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Faut-il plus de données pour mieux manager ?

SemenceCes histoires de "Big Data" dont on nous parle en ce moment laissent une question sans réponse évidente : est-ce que le fait de pouvoir traiter et analyser des données de plus en plus nombreuses va nous permettre de meiux manager nos entreprises, nos équipes, et de de mieux satisfaire nos clients ?

Car jusqu'à maintenant, avant que l'on ne puisse faire des calculs sur un grand nombre de données, on s'est débrouillé.

Face à un problème, à une question, on est plutôt habitué à travailler à partir d'un échantillon de données, de questionnaires auprès d'une population réduite, mais bien choisie, pour faire les extrapolations qui vont donner les réponses.

Quand on cherche les tendances de vote pour les élections, on fait des sondages. Quand on veut vérifier la conformité d'un processus, d'une chaîne de production, on fait des tests sur échantillon. Et on maîtrise ainsi une marge d'erreur. Les statisticiens sont là pour nous fournir les bonnes métriques.

Si je veux connaître les comportements des utilisateurs de smartphones, j'envoie des enquêteurs pour en interroger, là encore, un échantillon. Et avec ça, je vais piloter le lancement de mes services, je vais faire des prévisions sur les consommations, le potentiel du marché.

Alors, le Big Data, ça va changer quoi ?

En fait, cela va tout changer. Et pour comprendre l'ampleur de la transformation, deux auteurs Viktor Mayer-Schönberger et Kenneth Cukler, sont les bienvenus avec leur ouvrage " Big Data, A revolution that will transform how we live, work and think". Un Must.

Car c'est vrai que nous nous sommes habitués à travailler avec peu de données pour résoudre nos problèmes. Prenez le recensement de la population : interroger toutes les personnes une par une, ça coûte cher; ce genre de campagne n'a plus lieu que tous les 3 ou 5 ans, parfois moins fréquemment. Le reste du temps, on estime, on extrapole.Et les modèles mathématiques des sondages nous enseignent que, à partir d'une taille d'échantillon donnée, si on ajoute le nombre de données, on apporte de moins en moins de précision. Et cette utilisation des échantillons, elle nous permet de manager pratiquement tous nos process dans nos entreprises..

Alors, ces marchands de Big Data, est-ce qu'ils ne seraient pas en train de nous balader et d'essayer de nous vendre des trucs inutiles, histoire de fourguer leurs programmes et gestionnaires de big big bases de données, que l'on moulinera comme des fous pour n'en tirer aucune décision vraiment différente de management?

 Ce serait un jugement un peu rapide. Viktor Mayer-Schönberger et Kenneth Cukler font remarquer que la technique des échantillonnages fait faire de grosses erreurs lorsque l'on cherche à analyser de plus en plus de sous-catégories au sein d'une population.Et, à l'heure où les comportements sont de moins en moins homogènes, où les sous-catégories, de plus en plus fines, de distinguent, cela devient un vrai problème. Cette "ménagère de moins de 50 ans" qui faisait le bonheur des publicitaires, elle disparaît; les comportements se différencient, d'autres critères de segmentation existent.

 En fait, certains métiers, et pas seulement les sondeurs, vont être bousculés par ce phénomène des Big Data : le fait que les données peuvent être collectées et traitées en grand nombre va aussi impacter les sciences sociales. Les experts vont perdre le monopole d'explication des phénomènes sociaux. Les analyses de big data à grande échelle vont se substituer aux consultations et enquêtes de ces "spécialistes" du passé.

On passe en fait d'un monde où l'on recherchait les causes des phénomènes et situations en allant chercher l'avis des experts en hypothèses, à un monde où les analyses de données vont mettre en évidence des liens et corrélations, où le jeu des données va construire des prévisions, sans revenir aux causes.

Pour Viktor Mayer-Schönberger et Kenneth Cukier, on aura toujours l'usage, bien sûr, des échantillons, mais ces usages vont diminuer au profit des analyses par les données en grands volumes.

L'usage nous dira si cette prédiction ( établie grâce aux big data?) se réalise....


Faut-il se mettre au "Big" ?

GrippeC'est devenu le nouveau mot pour faire du business, raconter des histoires, vendre des rêves de croissance et de nouveaux "business models".

Cela devrait faire trembler les firmes installées, et offrir des opportunités fantastiques à des nouveaux entrants plus malins, qui cherchent la rupture.

C'est le "Big Data". On parle même de "dataification" du monde.

 Le terme désigne tout simplement la collecte, l'exploration et l'analyse de grandes masses de données : des chiffres, bien sûr, mais aussi des textes, des images, des vidéos...et encore des gênes, des étoiles..;

Cela permet de rêver - ou de cauchemarder - à un paramètrage de nos existences et à une augmentation de nos capacités de prédiction dans tous les domaines : prévoir la localisation des individus, le traffic routier, les épidémies, les incendies.

Mais c'est aussi prévoir les comportements des consommateurs, les produits qui vont se vendre, et les autres, identifier les personnes les plus intéressantes pour les assureurs ( celles qui n'auront pas d'accidents, qui resteront en bonne santé, celles qu'on appelle "les bons profils"). 

De plus, avec l'amélioration des performances des systèmes, et la baisse des coûts de collecte et de traitement - les données sont la plupart du temps facile d'accés et gratuites - ces "Big data" ne sont pas réservées aux grosses boîtes ou aux agences d'espionnage; tout le monde, même la plus petite start-up, y a accès.  D'ailleurs les consultants et experts sont tous en train de persuader de nombreux acteurs de l'économie que leurs données, en grande masse, qui dorment chez eux, sont des pépites pour améliorer leurs diagnostics, leurs ciblages, leurs actions marketing. Tout y passe : la recherche thérapeuthique pour les industries pharmaceutiques, comme les publicités sur le web, l'estimation des primes d'assurances, mais aussi la prévention de la délinquance pour la police.

Les Etats ont bien compris le potentiel : les Etats-Unis ont annoncé un programme de recherche en 2012 "Recherche et développement big data", doté de 146 M€. En France la Commission Innovation 2030, avec Anne Lauvergeon, en a fait un des sept "défis d'avenir".

Deux questions restent apparemment encore incertaines : Comment va-t-on utiliser ces données? Et qui va les utiliser?

Comment utiliser ces données?

Trois propriétés des ces systèmes de Big data viennent perturber les informaticiens et les mathématiciens : le volume, la vitesse, et la diversité.

Le volume pose le problème de la capacité à faire des calculs sur des monstres de données, et aussi celui de la capacité à gérer une base de données géante. Google a pris de l'avance pour apporter les réponses, et populariser de nouvelles méthodes de développement comme Mapreduce, et Hadoop. Ces sujets de technologies et d'infrastructures sont, selon François Bourdoncle, CEO d'Exalead et copilote du plan Big Data en France, d'ore et déjà bien lancés.

Ce qui va contituer la prochaine vague, ce sont les solutions pour bien utiliser ces données. Et c'est là que l'on parle de vitesse et de diversité : La vitesse c'est ce qui permet de faire des mises à jour fréquentes des données comme les mots clés sur les pages web, ou les consultations des produits sur les sites marchands*; là encore, de nouvelles approches mathématiques sont nécessaires.

Quant à la diversité, cela concerne ce que l'on récolte sur un utilisateur : son nom, son âge, son adresse, la liste des sites web qu'il a visités, les commentaires qu'il a laissé, ses "like" sur facebook (il y en a trois millions par minute sur le réseau facebook), des photos, des vidéos,...Là encore les traitements sont plus compliqués. D'autant que ces données sont laissées sur des des smartphones, des tablesttes, des ordinateurs, et bientôt sur des objets connectés de toutes sortes. Impossible de rappatrier toutes les données en un seul endroit, - trop coûteux. On va alors développer des systèmes pour permettre aux "capteurs" de "bavarder entre eux pour diffuser des résultats partiels de voisin à voisin jusqu'au résultat final" ( comme indiqué dans un article du Monde de david Larousserie, paru fin janvier).

Autre problème : beaucoup de données , beaucoup de variables, de "connaissances" pour chaque individu, et qui changent tout le temps : de quoi perturber toutes les méthodes des sondeurs. C'est le phénomène du "fléau de la dimension".

Sur tous ces sujets, la Recherche est en cours. On ne sait pas encore tout. D'où cette nouvelle discipline porteuse de développement, qu'on appelle la "science des données". Des opportunités pour tous les informaticiens et mathématiciens.Ces talents deviennent de plus en plus précieux, sinon les entreprises qui possèdent toutes ces "big data" se trouveront perdues et ne sauront pas comment réellement les exploiter.

Qui va utiliser ces Big Data?

C'est un deuxième enjeu. 

Certains prédisent que l'accés aux données, de plus en plus facile et gratuitement, va permettre à de nouveaux acteurs de désintermédier en partie les acteurs historiques et de capter ainsi une partie de plus en plus importante de la valeur et des clients. Grâce à la connaissance de plus en plus fine de chaque client, il est possible de croiser les données personnelles des clients, Santé, habitation, habitudes,..et ainsi de proposer des produits d'assurance et d'assistance aux clients les "meilleurs", en laissant les personnes à problèmes aux compagnies classiques et historiques. De nouveaux acteurs pourront alors se glisser dans cette relation client, comme "front office". Avec comme conséquence le détournement des clients "bons profils". On peut alors imaginer le développement de ces plateformes "désintermédiées" dans de nombreux secteurs, y compris dans les services professionnels et le Consulting, comme Youmeo.

Ce phénomène ouvre des perspectives intéressantes et importantes. A chacun, grand Groupe, entreprise nouvelle, startup, de trouver les meilleures voies pour se lancer.

Mais certains sont aussi, déjà, en train de crier au loup, comme Pierre Bellanger, qui vient de publier "la souveraineté numérique". Pour lui, nous sommes en danger : nos données privées et personnelles sont mangées et exploitées gratuitement par les géants américains, qui créent de la valeur avec, et nous les revendent avec cette valeur. Pour lui, cela constitue un pillage inadmissible. Il faut créer une protection, des sortes de "droits d'auteur" sur les données privées et personnelles. Il faut, pour lui, se dépêcher de réguler de protéger la "propriété" des données; à commencer par rappatrier les serveurs en Europe, au lieu de les laisser aux Etats Unis.Pour lui, c'est simple, en laissant exporter nos données brutes, que nous réimportons sous forme de services, nous perdons le coeur de notre valeur ajoutée, le coeur de nos emplois, le coeur de nos services.

Bon alors, le Big : est-ce que ça va nous transformer, permettre aux entrepreneurs d'émerger, aux mathématiciens d'inventer, ou bien nous toucher au coeur?

Sûrement un peu de tout ça. Tout dépend de ce que nous en ferons.

Mais on ne peut pas s'en désintéresser : ouvrons un chantier "Que faire avec les Big Data?" dans toutes  nos entreprises.


Turgotines et VTC : toujours la même histoire

8_TurgotineEn 1774, le jeune Roi Louis XVI ( 20 ans) nomme contrôleur général des Finances ( équivalent du ministre des Finances), Turgot. 

Turgot, c'est celui qui a un plan en tête, et une doctrine : le libéralisme. Il veut libéraliser le commerce et les échanges, développer la concurrence, pour développer la prospérité économique.

En 1775, il s'attaque aux transports publics. 

A cette époque, les transports publics sont assurés par un système d'affermage, par des concessions particulières. Ce système de monopoles conduit à une incoordination entre les horaires, entre les tarifs, et lenteur dans les trajets, car le service est assuré par des voitures lourdes, démodées. Mais par contre il apporte des avantages et privilèges acquis à ceux qui exploitent ces services.

Pour améliorer cette situation, on peut penser à l'instauration d'une ferme générale qui administrerait l'ensemble ( genre on nationalise); c'est pas le genre de Turgot. On peut imaginer un système complètement libre, avec de la concurrence. Là, Turgot hésite car, comme le signale Edgar Faure dans l'ouvrage de référence qu'il a consacré à l'expérience ministèrielle de Turgot ( " la disgrâce de Turgot"), l'époque n'ayant jamais vu fonctionner le commerce libre, exagérait la crainte de la concurrence. Et il aurait fallu attendre un peu que se constitue un véritable réseau d'entreprises privées.

Alors Turgot imagine, comme une formule transitoire, un système de régie, avec à la clé les rationalisations nécessaires. A la place des multitudes de contrats qui existaient on instaure une formule simple et unique. On substitue aux vieilles voitures des voitures plus légères, plus rapides, plus confortables ( sur ressorts, qui rend le voyage plus confortable que les vieilles diligences). Ce sont ces voitures qui seront baptisées par le public les "turgotines".

Autre innovation, ces voitures seront tirées par des chevaux de poste : c'est le système de la Poste qui prend l'engagement de la régularité : les maîtres de poste sont astreints à " fournir les chevaux sans aucun retard et avec la célérité que le service exige". Les voitures doivent partir à heure fixe, désservir toutes les grandes routes; un vrai service moderne. Le service est meilleur, pour les exploitants, pour les clients...

C'est la création d'un véritable service de messagerie.

Tout est bon , non?

Et bien non, cette réforme est fortement combattue, et par qui, je vous le donne en mille : les transporteurs privés (que pourtant Turgot a prévu d'indemniser) , mais aussi tous les privilégiés qui gravitent autour du système. Edgar Faure cite ainsi le duc d'Aiguillon qui avait le privilège insolite de faire, à perpétuité, " rouler telle quantité de carosses, coches, cabriolets et calèches entre Paris et les lieux où seraient le roi, les enfants de France et ses conseils". Le genre de bon coup qu'on n'aime pas lâcher, c'est sûr...

Alors, ça crie de partout : on dit que vingt mille personnes vont se trouver ruinées; On reproche aussi à ce système de gêner la fréquentation des offices : les anciens entrepreneurs étaient tenus dans leurs contrats de procurer aux voyageurs la faculté d'entendre la messe...et la réforme des voitures vient perturber ce système..

Turgot ne se laisse pas trop impressionner par tout cela; le service se développe, et ses ennemis aussi ( c'est d'ailleurs la marque principale du ministère de turgot; il se met tout le monde à dos, d'où cette "disgrâce" qui interviendra en mai 1776, vingt mois aprés son arrivée au poste de contrôleur général.

Cette drôle d'histoire qui date de 1775, c'est la même que l'on retrouve aujourd'hui entre les taxis et les VTC...

Mais Turgot n'est plus là pour développer les "turgotines", et défendre la liberté contre les privilèges...


Développer l'entreprise : n'oublions pas les racines !

Innovation2Pour développer l'entreprise, on pense tout de suite à la croissance à l'international, le développement des produits, la conquête des parts de marchés...

Mais il y a une dimension plus intérieure, comme les étapes d'une quête de la maturité...

C'est le sujet de cette vidéo, qui met en regard les pratiques spirituelles et le développement des entreprises...

 


Les réseaux sociaux nous protègent-t-ils de l'Etat ?

Reseaux-sociauxDrôle de comparaison.

Les réseaux sociaux, mes "amis", les vrais et les virtuels, seraient un moyen d'échapper à l'Etat, à la puissance publique, dont on se méfie de plus en plus ?

C'est quoi cette histoire?

C'est le sujet de ma chronique du mois sur "Envie d'entreprendre", c'est ICI.

Prévenez vos amis et alertez vos réseaux.

Et courez-y voir...