le management est ainsi devenu le mode impersonnel référent de coordination de groupes humains ne partageant pas nécessairement un grand dessein, ou une histoire. Il correspond d''ailleurs bien aussi à notre temps marqué par l'urbanisation , à ce que l'auteur appelle "ces milieux artificiels, malléables et dépersonnalisés qu'enfante l'essor sans fin des villes et des technologies". Le management serait alors "le fruit, autant que le géniteur, d'un âge du faire qui sait de moins en moins quoi et pour quoi faire". 

Ainsi, le management n'est pas ce qui nous rend égaux, mais plutôt interchangeables, facilitant notre mise en concurrence, voire notre remplacement par des machines. Pour l' auteur, on pourrait croire que les chefs ont disparus dans le nouveau management, mais en fait ils se sont logés à l'intérieur de nous-mêmes. " Chaque médiation managériale entre nous et nous-mêmes favorise notre instrumentalisation par d'autres". Difficile d'être libre et de penser par soi-même dans cette société "managérialisée" : " Notre vie précuite et précuisinée, sorte d'équivalent existentiel du plat préparé, nous sommes souvent cantonnés à la répétition de routines préécrites. Notre monde et notre existence sont vides, sans extériorité, sans mystère, sans sacré, sans beauté, sans inconnus, insignifiants. Mais au moins ont-ils l'air sous contrôle". 

C'est là tout le paradoxe du management, fruit de cette modernité à la fois rationalisée et pleine de doutes sur le "pourquoi?" et le sens. Tout a l'air "scientifique" et rien, pourtant, n'est certain.

Le management est devenu un nouveau pouvoir dans notre société "managérialisée", qui s'impose avec des dispositifs dépersonnalisés, et repose sur le contrôle et le savoir. Il organise, contrôle et optimise des ressources humaines à l'aide d'un savoir rationnel. Le pouvoir managérial est une sorte de technique apolitique et culturellement neutre, présenté comme une réponse "logique" et "nécessaire" à une demande d'"efficacité".

La question que nous laisse l'auteur c'est : qu'allons-nous en faire ? 


Futur en panne : comment s'en sortir

FuturenpanneOn pourrait croire que le futur, ça fait rêver tout le monde. Ce désir de conquérir le monde, de sauver la planète, de satisfaire tous les besoins, de rendre heureux autrui. Tout ce qui fait que les entrepreneurs entreprennent et se lancent dans l'aventure. 

Mais on peut imaginer, et même rencontrer parfois, l'inverse.

Ils existent aussi, peut-être, ces  Comex de grands groupes peuplés d'anciens qui ont atteint le poste après vingt ou trente ans de carrière dans le Groupe, et qui portent un regard blasé sur le monde. Ils ont le sentiment de défendre le principe de réalité : on a déjà essayé, on a connu les difficultés à faire les choses, les échecs et les déceptions. Alors, maintenant, le futur, ça ne fait plus rêver. Ils comprennent que le monde change, que les défis seront nombreux, mais leur obsession c'est de faire durer le présent encore un peu plus, ne surtout pas l'accélérer. C'est cette attitude qui rend certains Comex inconsciemment adverses au risque, et sans ambition de disruption, de peur de casser la machine qu'ils connaissent bien et qui les a bien servi pour progresser jusque là où ils sont aujourd'hui. Si d'autres, les compétiteurs, essayent de changer, il faut s'en défendre, les empêcher, les attaquer. La stratégie, cela consiste à réagir face à la concurrence, à l'attaquer. Si ça chauffe trop, on va aller chercher l'Etat et le gouvernement pour empêcher ces concurrents qui veulent détruire l'équilibre (Et punir ces GAFA et autres insolents). Forcément, pendant ce temps là on a moins le temps pour inventer du neuf et penser au client. 

Ce syndrome n'est d'ailleurs pas réservé aux anciens dans les grands groupes mais peut atteindre aussi des équipes qui ne veulent plus se débarrasser de leur confort (idées reçues, convictions, ce qu'ils appellent l'expérience, leur croyance dans un monde qui disparaît mais qu'ils voudraient conserver le plus longtemps possible). 

C'est pourquoi les dirigeants cherchent, pour éviter ce trou noir, à redonner de l'envie en permanence, et pas seulement pour offrir des perspectives aux investisseurs. 

Les plans de performance, les restructurations, les trucs douloureux, ne peuvent sauver l'entreprise. 

Donner l'envie du futur c'est projeter un futur favorable le plus concret possible pour déjà s'y croire et avoir envie d'y être et d'y vivre. voilà à quoi servent encore les plans stratégiques à Moyen Terme.

Celui de Carlos Ghosn pour Renault est présenté par le PDG lui-même dans Le Figaro du 7 octobre.

On en comprend bien les ingrédients.

Le titre : " Drive the future".

La vision à 2022, racontée comme si on y était déjà : " Fin 2022, Renault est une grande entreprise, par la taille. C'est une entreprise saine, parce que très profitable, et avec un bilan solide" (ça c'est pour le rêve des investisseurs, sûrement).

Mais ce n'est pas tout, il y a les défis à relever : " C'est une entreprise qui aura prouvé qu'elle a su relevé tous les défis de son secteur : défis technologiques, défis géographiques, défis organisationnels."

Et puis, une vision ambitieuse, c'est aussi une nouvelle frontière, une conquête, avec des chiffres symboliques : " Ce plan est le "plan de la Chine", où nous comptons passer de 40.000 à 550.000 ventes par an". et " La Russie sera le premier marché du groupe au terme du plan".

Il ne suffit pas, bien sûr, de formaliser la vision; l'exécution compte aussi. 

Mais c'est un bon moyen de guérir de la panne de futur. 

 Qui veut essayer ? 


Qui sont les dirigeants qui transforment l'entreprise ?

DegagismePour transformer l'entreprise, il faut aller vite, comprendre les révolutions du digital, du Big Data. Mais aussi donner aux grands groupes l'agilité qu'elle a peut-être perdue en grandissant (grossissant?).

Alors pour trouver cette agilité, ne faut-il pas faire du "dégagisme" parmi les dirigeants et managers qui ont fait l'essentiel de leur carrière dans l'ancien monde et les remplacer par la génération de ceux qui sont à l'aise avec le digital et internet? 

A qui doit-on confier les clés de la transformation? 

Et  comment font les grandes groupes pour transformer ? 

Avec deux exemples éloquents, c'est le sujet de ma chronique du mois sur "Envie d'Entreprendre", ICI.