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Planète numéro cinq

PlaneteDans mon été Kundera, je ne pouvais manquer " L'insoutenable légèreté de l'être", le livre préféré de Manuel Valls 

On y retrouve l'invasion russe en 1968, la vue sous domination soviétique ( où un chirurgien devient laveur de vitres ou chauffeur de camion, un ancien professeur de théologie devient comptable dans un bistrot, et un ambassadeur s'occupe de la réception), une construction complexe d'histoires qui s'enchevêtrent; et puis cette page qui nous emmène rêver dans la "planète numéro cinq"... :

" Supposons qu'il y ait dans l'univers une planète où l'on viendrait au monde une deuxième fois. En même temps, on se souviendrait parfaitement de la vie passée sur la Terre, de toute l'expérience acquise ici-bas.

Et il existe peut-être une autre planète où chacun verrait le jour une troisième fois avec l'expérience de deux vies déjà vécues.

Et peut-être y a-t-il encore d'autres et d'autres planètes où l'espèce humaine va renaître en s'élevant chaque fois d'un degré (d'une vie) sur l'échelle de la maturité.

C'est l'idée que tomas se fait de l'éternel retour. Nous autres sur la Terre (sur la planète numéro un, sur la planète de l'inexpérience), nous  ne pouvons évidemment nous faire qu'une idée très vague de ce qu'il adviendrait de l'homme sur les autres planètes. Serait-il plus sage? La maturité est-elle seulement à sa portée? Peut-il y accéder par la répétition?

Ce n'est que dans la perspective de cette utopie que les notions de pessimisme et d'optimisme ont un sens : l'optimiste, c'est celui qui se figure que l'histoire humaine sera moins sanglante sur la planète numéro cinq. Le pessimiste, c'est celui qui ne le croit pas."

Que pensons-nous qu'il y a dans notre planète numéro cinq ? ....


Le pavillon du parc

Pavillon" Ne pouvoir vivre qu'une vie, c'est comme ne pas vivre du tout."

Milan Kundera - " L'insoutenable légèreté de l'être" - 1984 (p.18)

Pour Kundera, le roman a le grand avantage sur la vie d'être beaucoup plus libre :

" Si l'homme ne peut nullement sortir de sa vie, le roman est beaucoup plus libre." ("La vie est ailleurs" - 1973).

La sixième partie de "La vie est ailleurs" est l'occasion de le démontrer, en faisant intervenir un nouveau personnage, appelé "le quadragénaire" (on ne saura pas son nom), qui vient tout chambouler le récit des chapitres précédents, en apportant de nouvelles perspectives. Ce que l'on croyait vrai se révèle faux, et tout prend une autre couleur...Chapeau !

Milan Kundera utilise pour le faire intervenir une image originale, sous la forme d'un pavillon...comme il l'explique directement : 

" Construisons cette partie du roman de façon qu'elle soit par rapport au reste du récit ce qu'est le pavillon du parc par rapport au manoir : 

Le pavillon est éloigné de quelques dizaines de mètres, c'est une construction indépendante, dont le manoir peut se passer; mais la fenêtre du pavillon est ouverte, de sorte que les voix des habitants du manoir se laissent toujours facilement entendre."

Par ce procédé, il nous permet de changer l'observatoire à partir duquel nous regardons, pour imaginer de nouveaux points de vue.

C'est comme dans notre vie : nous choisissons notre observatoire comme nous choisissons notre destinée.

Alors, pourquoi ne pas de temps en temps aller chercher un autre point de vue, une autre façon de regarder et d'imaginer les choses, en cherchant refuge dans ce pavillon du parc, pas trop loin du manoir, dans lequel nous invite Milan Kundera ?

Une jolie métaphore cette histoire de pavillon et de manoir. Et aussi de quoi nous donner envie de lire des romans, pour goûter la liberté, et rêver d'autres observatoires possibles.


Cette réalité-là, c'était le rêve...

JouissezKundera, en 1973, obtient le prix Médicis Etranger avec ce roman : " La vie est ailleurs". 

On est toujours en Tchécoslovaquie, et toujours autour de la Révolution de 1948. Et toujours avec le communisme en action sous nos yeux.

Et encore ce regard critique, cynique, sur cette révolution, et comment elle a instrumentalisé la poésie. Le héros de ce roman est justement un "poète", qui se laisse convaincre par le communisme, car ...la vie est ailleurs; il suffit d'y croire. A Prague en 1948, comme en Mai 68 à Paris, comme Rimbaud à la Commune de Paris...Et la description de Kundera apporte cette distance qui nous fait douter...de ces nouveaux maîtres du monde.

" La vie est ailleurs, avaient écrit les étudiants sur les murs de la Sorbonne. Oui, il le sait bien, c'est justement pourquoi il quitte Londres pour l'Irlande où le peuple s'est révolté. Il s'appelle Percy Bysshe Shelley, il a vingt ans, il est poète et il emporte avec lui des centaines de tracts et de proclamations qui doivent lui servir de sauf-conduits pour entrer dans la vie réelle. Parce que la vie réelle est ailleurs. Les étudiants arrachent les pavés de la chaussée, renversent des voitures, construisent des barricades; leur irruption dans le monde est belle et bruyante , éclairée par les flammes et saluée par les explosions de grenades lacrymogènes. Combien plus douloureux fut le sort de Rimbaud qui rêvait aux barricades de la Commune de Paris et qui ne put jamais y aller depuis Charleville. Mais en 1968, des milliers de Rimbaud ont leurs propres barricades derrière lesquelles ils se dressent et refusent tout compromis avec les anciens maîtres du monde. L'émancipation de l'homme sera totale ou ne sera pas.

Mais à un kilomètre de là, sur l'autre rive de la Seine, les anciens maîtres du monde continuent de vivre leur vie et le vacarme du Quartier Latin leur parvient comme une chose lointaine. Le rêve est réalité, écrivaient les étudiants sur le mur, mais il semble que ce soit plutôt le contraire qui est vrai : cette réalité-là (les barricades, les arbres coupés, les drapeaux rouges), c'était le rêve."

Et ce regard sur la "jeunesse" :

" La révolution et la jeunesse forment un couple. Qu'est-ce que la révolution peut promettre à des adultes? Aux uns la disgrâce, aux autres ses faveurs. Mais ces faveurs-là ne valent pas grand chose, car elles ne concernent que la moitié la plus misérable de la vie et elles apportent, avec les avantages, l'incertitude, une épuisante activité et le bouleversement des habitudes.

La jeunesse a plus de chance : elle n'est pas accablée par la faute, et la révolution peut l'admettre toute entière sous sa protection. L'incertitude des époques révolutionnaires est pour la jeunesse un avantage, car c'est le monde des pères qui est précipité dans l'incertitude. Oh ! Comme il est beau d'entrer dans l'âge adulte quand les remparts du monde adulte s'écroulent ! ".

Cette incertitude des époques révolutionnaires, comment en tire-t-on avantage aujourd'hui, pendant que les remparts du monde adulte s'écroulent, et que le bouleversement des habitudes s'accompagne d'une épuisante activité ? Toute époque est révolutionnaire finalement...Et se nourrit de ce besoin d'un rêve que l'on croit réalité.

Avec des mots et des histoires simples, Kundera en dit plus qu'il n'en a l' air.


L'important et l'insignifiant : histoire de merle

Merle" Au cours des deux cents dernières années, le merle a abandonné les forêts pour devenir un oiseau des villes. D'abord en Grande-Bretagne, dès la fin du XVIIIe siècle, quelques dizaines d'années plus tard à Paris et dans la Ruhr. Tout au long du XIXe siècle, il a conquis l'un après l'autre les villes d'Europe. Il s'est installé à Vienne et à Prague aux environs de 1900, puis a progressé vers l'est, gagnant Budapest, Belgrade, Istanbul.

Au regard de la planète, cette invasion du merle dans le monde de l'homme est incontestablement plus importante que l'invasion de l'Amérique du Sud par les Espagnols ou que le retour des juifs en Palestine. La modification des rapports entre les différentes espèces de la création (poissons, oiseaux, hommes, végétaux) est une modification d'un ordre plus élevé que les changements dans les relations entre les différents groupes d'une même espèce. Que la Bohème soit habitée par les Celtes ou par les Slaves, la Bessarabie conquise par les Roumains ou par les Russes, la Terre s'en moque. Mais que le merle ait trahi la nature pour suivre l'homme dans son univers artificiel et contre nature, voilà qui change quelque chose à l'organisation de la planète.

Pourtant personne n'ose interpréter les deux derniers siècles comme l'histoire de l'invasion des villes de l'homme par le merle. Nous sommes tous prisonniers d'une conception figée de ce qui est important et de ce qui ne l'est pas, nous fixons sur l'important des regards anxieux, pendant qu'en cachette, dans notre dos, l'insignifiant mène sa guérilla qui finira par changer subrepticement le monde et va nous sauter dessus par surprise".

Milan Kundera - Le livre du rire et de l'oubli (1978, 1985).

Et pour nous, quel est l'important? Quel est l'insignifiant? Et quel insignifiant pourrait-t-il bien nous sauter dessus par surprise? Une bonne raison d'explorer les signaux faibles avant qu'ils grossissent, comme la leçon de Lawrence d'Arabie; et de développer notre art de la longue vue.

Un bon exercice pour prendre du recul dans ces dernières semaines d'août...

Même en lisant les romans de Milan Kundera...


Le tank est périssable et la poire est éternelle...

PoiresLe 21 août 1968, des troupes blindées, 300.000 hommes, envahissent la Tchécoslovaquie sur décision de Léonid Brejnev, pour " sauver le socialisme". C'est un choc pour tous les habitants de Prague, face à ces chars.

Milan Kundera évoque cet épisode dans "le livre du rire et de l'oubli" à propos de la mère d'un des personnages :

" On était au mois d'août et les poires étaient mûres dans leur jardin. Une semaine plus tôt, maman avait invité le pharmacien à venir les cueillir. Mais le pharmacien n'était pas venu et ne s'était même pas excusé. Maman ne pouvait pas le lui pardonner, ce qui mettait hors d'eux Karel et Markéta (son fils et sa bru). Ils lui faisaient des reproches: tout le monde pense aux tanks, et toi tu penses aux poires. Puis il avaient déménagés, avec le souvenir de sa mesquinerie.

Seulement les chars sont-ils vraiment plus importants que les poires? A mesure que le temps passait, Karel comprenait que la réponse à cette question n'était pas aussi évidente qu'il avait toujours pensé, et il commençait à éprouver une secrète sympathie pour la perspective de maman, où il y avait une grosse poire au premier plan et quelque part, loin en arrière, un char pas plus gros qu'une bête à bon dieu qui va s'envoler d'une seconde à l'autre et se cacher aux regards. Ah oui ! c'est en réalité maman qui a raison : le tank est périssable et la poire est éternelle."

Cette opposition entre l'Histoire en marche (avec un grand H) et la futilité de la vie quotidienne, peut-être pas si futile, on la retrouve souvent dans notre quotidien, dans les informations qui nous inondent chaque jour. Car la disparition des poires aurait peut-être plus de conséquences que l'apparition ou la disparition des tanks dans la ville. 

Ils sont de plus en plus nombreux, ceux qui, comme la maman du roman de Kundera, s'intéressent plus aux poires du jardin que l'on n'a pas cueillies plutôt qu'à l'Histoire. Et que dire de la hiérarchisation des informations dont nous sommes inondés au "20 heures"; les poires du jardin y ont, là aussi, une place de choix...

Et de quoi parlons-nous dans nos conversations?

Comment choisissons-nous les sujets qui nous intéressent ? Les périssables et les éternels.


Toque

GottwaldC'est l'été de ma lecture de Kundera; La supercherie du stalinisme mise à nue, toujours en toile de fond de ces romans.

Après "La plaisanterie", j'en suis à " Le livre du rire et de l'oubli" (1978, 1985), écrit dix ans après son roman précédent, " La valse aux adieux". Cela se passe encore en Tchécoslovaquie, en Bohème et à Prague.

Cela commence par une anecdote...fatidique.

" En février 1948, le dirigeant communiste Klement Gottwald se mit au balcon d'un palais baroque de Prague pour haranguer les centaines de milliers de citoyens massés sur la place de la Vieille Ville. Ce fut un grand tournant dans l'histoire de la Bohème. Un moment fatidique.

Gottwald était flanqué de ses camarades, et à côté de lui, tout près, se tenait Clementis. Il neigeait, il faisait froid, et Gottwald était nu-tête. Clementis, plein de sollicitude, a enlevé sa toque de fourrure et l'a posée sur la tête de Gottwald.

La section de propagande a reproduit à des centaines de milliers d'exemplaires la photographie du balcon d'où Gottwald, coiffé d'une toque de fourrure et entouré de ses camarades, parle au peuple.C'est sur ce balcon qu'a commencé l'histoire de la Bohème communiste. Tous les enfants connaissent cette photographie pour l'avoir vue sur les affiches, dans les manuels ou dans les musées.

Quatre ans plus tard, Clementis fut accusé de trahison et pendu. La section de propagande le fit immédiatement disparaître de l'Histoire et, bien entendu, de toutes les photographies. Depuis, Gottwald est seul sur le balcon. Là où il y avait Clementis, il n'y a plus que le mur vide du palais. De Clementis, il n'est resté que la toque de fourrure sur la tête de Gottwald".

La photographie, outil de dissimulation de la mémoire et d'influence.


Un secret

Plaisanterie"La plaisanterie" de Milan Kundera  : un roman écrit puis retouché et ré-écrit..

J'y trouve ce passage, sur le sens de ce qui nous arrive; comme un déchiffrement de la vie...

" Les histoires personnelles, outre qu'elles se passent, disent-elles aussi quelque chose?

Malgré tout mon scepticisme, il m'est resté un peu de superstition irrationnelle, telle cette curieuse conviction que tout événement qui m'advient comporte en plus un sens, qu'il signifie quelque chose; que par sa propre aventure la vie nous parle, nous révèle graduellement un secret, qu'elle offre comme un rébus à déchiffrer, que les histoires que nous vivons forment en même temps une mythologie de notre vie et que cette mythologie détient la clé de la vérité et du mystère.

Est-ce une illusion? C'est possible, c'est même vraisemblable, mais je ne peux réprimer ce besoin de continuellement déchiffrer ma propre vie".

Milan Kundera - " La plaisanterie" - 1967, 1985.


La banque : c'est bientôt la fin?

BanqueEn France, selon la Fédération française bancaire, la banque, c'est 370.000 salariés, dont 70% c'est à dire 260.000, travaillent dans ce que l'on appelle le réseau, les agences. Et sur ces 260.000, plus de la moitié (52%) sont des commerciaux (pour le client on les appelle des "conseillers"). Ces 135.200 conseillers sont ceux qui ont pour job de nous convaincre d'acheter les produits bancaires. Le but c'est de faire avaler au client le maximum de "produits"; c'est une forme de "conseil" un peu particulier...Et la vie quotidienne du conseiller n'est pas toujours très drôle (voir ICI un témoignage). Que savent-ils vraiment conseiller? 

 Philippe Herlin, dans son ouvrage " La fin des banques", d'où je tire ces chiffres, trouve que ça fait beaucoup de monde; d'autant que les métiers de management et de support (marketing, ressources humaines, juridique, comptabilité) représentent encore 21% des effectifs, et le traitement des opérations (informatique, traitement des opérations bancaires) 27% des effectifs, soit 70.000 personnes.

Ces réseaux vont-ils durer encore longtemps? Philippe Herlin fait la prévision de la fermeture de la dernière agence bancaire pour...2025.

Juste pour comparer, Paypal, avec 200 millions de comptes, n'emploie que 13.000 salariés. Paypal n'a pas ces "conseillers" ni agences; et pour les opérations, même si ils ne traitent pas les chèques ni le cash, sont loin d'avoir les 70.000 personnes pour traiter les opérations. 

Aujourd'hui, les consommateurs entrent en contact avec leur banque via le numérique (et surtout le mobile) dans 86% des cas. C'est pourquoi les acteurs de l'internet vont être de plus en plus en première ligne pour la relation client ( Orange avec Orange Money, et plus, Apple, Amazon, Paypal,...). De quoi mettre la banque de côté. La réponse de ces banques consistant à créer des banques en ligne n'est pas une vraie réponse, car le modèle ne change pas vraiment : les commerçants continuent à payer des frais de l'ordre de 2 à 3% sur les achats par carte bancaire. Alors que les acteurs du web proposent des modèles où les frais sont dix fois moins chers. Et pas besoin de "conseillers" si les produits sont compétitifs et convaincants.

Les banques, dans leur déni (il y en a cinq), imaginent que l'on va faire de l' "omnicanal", où le client fera des allez-retour entre le web et ce "conseiller" au sourire tellement sympa,...Mais pour quel "conseil" que l'on ne trouvera pas ailleurs? Qui vient dans les agences?

C'est la même histoire que les hôtels, les taxis, AirBnb,Über, etc...

Une étape décisive sera la montée en puissance du paiement par mobile et smartphone, et donc la disparition de la carte bancaire, précisément l'outil qui a permis aux banques, avec les frais qu'elles prélèvent sur les commerçants, de s'approprier pas mal de revenus. Philippe Herlin estime que ces cartes bancaires rapportent 2,7 milliards d'euros aux banques (alors que les chèques, eux, coûtent 2,4 milliards d'euros). Pour le commerçant, c'est jusqu'à 3 à 5% de son chiffre d'affaires (commission sur la transaction, location du lecteur de carte, ligne téléphonique dédiée, commission interbancaire lorsque la banque du client est différente de celle du client, intégration à un logiciel de facturation de comptabilité, etc...).

Avec les nouvelles technologies et les nouveaux acteurs, c'est précisément ces cartes bancaires en plastique, gérées par les banques traditionnelles, qui sont menacées. Et l'on voit bien le danger : les cartes bancaires une fois désintermédiées, et donc les profits qui vont avec, il restera aux banques le traitement des chèques et la fourniture d'argent liquide dans les distributeurs, deux postes qui coûtent et ne rapportent rien aux banques. Il y a 56.000 distributeurs de billets en France, qui coûtent aux banques 2,6 milliards d'euros aux banques tous les ans.

C'est pourquoi on peut penser, comme Philippe Herlin, que les banques seront la sidérurgie de la prochaine décennie. Avec du souci pour les 135.000 "conseillers" qui, pour le moment, servent à faire des blagounettes sur le service client dans les publicités des banques.

Quand assisterons-nous à leur réveil? 135.000 personnes qui se réveillent en même temps; ça promet de belles batailles de polochons !


Les cinq piliers de Jeremy

InternetAlors, pour Jeremy Rifkin, la troisième révolution industrielle, c'est cinq piliers, qui doivent être lancés simultanément. Et il en a fait la structure des "plans stratégiques" qu'il a vendus à la ville de Rome, mais aussi au Prince Albert de Monaco, ou à la Région Nord-Pas-de-Calais (bientôt fondue avec la Picardie...). Un bon business avec pas mal de bla-bla.

Le point de départ, c'est simple: le prix du pétrole à 150 dollars n'est pas près de baisser (il est aujourd'hui en 2015 à moins de 50 dollars...); nous devons consommer de plus en plus d'énergies renouvelables (c'est inéluctable, mais bon ça avance doucement quand même; même l'Allemagne est plutôt charbon que solaire comme révélé ICI seulement 3,3% de l'énergie consommée en Allemagne vient du soleil ou du vent), et internet est partout. Bon, tout ça reste à confirmer...

Alors les cinq piliers :

1. Le passage aux énergies renouvelables (juste pour situer, aujourd'hui, si j'en crois la note de Bill Gates ICI, les énergies renouvelables ne représentent que moins de 5% du mix énergétique dans le monde; y a encore du chemin; mais Bill a l'air optimiste, comme Jeremy..);

2. La transformation du parc immobilier de tous les continents en ensembles de microcentrales énergétiques qui collectent sur site des énergies renouvelables; C'est déjà la réalité dans les projets de Bouygues Construction ICI; Ah oui, "tous les continents" ! 

3. Le déploiement de la technologie de l'hydrogène et d'autres techniques de stockage dans chaque immeuble et l'ensemble de l'infrastructure, pour stocker les énergies intermittentes. En effet, si il n'y a plus de soleil ou de vent, on fait comment? Jeremy a pensé a tout. J'aime bien le passage où il nous explique que c'est lui qui a convaincu Angela (Oui, la vraie Angela Merkel !) de faire de la Recherche sur le sujet dès 2006 (il aime bien le name dropping Jeremy);

4. L'utilisation de la technologie d'internet pour transformer le réseau électrique de tous les continents en inter-réseau de partage de l'énergie fonctionnant exactement comme internet (quand des millions d'immeubles produisent localement, sur site, une petite quantité d'énergie, ils peuvent vendre leurs excédents au réseau et partager de l'électricité avec leurs voisins continentaux); Là encore, il y a du chemin; j'aime bien le "tous les continents"...Il voit BIG Jeremy.

5. Le changement des moyens de transport par passage aux véhicules électriques branchables ou à pile à combustible, capables d'acheter et de vendre de l'électricité sur un réseau électrique interactif continental intelligent.

Pour cela il va falloir changer les modèles de management et de gouvernance; on va passer de la structure centralisée et hiérarchique à la structure collaborative, en partage, ce qu'il appelle le "pouvoir latéral". 

Un bon point , c'est que Jeremy estime que l'Europe est en avance. Même si je lis aujourd'hui dans Les Echos que " L'Europe n'est plus le fer de lance du combat", suite aux annonces de Barack Obama.

On retrouve le discours d'Isabelle Kocher sur son "Egosystème"...et l'écosystème. 

Le discours se diffuse, finalement. C'en est presque suspect, non ?


Convergence

TRIC'était en 2011...

Cette convergence, est-ce que l'on y arrive?

" Les grandes transformations économiques de l'histoire se produisent quand une nouvelle technologie des communications converge avec un nouveau système énergétique. Les nouvelles formes de communication donnent moyen d'organiser et de gérer les civilisations plus complexes que rendent possibles les nouvelles sources d'énergie. (...).

Nous sommes aujourd'hui à la veille d'une nouvelle convergence entre technologie des communications et régime énergétique. La jonction de de la communication par internet et des énergies renouvelables engendre une troisième révolution industrielle (TRI). Au XXIe siècle, des centaines de millions d'êtres humains vont produire leur propre énergie verte dans leurs maisons, leurs bureaux et leurs usines, et la partager entre eux sur des réseaux intelligents d'électricité distribuée - sur l'inter-réseau - exactement comme ils créent aujourd'hui leurs propres informations et la partagent sur internet".

Jeremy Rifkin ( La troisième révolution industrielle, 2011, 2012)