Y en n'a pas marre de l'innovation ?
15 février 2015
L'innovation, ça marche fort en ce moment. Jonathan Salem Baskin désigne dans Forbes l'année 2014 comme "l'année de l'innovation". . Il cite des références américaines, mais on pourrait trouver les mêmes en Europe : on ne compte plus les "prix de l"innovation", même à Paris, les concours d'innovation. Et aussi les palmarès dans les médias : l'entreprise la plus innovante, les produits les plus innovants, n'en jetez-plus.
Et dans les entreprises, les Villes, on nomme des "Directeurs de l'Innovation". Et on pourrait passer chaque jour dans une nouvelle "conférence de l'innovation".
Le hic, dont parle Jonathan Salem Baskin, c'est que le public ne suit pas. Les vrais clients, ceux qui achètent, ou pas, les services et les produits, disent que ce qu'on leur présente comme des innovations sont des trucs qui ne servent à rien, et qu'ils ne veulent pas acheter.
Pour que l'innovation soit réelle, il faudrait peut-être finalement arrêter de parler d'innovation (un conseil pour 2015), et revenir au "Pourquoi ?" - l'amélioration de la vie du client - et du "Comment ?" - Comment le produit ou le service améliore ma vie - plutôt que de mettre en avant uniquement des technologies.
Car si l'innovation consiste à aller répondre à de nouveaux marchés et clients (ceux qui ne sont pas clients aujourd'hui), il faut apprendre à éviter les "pièges de l'océan rouge". C'est le sujet de l'article de W. Chan Kim et Renée Mauborgne dans HBR de mars. Ce sont les auteurs de ce best seller "Océan Bleu" il y a 10 ans environ, et qui publient une nouvelle mise à jour en 2015, "Expanded Edition", avec de nouveaux cas.
L'océan rouge, c'est celui de la compétition pour se bagarrer pour conquérir les clients (c'est l'océan rouge parce que cette guerre entre compétiteurs laisse du sang dans l'eau de la mer; c'est l'eau du bord. L'océan bleu, c'est l'océan des nouveaux marchés, au large, où l'eau est toute bleue, et les compétiteurs inexistants. C'est là où les auteurs veulent nous apprendre à aller nager, forcément.
Parmi les pièges de l'océan rouge (l'article de HBR en cite six), il y a justement ce risque de confondre l'innovation technologique avec une vraie stratégie de création de nouveau marché. Les produits et services qui trouvent ces nouveaux marchés ne sont pas nécessairement ceux qui sont les plus sophistiqués en technologies, mais ceux qui sont simples à utiliser, qui sont les plus "fun", et qui sont les plus productifs pour le client, qui en tombe amoureux.
Exemple de produit super techno qui n'a pas réussi cette équation : le Segway. Super système de transport, excellente technologie. Mais plutôt cher, et qui pose des questions : Comment je vais le transporter? Comment et où je vais le garer? Les ventes ont été décevantes, et l'entreprise vendue en 2009.
Inversement, si ÜBER marche bien, ce n'est pas uniquement grâce à la technologie de l'application, mais d'abord parce que le service est simple, et répond à un problème.
Encore une démonstration que le succès ou l'échec d'un business est rarement déterminé par la qualité de la technologie.
Alors, messieurs et mesdames les innovateurs, pour 2015, promis : vous nous nous parlez moins de Techno et d' "innovation" ? Et un peu plus de fun, de simple, de ce qui va rendre la vie encore meilleure?
Et alors vous aurez mon amour.
L'innovation ou l'amour : On ne veut pas choisir !
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