Communication imaginaire
25 septembre 2012
Dans l'entreprise, dans la politique, dans la société, vous avez remarqué comme moi, on parle beaucoup de communication.
Il faut apprendre à communiquer, et il y a du monde pour vous aider : des agences, des consultants, des Directeurs de la Comunication, des "media trainers", etc...
En plus, niveau outils, on est servis : le web, le mobile, le trés haut débit, les médias sociaux, on n'a que l'embarras du choix pour communiquer.
Même dans un cabinet de conseil, on se laisse embarquer dans ces formations pour "bien communiquer", et les consultants sont demandeurs. Et c'est vrai que c'est utile de bien se faire comprendre quand même.
Pourtant, est-ce que l'on peut dire que l'on communique quand on parle, quand on envoit des "messages", quand on a appris à "prendre la parole en public" ? Car souvent la communication que veulent apprendre ceux qui veulent "bien communiquer", cela consiste à faire un discours devant plusieurs personnes, et, au summum de la perfection, aux foules...
Ce qu'il manque à ce type de communication ? L'imaginaire.
Je retrouve, à l'occasion de cette réflexion le livre de Jacques Païtra sur " Votre imaginaire interdit de travail".
Quand il s'interroge sue ce mot moderne de "communication" (l'ouvrage date de 2002 mais on s'y retrouve encore plus en 2012...), il remarque :
" On se parle, on se raconte...Mais est-ce qu'il y a échange, partage, véritable "écoute", chaleur dans la relation, réflexion, aide, solidarité accrue ? Tout le monde se plaint de n'avoir "personne à qui parler"..."
Pour lui, la communication est devenue un "grand mythe social" : la communication, la vraie, entre personnes,d'individu à individu, se vide d'imaginaire, d'affectif, d'intime, au profit d'une communication de masse, la même pour tout le monde.
Car pour bien communiquer avec son imaginaire, il faut plus de temps, plus d'écoute, plus de générosité. Alors que le truc Pro, c'est la communication qui pète, qui envoie le message à la figure comme un coup de poing. Et pas besoin d'attendre la réponse : ce qui compte c'est de faire passer ce qu'on a à dire...Et pour ça on a les "techniques de communication", on les apprend dans les écoles et universités, et ça continue dans les formations en entreprise.
C'est pourquoi, malgré ces techniques, la plupart des communications n'en sont pas; ce sont plutôt des manifestations de ce que Jacques Païtra appelle " l'obsession de soi", un genre d'égoïsme.
On le voit bien dans le monde du business, la communication est souvent hiérarchique, assez autoritaire, du haut vers le bas, et forcément, vide d'imaginaire.
C'est pourquoi le petit livre de Jacques Païtra est un bon compagnon pour nous faire prendre conscience de cet imaginaire que l'on oublie ou que l'on trahit. Il appelle ça " les comportements qui changent la vie"...
Forcément, les conseils qu'il essaye de nous faire passer vont paraître un peu nunuches aux malades de la communication et de l'efficacité sans imaginaire...Car ces comportements sont tout simples, mais quand on les a oublié, ou jamais appris, c'est dur dur...
Cela vaut donc le coup de les relire de temps en temps :
Cultiver un brin de solitude qotidienne, se rendre disponible, s'attacher à des exercices d'imaginaire, réchauffer la place de l'affectivité, être expressif et spontané, choisir la lenteur, privilégier la fantaisie, ..
En gros, cela consiste à ne pas se laisser étouffer par la rationalisation, alors que l'on nous a apppris dès l'école que un bon élève c'est un "élève sérieux", alors que "l'élève fantaisiste", c'est le rigolo à qui l'on prédit qu'il n'arrivera à rien...
Pas facile de se convaincre de l'inverse.
Pourtant, cela commence parfois par de tout petits changements...
Et on peut commencer par la "communication"...