Leadership du coeur
Quantité de mensonges

L'organigramme ou l'élégance

_DSC3337bisJe recevais cette semaine pour le cycle de conférences de PMP sur l'innovation managériale deux invités de choix : Bernard Stirn, Président de l'Opéra de Paris, et Benjamin Millepied, directeur de la danse de puis un an. Le thème : Comment manage-t-on une institution et un corps d'élite. 

Echanges passionnants pour une belle rencontre. 

Benjamin Millepied, qui est revenu des Etats-Unis l'année dernière pour le poste, après avoir quitté la France à 16 ans, nous a avoué avoir découvert à l'Opéra de Paris un mot qu'il ne connaissait pas : le mot "organigramme". Toutes ces cases, ces hiérarchies, on comprend que cela l'effraie. Il est convaincu, il nous l'a dit, que " la hiérarchie n'amène pas au respect des autres".

Il a vite quitté le bureau qu'on lui a attribué pour se balader partout dans les locaux et cheminer avec son ordinateur au milieu des employés et des danseurs. Pour lui, ce système de bureaux fermés est d'un autre âge.

Il a envie de tout changer, de donner de l'air à cette atmosphère trop fermée; de libérer les énergies et d'enseigner aux danseurs à oser être eux-mêmes et à libérer leurs personnalités. 

Cela veut dire quoi?

La France est à l'origine du ballet, depuis Louis XIV, et a créé tous les grands ballets classiques. Mais la danse est devenue un monde trop rigide, enfermé dans des règles et des standards qui normalisent. Ce que veut Benjamin Millepied c'est retrouver un mot qu'il connaît mieux que celui d'organigramme : l'élégance. Cette élégance qui redonne de l'individualité au danseur, qui simplifie ( il est adepte de "Less is More", la simplicité préférable à la complexité).

EleganceRetrouver l'élégance c'est retrouver la personnalité du chorégraphe et du danseur, qui apportent leur style, qui créent. C'est cette création qu'il veut favoriser, faire émerger, et faire pousser les talents de demain qui vont sortir de cette école de danse de l'Opéra de Paris, gratuite depuis sa création (unique au monde). L'école, d'où tout part, et qu'il considère comme primordiale dans le dispositif, car c'est la formation qui construit le ballet de demain.

Il nous a cité Fred Astaire pour illustrer ce qu'il veut faire. 

Pour lui, l'objectif n'est pas de se replier frileusement sur la seule protection du classique, du patrimoine du ballet, mais d'abord d'être dans le présent, et de donner envie de demain, de créer le futur, avec le public d'aujourd'hui et de demain.

Ce public il veut aller le toucher par tous les canaux, et s'intéresse au digital : il a créé la "troisième scène", plate-forme numérique de programmes vidéos de danse.

Remplacer l'organigramme par l'élégance, et donner à tous l'envie de demain : voilà la belle leçon de management de Benjamin Millepied.

Alors, on danse?

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