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Turgotines et VTC : toujours la même histoire

8_TurgotineEn 1774, le jeune Roi Louis XVI ( 20 ans) nomme contrôleur général des Finances ( équivalent du ministre des Finances), Turgot. 

Turgot, c'est celui qui a un plan en tête, et une doctrine : le libéralisme. Il veut libéraliser le commerce et les échanges, développer la concurrence, pour développer la prospérité économique.

En 1775, il s'attaque aux transports publics. 

A cette époque, les transports publics sont assurés par un système d'affermage, par des concessions particulières. Ce système de monopoles conduit à une incoordination entre les horaires, entre les tarifs, et lenteur dans les trajets, car le service est assuré par des voitures lourdes, démodées. Mais par contre il apporte des avantages et privilèges acquis à ceux qui exploitent ces services.

Pour améliorer cette situation, on peut penser à l'instauration d'une ferme générale qui administrerait l'ensemble ( genre on nationalise); c'est pas le genre de Turgot. On peut imaginer un système complètement libre, avec de la concurrence. Là, Turgot hésite car, comme le signale Edgar Faure dans l'ouvrage de référence qu'il a consacré à l'expérience ministèrielle de Turgot ( " la disgrâce de Turgot"), l'époque n'ayant jamais vu fonctionner le commerce libre, exagérait la crainte de la concurrence. Et il aurait fallu attendre un peu que se constitue un véritable réseau d'entreprises privées.

Alors Turgot imagine, comme une formule transitoire, un système de régie, avec à la clé les rationalisations nécessaires. A la place des multitudes de contrats qui existaient on instaure une formule simple et unique. On substitue aux vieilles voitures des voitures plus légères, plus rapides, plus confortables ( sur ressorts, qui rend le voyage plus confortable que les vieilles diligences). Ce sont ces voitures qui seront baptisées par le public les "turgotines".

Autre innovation, ces voitures seront tirées par des chevaux de poste : c'est le système de la Poste qui prend l'engagement de la régularité : les maîtres de poste sont astreints à " fournir les chevaux sans aucun retard et avec la célérité que le service exige". Les voitures doivent partir à heure fixe, désservir toutes les grandes routes; un vrai service moderne. Le service est meilleur, pour les exploitants, pour les clients...

C'est la création d'un véritable service de messagerie.

Tout est bon , non?

Et bien non, cette réforme est fortement combattue, et par qui, je vous le donne en mille : les transporteurs privés (que pourtant Turgot a prévu d'indemniser) , mais aussi tous les privilégiés qui gravitent autour du système. Edgar Faure cite ainsi le duc d'Aiguillon qui avait le privilège insolite de faire, à perpétuité, " rouler telle quantité de carosses, coches, cabriolets et calèches entre Paris et les lieux où seraient le roi, les enfants de France et ses conseils". Le genre de bon coup qu'on n'aime pas lâcher, c'est sûr...

Alors, ça crie de partout : on dit que vingt mille personnes vont se trouver ruinées; On reproche aussi à ce système de gêner la fréquentation des offices : les anciens entrepreneurs étaient tenus dans leurs contrats de procurer aux voyageurs la faculté d'entendre la messe...et la réforme des voitures vient perturber ce système..

Turgot ne se laisse pas trop impressionner par tout cela; le service se développe, et ses ennemis aussi ( c'est d'ailleurs la marque principale du ministère de turgot; il se met tout le monde à dos, d'où cette "disgrâce" qui interviendra en mai 1776, vingt mois aprés son arrivée au poste de contrôleur général.

Cette drôle d'histoire qui date de 1775, c'est la même que l'on retrouve aujourd'hui entre les taxis et les VTC...

Mais Turgot n'est plus là pour développer les "turgotines", et défendre la liberté contre les privilèges...

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