Ça mâche plus
Ailes de cire

La machine à idées est-elle cassée ?

MachineideesAlors que la crise semble perdurer, certains avancent que l'une des causes est que l'innovation, celle qui a poussé la croissance des années et siècles passés, a commencé à ralentir. On n'innove plus assez vite; rien de spectaculaire ne sort plus de nos machines à idées.

C'est la thèse de l'économiste Tyler Cowen, star américaine, dans son livre " Great Stagnation". Il considère que nous en avons fini avec l'exploitation des " low hanging fruits" des innovations et de l'économie moderne; maintenant les innovations technologiques continuent, mais elles n'ont plus les mêmes impacts sur notre vie. Le PNB par personne n'augmente plus aussi vite aux Etats-Unis, et dans le monde occidental.

Cette thèse est reprise et analysée dans un récent numéro de The Economist. Pas possible de dire qui a écrit l'article car dans ce journal tous les articles sont anonymes, vous aviez remarqué ?

 Ces économistes pessimistes distinguent deux types de croissance : la croissance "extensive" et la croissance "intensive".

La croissance "extensive", c'est celle qui ajoute plus et mieux en travail, capital et ressources. C'est la croissance qu'ont obtenus les Etats en augementant le niveau d'éducation des travailleurs, par exemple. Ce type de croissance se caractérise par des retours qui se réduisent avec le temps. Si ce n'était que la seule source de croissance, celle-ci s'arrêterait.

Mais il y a la croissance "intensive" : celle-ci est générée par des découvertes permettant de mieux utiliser les travailleurs et les ressources. Ce type de croissance permet une amélioration continue des revenus et du bien-être, et permet aussi une croissance de l'économie, même si sa population diminue.

Ces deux dernières décennies, grâce aux innovations technologiques, la croissance "intensive" s'est accélérée. Mais aujourd'hui nous allons retourner à une croissance "extensive", donc plus lente. C'est aussi la thèse d'un autre économiste, Robert Gordon.

 Pour lui, il y aura probablement d'autres innovations, mais elles ne changeront pas notre vie comme l'ont fait l'électricité, le moteur à combustion,la plomberie,  la pétrochimie et le téléphone?

 Et même si les dépenses en R&D continuent à augmenter, ainsi que le nombre de chercheurs, ils sont moins productifs. On ne fait pas de grand saut. On pensait découvrir la voiture volante, on a trouvé les messages à 140 caractères (Twitter). Si les ordinateurs et l'internet étaient les nouveaux relais de la croissance, selon les deux économistes Gordon et Cowen, cela devrait se voir dans les chiffres; or, on ne voit rien de tel. C'est au contraire la "great stagnation".

Alors, ces économistes américains, ils ont raison ? 

L'article de The Economist présente, heureusement, d'autres arguments pour équilibrer ces jugements.

Et montre que ce qui a tendance a empêcher l'innovation et la croissance, ce sont aussi les régulations, les règlements, les gouvernements, les institutions trop rigides. Parce que les opportunités sont grandes notamment quand on considère la demande dans les pays émergents.  

Ces débats d'économistes pessimistes et de libéraux nous laisse finalement dans une certaine expectative.

Ils permettent cependant de percevoir que, peut-être, ce ne sont pas seulement internet et twitter qui feront la croissance et que d'autres domaines sont encore à explorer et développer.

C'est un message optimiste, finalement, non ?

La machine à idées n'est pas réservée aux geeks.

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