Hybrides
Etat 2.0

Îlots de décélération

LievretortueOpposer la vitesse et la lenteur, on connaît l'histoire. J'ai dû déjà en parler ICI ou .

La vitesse, c'est le truc du capitalisme d'aujourd'hui. Tout va vite. Les visiteurs des musées restent en moyenne moins de dix secondes devant un tableau.

Mais, en même temps, ce style d' "homme pressé" qui court trop vite n'est plus trop dans le coup. Et l'on voit de plus d'éloges de la lenteur.  En 1986, c'était le "slow food". Et depuis de nombreuses associations ont fait prospérer ce besoin de "qualitatif", de "prendre son temps", pour sortir du "stress" et vivre mieux. Gilles Lipovetsky et Jean Serroy, dans leur livre " L'esthétisation du monde", dont j'ai déjà parlé ICI, appellent ça " une "esthétique de la lenteur".

Certains croient voir dans cette tendance les prémisses d'une nouvelle façon de vivre, pouvant aller jusqu'à la "décroissance", un nouvel art de vivre.

Nos deux auteurs n'y croient pas du tout. Car cette aspiration à la lenteur s'accompagne d'aspirations parfaitement contraires.

" On proteste contre la frénésie du rythme de travail, mais on ne supporte pas l'attente aux caisses des supermarchés ou les lenteurs de l'ordinateur. On aime marcher ou rouler à vélo, mais qui est prêt à renoncer à l'avion pour découvrir le monde? Qui est prêt à renoncer à l'immédiateté des e-mails?"

Ce qui va se passer, selon eux, c'est, comme on manquera toujours de plus en plus de temps, un besoin persistant de gagner du temps et d'aller toujours plus vite, entout, et en même temps la recherche de ce qu'ils appellent des " îlots de décélération".

Ce sont des petits moments de bonheur pour "recharger ses batteries", savourer l'instant, de trouver des moments de qualité de vie, nous permettant par ailleurs d'être plus efficaces, plus réactifs.

Ainsi notre monde sera double : d'un côté le monde de la vitesse, de l'efficacité, de la consommation de masse, rapide, immédiate, de la nouveauté pour la nouveauté; et de l'autre un monde plus raffiné, avec ses plaisirs plus sélectifs, ses émotions.

C'est pourquoi le style de vie ne peut pas se réduire aux idéaux portés par le marché et la consommation, mais aussi inclure une part d'enrichissement et de développement de soi.

C'est pourquoi les auteurs imaginent que, aprés que la modernité ait gagné le défi de la quantité, qui a fait prospérer le capitalisme que nous connaissons, vient le temps de l'hypermodernité où nous entrons aujourd'hui, qui va relever un nouveau défi, celui de la qualité dans notre rapport aux choses, à la culture, au temps vécu.

Alors, où sont nos "îlots de décélération" qui nous permettent d'aspirer à cette vraie vie ?

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