Le pavillon du parc
20 août 2015
" Ne pouvoir vivre qu'une vie, c'est comme ne pas vivre du tout."
Milan Kundera - " L'insoutenable légèreté de l'être" - 1984 (p.18)
Pour Kundera, le roman a le grand avantage sur la vie d'être beaucoup plus libre :
" Si l'homme ne peut nullement sortir de sa vie, le roman est beaucoup plus libre." ("La vie est ailleurs" - 1973).
La sixième partie de "La vie est ailleurs" est l'occasion de le démontrer, en faisant intervenir un nouveau personnage, appelé "le quadragénaire" (on ne saura pas son nom), qui vient tout chambouler le récit des chapitres précédents, en apportant de nouvelles perspectives. Ce que l'on croyait vrai se révèle faux, et tout prend une autre couleur...Chapeau !
Milan Kundera utilise pour le faire intervenir une image originale, sous la forme d'un pavillon...comme il l'explique directement :
" Construisons cette partie du roman de façon qu'elle soit par rapport au reste du récit ce qu'est le pavillon du parc par rapport au manoir :
Le pavillon est éloigné de quelques dizaines de mètres, c'est une construction indépendante, dont le manoir peut se passer; mais la fenêtre du pavillon est ouverte, de sorte que les voix des habitants du manoir se laissent toujours facilement entendre."
Par ce procédé, il nous permet de changer l'observatoire à partir duquel nous regardons, pour imaginer de nouveaux points de vue.
C'est comme dans notre vie : nous choisissons notre observatoire comme nous choisissons notre destinée.
Alors, pourquoi ne pas de temps en temps aller chercher un autre point de vue, une autre façon de regarder et d'imaginer les choses, en cherchant refuge dans ce pavillon du parc, pas trop loin du manoir, dans lequel nous invite Milan Kundera ?
Une jolie métaphore cette histoire de pavillon et de manoir. Et aussi de quoi nous donner envie de lire des romans, pour goûter la liberté, et rêver d'autres observatoires possibles.
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