Servant Leader : toujours moderne
27 juin 2015
Quand on parle agilité, flexibilité, inventivité, aujourd'hui, ceux qu'on appelle les "Grands Groupes" n'ont pas la côte. Alors, imaginez les "grands groupes public", avec de l'Etat dedans, c'est la catastrophe.
Dans ces groupes, on est souvent habitués à jauger l'importance des Directions à deux mots clés : le pouvoir et l'autorité. Et pour cela, pour exister il faut avoir le maximum d'effectifs sous ses ordres. Je suis puissant quand je dirige un tas de collaborateurs, regroupés par services ou Départements. Et je dirige tout ça avec une autorité naturelle : je commande, je contrôle, et ils exécutent.
Pourtant ce modèle, on le sait, même dans les grands groupes, et même dans les entreprises publiques, n'est plus très à la mode. Alors, il faut apprendre à adopter de nouveaux comportements et de nouvelles formes d'organisation et de management.
C'était le thème d'un séminaire que j'organisais la semaine dernière avec les managers d'une Direction importante d'un tel type de Groupe. Pour bien travailler sur les nouveaux comportements, on avait choisis deux mots "nouveaux" : Négociation et Influence.
Influence, c'est une forme d'intervention qui ne fait pas appel à l'autorité absolue mais des formes de manipulation, de négociation.
Et pour un manager, c'est adopter de nouveaux comportements où l'on se met au service des autres (ses collaborateurs, ses partenaires, ses fournisseurs, ses clients), en partageant un objectif commun, et en débattant sur les moyens.
J'ai à cette occasion ressorti ce concept de "Servant Leader". Il a été formalisé dans les années 70 par Robert K. Greenleaf. C'est un ouvrage de management qui a traversé le temps, et survécu à son auteur (décédé en 1990), et qui est aujourd'hui porté par par le "Greenleaf Center for Servant-Leadership", à Indianapolis. Le genre de vie pour un livre de management qui n'est pas très fréquent.
Ce "servant leadership", c'est le leadership au service des autres. Celui qui nous fait lâcher sur le style d'affrontement permanent entre ceux qui gagnent et ceux qui perdent. Comme quoi ce type de réflexion existait avant que l'on ne parle tant aujourd’hui de "l'entreprise libérée".
Pour approcher le comportement d'un "servant leader", Robert K. Greenleaf a formalisé les dix qualités essentielles. Il est intéressant de se les remémorer et de s'auto-évaluer pour mesurer si on les pratique dans nos comportements de leadership et de management.
Ces dix qualités, ce sont :
- Ecoute: (Ecouter activement, regarder, observer..)
- Empathie (Etre avec, comprendre…)
- Soulager (Aider les autres à soigner leurs maux; les accompagner dans la résolution de leurs problèmes…)
- Conscience (Avoir pleine conscience des situations, et dans un premier temps de lui-même…)
- Persuasion (Convaincre plutôt qu’imposer en travaillant sur la confiance, l’honnêteté, connaissance plutôt que sur le pouvoir, la force, la hiérarchie…)
- Conceptualisation (envisager un meilleur futur, encourager les autres, communiquer, inspirer…)
- Prévoyance (Avoir la capacité de prévoir ce qui ressort d’une situation (connaissance, expérience, faire des patterns). Comprendre les leçons du passé; bien analyser le présent
- Soutien (Etre là; Juste être là quand il le faut…)
- Développement des autres (faire grandir les personnes et s’engager dans l’évolution des personnes)
- Création d’une communauté (Initier les communautés de pratiques par exemple…)
Plus facile à lister qu'à incarner au quotidien.
Mes managers en séminaire ressentaient que le dégrisement des anciens comportements allaient peut-être leur prendre un peu de temps.
Mais n'est-ce pas très moderne de reprendre ces concepts des années 70, qui restent tellement d’actualité pour faire bouger , encore aujourd'hui, nos grands groupes, et pas que publics. Et peut-être même que les plus petites structures et les entrepreneurs peuvent s'y intéresser. Il n'y a pas d'âge pour passer de l'autorité à l'influence, et du pouvoir à la négociation.....
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