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Zone Franche en livre

BookDepuis que certains m'en parlaient..C'est maintenant une réalité.

Ce blog va donner vie à un livre, oui, un vrai, à paraître vers la fin de l'année.

Pour l'instant, il est encore en préparation.

Je voudrais avoir votre avis : les "posts" qui vous plaisent, que vous voudriez y voir; les sujets qui vous intéressent, des conseils,..Quels sont vos "best of" dans les posts?

Et puis le titre, les chapitres.

Un peu de "crowdsourcing", non ?

Au plaisir de vous lire, dans les commentaires ou par mail.

Mais le livre n'éteint pas le blog.

De nouveaux articles à venir trés bientôt.

Et mes chroniques sur "envie d'entreprendre" reprennent dès lundi 2 septembre.

 


Marcher droit

VeriteJ'ai déjà parlé de l'orthodoxie lorsque j'étais à Moscou, grâce aux ouvrages de Jean-Yves Leloup ICI.

L'orthodoxie a-t-elle quelque chose à nous apprendre dans le monde  du management ? Sûrement.

Encore faut-il la connaître.

Car, dans le langage courant, quand on parle d'un "orthodoxe",on parle d'une posture mentale : "l'orthodoxe" est assimilé à un "conservateur"; pas trop en ligne avec l'innovation alors? Et quand on dit de quelqu'un qu'il professe des opinions ou des théories "peu orthodoxes", cela veut dire qu'il se démarque de la pensée courante, qu'il est original (trop?).  Et aprés?

Pour aller plus loin, je me plonge dans " Qu'est-ce que l'orthodoxie?" d'un spécialiste, Antoine Arjakovski, Directeur de recherches au Collège des Bernardins (voir interview ici). Plus de cinq cents pages pour tout savoir.Il faut s'accrocher...

Je m'arrête sur l'origine de la définition :

" On désigne par "orthodoxes" les chrétiens qui, depuis Saint Paul, se définissent comme tels sans faire référence nécessairement à une posture conservatrice".

Être "orthodoxe", c'est "marcher droit" selon Saint Paul, et "marcher droit", pour lui, c'est marcher "selon la vérité de l'Evangile". Le terme s'oppose à celui d' "hérésie", qui désigne à l'origine la "fausse doctrine", et ensuite une vérité ou une attitude partiale qui, affirmée pour elle-même, devient une erreur.

La pensée orthodoxe signifie ainsi la "pensée vraie" " lorsqu'au discernement logique de la raison s'ajoute, pour l'expression de la vérité, une décision d'adhésion de la conscience personnelle, c'est à dire de la voix intèrieure de l'individu".

Et cette conscience de la vérité doit réunir deux conditions :

- Elle doit être libre, au sens d'indépendante, capable d'effectuer son propre jugement;

- Elle doit aussi être reliée à "une communauté dépositaire d'un savoir et d'une mémoire spécifique, qui produit des champs de communication".

L'orthodoxie est alors " un cheminement, un style de vie personnel", qui transmet son "expérience de la vérité".

Antoine Arjakovsky nous fait bien sentir, à travers les nombreux auteurs qu'il sollicite, philosophes et théologiens, toute l'ambiguïté de cette notion de vérité, qui est complètement intégrée à l'orthodoxie.

Car, dans sa définition philosophique, la vérité ne peut pas se réduire à une simple propriété de la connaissance ( comme si la Raison suffisait pour dire ce qui est vrai et ce qui n'est pas vrai, à l'aide de démontrations et de raisonnements); la vérité est "avant tout une qualification transcendantale de l'être comme tel' ( expression du philosophe et théologien catholique Hans Urs von Balthasar - Phénoménologie de la vérité - 1952). Pour rencontrer cette vérité, la vraie, l'homme a besoin d'une méthode, de critères permettant de formuler et de valider ses jugements. Et cette méthode est précisément désignée dans l'histoire de la pensée par le terme d'orthodoxie.La vérité ainsi dévoilée offre alors" une voie d'accés à mille connaissances nouvelles".

Dans cette réflexion, l'orthodoxie nous permet aussi de revenir sur cette opposition de la Raison et de la Foi : la Foi, c'est ce qui nous empêcherait de voir la vérité; la Raison la seule voie possible. Pas si simple, nous dit Antoine Arjakovsky, en nous invitant à tenter de redéfinir les contours de la notion d'orthodoxie comme criterium de la vérité philosophique, mais aussi théologique, morale et politique.

Alors, cette vérité, oui, celle on parle aussi dans notre monde managérial, est-elle interpellée par l'orthodoxie?

Rappelons-nous les conflits, les oppositions, les écarts de vision, les divergences sur la stratégie, qui font parfois les ruptures entre le dirigeant et ses actionnaires, ou ses managers, qui font les incompréhensions, les manques de respect.

Ne voilà-t-il pas une occasion d'aller y interroger notre propre orthodoxie? La nôtre, celle que nous transmettons, celle que nous partageons, et qui permet de maintenir vivante cette " communauté "dépositaire d'un savoir et d'une mémoire spécifique".

Et de ressentir comme une voix intèrieure ce besoin de "marcher droit" qui permet d'accéder à "mille connaissances nouvelles". Cette capacité à explorer des chemins nouveaux tout en restant dans la vérité.

Quelle est mon orthodoxie?


La seule chance pour la France

Freedom11J'ai déjà ICI parlé de Friedrich Hayek, penseur de l'Ecole autrichienne du libéralisme, et théoricien de "l'ordre spontané".

Je tombe sur une interview qu'il a donnée vers la fin de sa vie, en 1985, et qui parle de ...la France.

1985, en France, on est en plein dans les années Mitterrand, les années où les socialistes français sont aux manettes du gouvernement et du Parlement, comme aujourd'hui.

Pour Hayek, il y en France une croyance; c'est que l'intelligence et la conception rationnelle, spécialité des intellectuels français, permettent d'imaginer et de mettre en place la meilleure société possible; or, lui, il pense exactement l'inverse : c'est le fonctionnement du marché qui fait des merveilles, et l'ordre "spontané" fera toujours mieux que toutes les tentatives d'organiser tout ça par l'Etat.

Alors, la France, il en pense quoi ?

"Il ne fait aucun doute que la seule chance pour la France de maintenir, d'améliorer son niveau de vie et d'entretenir sa population actuelle, serait un retour progressif à l'économie de marché qu'on appelle probablement capitalisme".

" Ce sera probablement plus difficile pour la France que pour n'importe quel autre pays car son engagement vis-à-vis du socialisme fait partie de sa tradition intellectuelle spécifique et particulière".

Il voit néanmoins un signe d'espoir car il sent un "regain de confiance pour l'économie de marché parmi les jeunes".

Alors il se livre à une prédiction pour dans 25 ans :

"si les politiciens ne détruisent pas la France dans les 25 années à venir, je pense qu'il y a bon espoir que ces idées arrivent à temps pour empêcher les politiciens de détruire notre civilisation".

Bon, 25 ans aprés, on y est, c'est aujourd'hui.

Mais avec notre gouvernement, les nouvelles taxes, la "garantie universelle des loyers", la nouvelle idée de soumettre tout projet de cession d'entreprise à un délai de deux mois pour que les salariés proposent un projet de reprise alternatif (juste deux exemples de l'actualité récente),'ai l'impression qu'il va falloir attendre un petit peu encore, non ?

La chance, la seule chance pour la France,  se fait attendre...Alors, les jeunes, ne décevez pas Hayek...

Conversation avec moi-même

ConversationmoimemeJ'ai laissé l'histoire de Sam et Jackie dans mon précédent post, tiré du livre "Fierce conversations" de Susan Scott, une sorte de manuel d'auto-coaching. Il est illustratif du message que nous transmet susan dans ses ouvrages.

Sam, c'est ce boss préoccupé par le comportement de Jackie, qui a l'air de ne pas être trés bien accepté par son équipe. Il va lui parler. Pour dire quoi ?

Susan Scott met le doigt sur toutes les erreurs possibles.

Erreur 1 : " Bonjour Jackie, ça va le boulot ?" ; Le genre d'intro l'air de pas y toucher. On commence cool, pour arriver au sujet un peu plus tard. ERREUR : La pauvre Jackie va tout de suite se mettre sur la défensive, et suspecter les intentions de Sam. Donc ça démarre mal.

Erreur 2 : " Jackie, je trouve que tu te débrouilles bien dans le job, tu as l'air de de t'y être mise facilement, ..."; juste le temps d'arriver à "MAIS..." : là encore, on tourne autour du pot, on n'est pas clair, on mélange la crème pour mieux enrober les reproches et le coup de couteau.

Erreur 3 : On prévoit tout le script à l'avance : alors, je vais lui dire ça, et si elle répond ça, je dirai ça, etc...On a tout prévu pour lui en mettre plein la tête...Ouh, là ! ça va être chaud la conversation. Catastrophe annoncée, surtout si cela ne se passe pas comme prévu.

Erreur 4 : Je vais lui rentrer dedans tout de suite, en élevant la voix, lui faire bien comprendre qu'elle déconne complètement. J'ai toutes les munitions. Là encore, on imagine la suite, et le comportement de Jackie humiliée.

Bon, alors, on fait quoi ?

Susan Scott insiste particulièrement sur les soixante premières secondes. Et fournit les étapes à suivre pas à pas : présenter votre position clairement et succintement, illustrer votre position en partageant ce qu'il y a derrère, avec des exemples, inviter à partager votre point de vue, demander quelle est la vision de l'autre et explorer activement leur point de vue.

Tout est question d'écoute de l'autre, de respect. Tout cela est trés pédagogique. On pourrait même se dire : ouais, mais c'est le genre de truc qui ne marchera pas avec Pauline ou Robert, deux personnages auxquels on pense en vrai, et avec lesquels on n'arrive justement pas à avoir ce genre de "fierce conversation", où toute confrontation d'idées ou de points de vue nous semble d'avance vouée à l'échec; alors on se dit " Merci Susan; mais avec un cas pareil, vaut mieux pas essayer; ça ne marchera pas : Pauline est trop ceci, et Robert pas assez cela. J'aimerais bien vous y voir, vous, si vous connaissiez ces deux-là !". Tous ces conseils, ça paraît trop bien...

C'est justement là que nous emène Susan Scott : car ces hésitations, cette peur que nous inspire cette fameuse Pauline et ce sacré Robert, qui fait qu'on trouve inutile d'engager la moindre conversation sérieuse avec eux, préférant laisser courir la situation et les incompréhensions, ne font que démontrer une seule chose :

"Toutes les conversations sont des conversations avec moi-même, et parfois elles impliquent d'autres personnes."

Toutes ces discussions franches et directes que l'on pense que l'autre ne pourra pas supporter, ou qu'il ne comprendra pas, ce sont ces discussions avec moi-même que je n'ose pas aborder; ce sont mes valeurs, mes engagements. Toutes ces erreurs et maladresses que je commets, je les commets d'abord pour moi, par manque de courage, par peur. Cet abruti de Robert qui n'est pas capable de comprendre, c'est "mon" Robert à moi, cette "folle" de Pauline qui ne comprend rien à rien, c'est "ma" Pauline.

Ces conversations, qui visent à ce que quelque chose change, ce sont d'abord des conversations où celui qui va changer en premier, c'est moi, en allant justement ouvrir cette conversation ( comme Sam avec Jackie); seul moyen franc et direct d'espérer faire changer la situation. Le choix est finalement clair : de bonnes raisons de ne pas ouvrir la conversation, ou bien des résultats et le changement.

Oui, ce dont nous parle ce "manuel" de Susan Scott, ce sont de nos conversations avec nous-même. De ce qui fait nos valeurs, notre intégrité, ce que l'on tolère pour soi, et ce que l'on ne tolère pas; Où je vais?, pourquoi j'y vais? Avec qui ? Comment irai-je?

De quoi aborder nos futures conversations, les "fierce conversations", avec un nouveau regard. Et d'oser ouvrir ces conversations que l'on a toujours évitées, pour de bonnes raisons.

 Et d'avoir une conversation comme une promenade dans un champs de fleurs....


La conversation est la relation

Conversation11Ce qui fait qu'une relation existe, qu'elle est bonne ou mauvaise, c'est la conversation. Et savoir comment pratiquer une bonne conversation, sincère, forte, qui fait dire et écouter avec passion, voilà une qualité pour bien manager, bien décider, bien gérer son équipe, sa vie professionnelle comme sa vie privée.

Susan Scott en a fait une spécialité et consulte sur le sujet depuis plus de trente ans; ses livres, et notamment "Fierce conversations", sont des best-sellers aux Etats-Unis, depuis plus de dix ans. Un véritable manuel qui décrit, pas à pas, en sept principes.

Y-a-t-il autre chose à trouver là-dedans que des évidences ? Avoir le courage d'affronter la eéalité, aller au fond de soi-même, être présent, obéir à ses instincts, ...autant de principes de simple psychologie, bien packagés. On pourrait trouver la même chose, en mieux et plus profond sûrement, en lisant les philosophes, les auteurs spirituels, Montaigne. Oui, c'est vrai, mais ce genre d'ouvrage en offre une présentation plus accessible et peut-être de quoi améliorer les relations et les conversations, en permettant de mettre en pratique ces principes par nos managers et chacun d'entre-nous.

C'est pourquoi il est intéressant ,de temps en temps, de parcourir ce genre de lectures ( à pratiquer en anglais, car les éditeurs français ne se précipitent pas pour éditer de tels ouvrages dans notre langue). On y trouve les petits trucs pleins de bon sens qui nous font regarder autrement le quotidien du management, et retrouver des situations que l'on a vécues. Et à chaque fois on découvre de nouvelles choses auxquelles on n'avait pas fait attention avant. Car on ne lit jamais le même livre deux fois de la même façon.

 Car des conversations où l'on a l'impression que "quelque chose ne passe pas", on en connaît. Ces échanges de mots qui ne font rien passer, comme ces deux poissons rouges dans leur bocal respectif. Ou pire, ces confrontations, où personne ne s'écoute, qui dégénèrent, qui font sortir les rancoeurs et les rancunes, et mettent en péril le fonctionnement des équipes, et donc empêchent les projets de réussir, et l'entreprise de se développer.

.L'un des principes de Susan Scott, c'est d'oser affronter le vrai challenge aujourd'hui, c'est à dire de ne pas craindre la confrontation, de ne pas tricher.

Prenons une situation connue.

Sam, le dirigeant de l'entreprise, vient d'engager Jackie comme chef de l'équipe de développement; c'est une super pro, un super CV, trop beau pour être vrai d'avoir pu recruter une telle perle.

Et puis, voilà que des tensions apparaissent. Des problèmes sur un projet; et Jackie qui lors d'une réunion s'en prend à l'équipe : " Je pensais que vous étiez meilleurs que ça; c'est ça mon équipe !!? ". Et elle a quitté la réunion comme ça, énervée.

Et voilà que l'adjoint du dirigeant ne supporte plus non plus : " Ecoutes, Sam, je ne m'imagine pas travailler encore longtemps avec une fille pareille. Elle est excellente, mais je ne la supporte pas."

Aïe !

Sam se dit qu'il va falloir qu'il parle avec Jackie en tête à tête. Îl n'a pas envie de la virer pour le moment. Il aimerait bien sauver la relation et la situation. Et remettre les choses en ordre.  Forcément il sait que les premières secondes de ce tête-à-tête vont être décisives. Il veut s'y préparer.

Que va-t-il faire ? Et si c'était moi Sam ? ou si c'était moi Jackie, convoquée comme ça pour un tête-à-tête avec le boss qui m'a embauché il y a à peine quelques mois ? Et qui m'a refilé une équipe aussi médiocre.

Oui, la conversation est la relation.

Je vous laisse réfléchir...

Suite dans le prochain post.