Destins patagons : Allen Gardiner
17 avril 2016
Dans le sud de la Patagonie, les grottes Gardiner doivent leur nom à un missionnaire anglican du XIXème Siècle.
Encore un héros dont l'histoire est édifiante.
Dans les années 1800, les missionnaires vers la Patagonie étaient légion. Leur but : évangéliser les populations "indiennes" locales.
Le capitaine Allen Gardiner a servi pendant plusieurs années dans la Marine Royale anglaise. Et puis, en 1834, à la mort de sa femme, il décide de quitter pour se consacrer à la parole de Dieu. Et il entreprend une croisière à travers le monde. Il devient un des fondateurs de la Société Missionnaire de la Patagonie.
En 1850, il met le cap sur sur l'Amérique du Sud avec six compagnons, à bord du voilier Ocean Queen. C'est ainsi qu'ils mouillent dans la baie Banner, de l'île Picton, en décembre 1850, et le bateau repart, laissant ces missionnaires.
Ils rencontrent sur place les indigènes de l'ethnie Yamana, qui vont se montrer de plus en plus belliqueux. C'est ainsi que les missionnaires en arrivent à s'échapper vers l'Est, et arrivent à Puerto Espanol. Puis après une forte tempête, ils trouvent refuge dans une caverne, et retournent à Banner, où ils avaient enterré leurs provisions avant de bouger. Là, ils veulent laisser un signe de leur présence, dans le cas où un bateau viendrait dans les parages. Ils enterrent des bouteilles avec des messages, demandant secours et spécifiant l'endroit où ils se trouvent. Ils plantent un pieu avec une planche sur laquelle ils peignent l'inscription :
Dig Below (Creusez là-dessous)
Go to Spaniard Harbour (Allez au Port des Espagnols)
March
1851
Et ils retournent à Puerto Espanol. Les provisions deviennent de plus en plus rares. Dans le plus grand calme, les missionnaires consacrent leur temps à écrire leur journal, consignant leurs pensées et leurs dernières phrases avant leur dernier souffle. Ces journaux ont été retrouvés. Le dernier à mourir sera Allen Gardiner. Ses dernières lignes sont :
" 5 septembre, vendredi.- Grandes et merveilleuses sont les grâces de l'amour de mon bon Dieu. Il m'a maintenu jusqu'à présent et quatre jours durant, sans nourriture corporelle, sans souffrance aucune de faim ni de soif".
C'est seulement le 22 octobre 1851 que les marins du John Davidson, bateau de renfort apportant des approvisionnements, découvriront le spectacle.
D'autres missionnaires prendront la suite de Allen Gardiner; mais bientôt l'ethnie Yamana va disparaître, comme toutes les ethnies locales de la Terre de Feu. L'influence des Européens sur les indigènes n'aura apporté que des maladies.
Démonstration, encore, que les meilleures intentions peuvent parfois apporter les pires catastrophes.
( J'ai trouvé cette histoire dans " Sentiers de Feu, Récit d'une expédition au bout du monde" - Federico Ezequiel Gargiulo).