"Mieux se connaître" ça sert à quoi ?
28 mars 2015
Se connaître soi-même, mieux communiquer avec les autres, avec mes collègues, les clients, mes managers : voilà un bon sujet de progression personnelle et de formation. Car qui ne sent pas que ces talents et qualités sont importantes pour sa progression personnelle et professionnelle.
C'est pourquoi chacun à titre individuel y aspire. Sans trop toujours bien savoir ce que veut dire "mieux se connaître".
Mais la connaissance de Soi de ses collaborateurs est aussi un objectif collectif pour la performance de l'entreprise;
Ah bon ?
C'est Vincent Lenhardt, dont j'avais parlé ICI, qui a modélisé l'identité comme le résultat de l'interaction entre quatre zones. Ces quatre zones peuvent être mal développées, et c'est là que les problèmes avec l'identité se situent.
Si l'identité d'une personne n'est pas suffisamment assurée, par manque de connaissance, il se produit un manque de sécurité de la personne qui ne retrouvera ni dans le regard des autres, ni dans son propre regard, ni dans son statut, ni dans ses référents internes, des ressources suffisantes pour se sentir sécurisée, en paix avec elle-même. Elle va alors avoir tendance à trouver à l'extérieur une compensation par rapport à son manque identitaire. Cette compensation est notamment trouvée dans le pouvoir.
Le pouvoir devient alors un enjeu de survie, et va parasiter toute la vie opérationnelle de l'entreprise.
Imaginons une réunion, avec un ordre du jour opérationnel. Une personne déficiente en identité va utiliser la réunion à autre chose : asseoir son pouvoir. D'où les jeux plus ou moins conscients, une guerre des territoires, les tentatives pour tirer les objectifs et les choix de l'entreprise au profit de ses objectifs personnels. Ces personnes vont utiliser tout ce qui vient de l'environnement pour renforcer leur pouvoir.
Permettre à ses collaborateurs de se connaître soi-même, en consacrant du temps à leur développement personnel, c'est permettre de réduire ces jeux de pouvoir, qui, dans certaines entreprises constituent un véritable danger mortel.
Trouver son identité, sa colonne vertébrale du sens, c'est savoir distinguer l'important de l'essentiel.
L'important, dans le domaine de l'entreprise, c'est l'identité organisationnelle (l'entreprise à laquelle j'appartiens), l'identité managériale (ma fonction, mon statut, mon salaire, mon pouvoir), l'identité professionnelle (mon métier, mon expertise, mes compétences).
L'essentiel, c'est le domaine de l'identité psychologique (développement personnel, structuration de la personne), L'identité existentielle (la finalité de ma vie personnelle et professionnelle, mais aussi l'identité spirituelle (pour quoi?) et l'identité confessionnelle ( le "ce que je crois" spécifique à cause personne.
L''essentiel c'est ce qui est le plus visible dans les comportements. Et ce qui induit ces comportements est du domaine de l'invisible et du secret (la structure profonde de la personne, ses origines, ses croyances sur la vie, le management, le monde du travail).
L'entreprise et ses dirigeants travaillent avec leurs collaborateurs sans pouvoir leur parler de leur vie privée, leur structure psychologique, même si ces domaines régissent fortement leurs comportements et attitudes. Pour ce qui concerne les choix spirituels ou existentiels, il est même interdit d'en parler, selon, une vision laïque de l'entreprise.
C'est donc à chacun d'investir et de développer ses questions. Mais l'entreprise et ses dirigeants sont aussi garants, au-delà de la finalité économique, du développement des valeurs et des personnes, dont elle est dépendante.
C'est pourquoi le processus éducatif qui doit se mettre en place dans l'entreprise, par le dirigeant et ses alliés (coachs, éducateurs), vise à permettre aux collaborateurs d'accéder à la vision des étoiles dont ils sont porteurs.
Rappelons-nous ce proverbe oriental : " Quand le sage montre du doigt la lune, l'ignorant regarde le doigt".
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