Le héros orphelin
22 mai 2016
Parmi les archétypes du héros, dont je parlais ICI, l'orphelin est celui qui nous inspire lorsque l'on se sent abandonné, négligé, et que nous nous demandons pourquoi tant de difficultés nous arrivent, sans que personne ne nous aide. C'est aussi ce sentiment de vivre une vie un peu plate, sans grande passion, sans profondeur, de manquer de sens.
C'est précisément ce que me raconte un manager rencontré cette semaine. Il a l'impression d'être submergé par ce que les clients, ses chefs, ses collaborateurs attendent de lui. Il a peur de les décevoir; il est perdu.Il ne sait pas trop quoi faire. Il se sent orphelin.
Lorsque cet orphelin est présent en nous, nous portons une forme de mélancolie, une méfiance vis-à-vis des autres (souvent sans justification, juste par principe), comme si nous étions toujours plus ou moins en danger. Nous allons attacher de l'importance à des petites choses, et nous sentons comme des victimes impuissantes. Nous voulons que les autres nous aident, mais aucune aide ne nous paraît suffisante. Les objectifs que nous nous sommes assignés, ou que d'autres nous ont fixés, nous semblent inatteignables, et avec le temps, nous allons abandonner doucement la volonté et le rêve pour éviter ainsi cette souffrance que notre imagination a créée.
Cette souffrance de l'orphelin est d'autant plus forte qu'il se souvient, ou rêve, d'un autre temps, un "âge d'or", où il aimerait revenir. Cet "âge d'or" est une figure mythique traditionnelle. C'est celle d'Adam et Eve dans le jardin d'Eden, dont ils se sont retrouvés chassés. C'est l'archétype de l'Innocent qui vient le challenger. L'Innocent est est une figure résolument optimiste, qui a des attentes fortes vis-à-vis des gens, et donc forcément quand il est frustré, bascule dans l'Orphelin.
La meilleure réponse héroïque pour l'Orphelin est de ressentir sa douleur,sa perte, et donc d'accepter d'être cet orphelin; C'est ce qui lui fait prendre conscience que l'on a besoin des autres dans la vie. Il vaut mieux se dire " je souffre, et je ne sais pas quoi faire", plutôt que de se plaindre ou d'accuser les autres de notre situation.
Cette situation est, selon Carol S.Pearson, utile pour se préparer à bouger ensuite, par soi-même, vers d'autres archétypes, qui permettront de poursuivre le voyage. Il s'agit de dépasser la vision dualiste, " La vie est une souffrance" / " La vie est un Eden", et de considérer la vie comme un processus de transformation permanent, où nous abandonnons ce qui ne nous sert plus, où ceux que nous aimons, pour aller vers l'inconnu, ailleurs.
Voilà pourquoi cet archétype de l'Orphelin est aussi une étape du voyage du héros dont nous avons besoin pour continuer et découvrir de nouveaux chemins.
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