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Que nous dit le "Parvis des Gentils" ?

ParvisdesgentilsDans l’ancien et le nouveau testament, les gentils, du latin chrétien gentiles, désigne les païens, par opposition au peuple d’Israël, le peuple de Dieu. Le terme a évolué pour désigner les gens, les étrangers.

Dans la tradition juive, il y avait trois grandes cours qui précédaient le sanctuaire du Temple : le parvis des gentils, le parvis du Peuple de Dieu, et le parvis des prêtres. Dans la tradition chrétienne et l’architecture du Moyen-Âge, le parvis est la place devant la façade d’une église, d’une cathédrale. Une place largement ouverte pour rassembler une foule.

Le parvis des gentils représentait donc l’espace de ceux qui souhaitaient s’approcher du lieu le plus sacré, sans pouvoir accéder à l’enceinte intérieure car non-croyants.

Il symbolise dans nos temps modernes la mise en place d’un dialogue régulier du monde croyant avec le « monde de l’incroyance ».

Le 23 octobre 2012, les Pères du Synode des Evêques sur la Nouvelle Evangélisation ont voté une proposition du Pape Benoit XVI sur le « Parvis des Gentils », correspondant à une initiative pour se rendre proche des personnes éloignées ou en recherche du sens de la vie.

Au lieu d’être dans une volonté de forcer à croire les incroyants (on pense aux époques des missionnaires et guerres de religions), le parvis des gentils un espace ouvert qui offre au regard la possibilité de dépasser les limites des cloisons et des murs.

Le parvis d’Hérode était doté d’un mur de séparation peu élevé, qui interdisait aux Gentils l’accès à l’espace sacré. Les chrétiens symbolisent la destruction de ce mur. L’apôtre Paul, dans sa lettre aux chrétiens d’Ephèse, annonce la nouveauté du christianisme par cette affirmation : le Christ s’est dressé devant le mur de séparation pour le détruire, et « des deux peuples, Juifs et Gentils, il a fait un seul peuple ».

Cette image du « parvis des gentils » est donc dans le registre symbolique, et c'est ce qui nous intéresse aujourd'hui.

La structure fondée en 2012 a pour activité dominante l’organisation de rencontres internationales dans les grandes capitales européennes, sur les grands thèmes de la société.  

Le « Parvis des gentils » c’est la méthode du dialogue, le fait que deux discours, deux raisons, se croisent, se traversent l’une et l’autre réciproquement pour s’enrichir dans le dépassement d’une dialectique d’opposition.

Le dialogue est authentique quand les discours sont reconnaissables et reconnus, et que leur entrelacement conduit à un approfondissement du sens et des valeurs.

Il ne s’agit pas dans ces rencontres entre croyants et « gentils » d’appliquer la technique du duel, du latin bellum, ces combats à l’arme blanche qui conduisent à l’élimination de l’autre perçu comme adversaire, mais bien au contraire celle du duo dans lequel des voix qui parfois appartiennent aux antipodes sonores, comme la basse et le soprano, réussissent à créer une harmonie sans toutefois renoncer à leur identité propre, sans se décolorer.

Un autre symbole peut être évoqué : celui des « veilleurs » de la tradition juive. Il s’agit de ceux qui dans la nuit avaient pour mission de veiller et de réveiller, ce qui était le rôle à la fois des sentinelles et des prêtres qui priaient dans le temple. Il s’agit de réveiller les tensions, les inquiétudes. Sans cette inquiétude on risque de perdre la notion de futur et le principe de l’espérance. L’homme inquiet ne se referme pas sur l’immédiateté de l’existence humaine et il laisse la possibilité au mystère pour l’interroger et par là s’interroger lui-même. C’est précisément ce que souhaite le « Parvis des gentils » : réveiller l’inquiétude. Il s’agit de remettre l’interrogation au cœur de la réflexion commune. Il invite à une saine inquiétude intérieure

Le grand objectif du « Parvis des Gentils » est d’aider croyants et incroyants à poser les bonnes questions pour réveiller l’inquiétude. Le « Parvis » se veut ainsi une « ouverture sur l’autre rive », pour découvrir l’infini, l’éternité, ce qui s’étend au-delà de l’horizon.

Le « Parvis des Gentils » est le symbole du besoin d’accueil et de dialogue que représente le « gentilhomme ».

De quoi donner envie d'adopter cette attitude de "gentil".


Communiquer avec bienveillance : le secret de la CNV

CommunicationPartant de la conviction profonde que notre nature nous porte à aimer donner et recevoir dans un esprit de bienveillance, Marshall B. Rosenberg à conceptualisé et développé une pratique du langage et de la communication qui vise à renforcer notre aptitude à conserver nos qualités de cœur, même dans des situations éprouvantes ou de conflits. Il a appelé cette pratique la "Communication Non Violente" (CNV). Ce modèle part des prémisses que nous avons tous des besoins fondamentaux semblables et que nous sommes capables de montrer de la bienveillance à l'égard de nos propres besoins et de ceux de nos semblables.

Ce modèle de la CNV nous engage ainsi à reconsidérer la façon dont nous nous exprimons et dont nous entendons l'autre. Les mots que nous employons deviennent alors des réponses et des expressions réfléchies, émanant de de la prise de conscience de nos perceptions et de nos émotions.Cela consiste dans tout échange à être à l'écoute de nos besoins et de ceux d l'autre.

De nombreuses situations de conflits et d'incompréhensions, par manque d'écoute, peuvent être ainsi résolues par ce modèle. Au point que l'on peut être encore étonnés que tant de managers ignorent encore celui-ci.Ou l'oublient.

Mais en quoi consiste ce modèle ?

Il est représenté dans le schéma ci-contre.

CNV

Il comprend quatre composantes sur lesquelles nous focalisons notre attention.

  1. Observation objective de la situation, sans jugement: les faits.
  2. Les sentiments : qu'éveillent cette situation (qui ne sont ni des jugements ni des interprétations)
  3. Les besoins : cette étape permet de les prendre en compte; ce sont nos motivations, nos aspirations. Il s'agit de nos besoins propres (et non "j'ai besoin que tu..")
  4. Les demandes que nous formulons pour satisfaire ces besoins; ces demandes sont négociables et ouvrent le dialogue avec autrui.

Ce modèle vaut pour la compréhension de nos propres sentiments et besoins, mais aussi celle des sentiments et besoins de l'autre. 

La démarche est alors simple :

J'observe un comportement concret qui affecte mon bien-être,

Je réagis à ce comportement par un sentiment,

Je cerne les désirs ou besoins qui ont éveillé ce sentiment,

Je demande à l'autre des actions concrètes qui contribueront à mon bien-être.

La démarche va consister à exprimer les quatre composantes nous concernant, puis à accueillir les quatre composantes dans l'expression de l'autre en utilisant nos quatre composantes.(ou l'inverse, ça marche aussi).

Simple, mais pas si simple.

Pour aller plus loin on a l'ouvrage de référence de Marshall B. Rosenberg " Les mots sont des fenêtres (ou bien ce sont des murs) - Introduction à la communication non violente".

Les vidéos de Marshall B. Rosenberg, comme ICI.

Et aussi une association pour la communication non violente. 

J'avais aussi fait un post sur la girafe et le chacal ICI. C'est la girafe qui nous apprend à écouter.

Au-delà du modèle technique, la CNV, pour ses adeptes les plus inspirés, c'est de renouer avec une humanité commune et un état de compassion qui est naturel lorsque nulle violence n'est présente dans nos pensées ou dans nos cœurs. 

Ambitieux programme...

Il suffit d'y croire pour s'y mettre.


La gentillesse n'est pas la sollicitude

AmélieVous en connaissez comme moi de ces personnes qui se disent gentilles parce qu'elles veulent tout le temps se mêler des affaires des autres en pensant ainsi les aider. Quand c'est à vous-même qu'elles s'en prennent, on les trouve un peu intrusives parfois (souvent), et on a envie de leur dire "mais je ne t'ai rien demandé !". Ce qui ne suffirait pas à les freiner, car elles sont sont convaincues de mieux savoir que moi-même ce dont j'ai besoin (de leurs sages conseils en l’occurrence).

Je découvre en lisant l'ouvrage d' Emmanuel Jaffelin, "Petit éloge de la gentillesse", que cette forme de "gentillesse" n'est justement pas de la vraie gentillesse, mais de la sollicitude.

Pour comprendre la différence, il raconte une anecdote où il s'est emparé du bras d'un aveugle qui attendait au feu rouge pour l'aider à traverser la rue. Et l'aveugle lui a répliqué : " Non, merci. Je connais le chemin". Il attendait juste le signal sonore qui l'autorisait à traverser.

Car la sollicitude n'est pas la gentillesse. Elle se situe au-delà de la gentillesse. Elle est selon la formule d'Emmanuel Jaffelin, " un effort poisseux à vouloir rendre service sous l'emprise d'une pulsion". C'est en fait un "excès d'altruisme". 

La sollicitude, c'est celle d'Amélie Poulain qui fait le forcing pour faire le bonheur de son quartier. 

Inversement ce qui caractérise la gentillesse, c'est de rendre service sur la base d'une sollicitation, et non d'une sollicitude.

Il faut que quelqu'un me demande quelque chose pour que je puisse exercer ma gentillesse. Ce n'est pas le désir obsessionnel de faire le bonheur des autres mais être dans une situation qui me permet de rendre service.

La gentillesse consiste à rendre service à quelqu'un qui me le demande vraiment, de manière plus ou moins explicite. Mais surtout explicite dans un milieu professionnel.

Et donc pour être gentil, et l'être à bon escient, la qualité première est l'écoute et la capacité à entrer dans un vrai dialogue avec autrui.

C'est pourquoi les gentils sont ceux qui savent nouer ces dialogues, Qui écoutent avant de parler et d'essayer de convaincre.

En étant ce gentil, je suis un gentilhomme, héros du quotidien.

Car en étant ce gentil qui rend un service à autrui, je m'échappe de moi-même, je me "déleste de moi-même", Cette attitude me permet de rentrer dans un dialogue qui ne veut pas imposer à l'autre mon propre avis, mais accepter de m'en "délester". 

Ainsi, être "gentil" ce n'est pas être faible devant l'autre, mais au contraire être dans dans une morale du service et du dialogue vrai.

De quoi réconcilier la gentillesse et la coopération. Et aussi la performance de nos organisations.

Envie d'essayer? 


Jardiner notre potager

PotagerConsommer comme si tout nous arrivait dans les magasins par magie ? 

On a l'impression que la société du travail est un monde caché dont on ne parle plus.

Pourtant on a aussi envie de trouver du sens à notre travail, comme un jardinier dans son potager.

L'économie de proximité est la nouvelle révolution.

C'est le sujet de ma chronique de ce mois sur "Envie d'Entreprendre",

ICI

Allez-y vite pour cultiver votre jardin..