Le compétent et les obéissants dans une démocratie
24 juin 2012
" Dans une nation qui est dans la servitude, on travaille plus à conserver qu'à acquérir. Dans une nation libre, on travaille plus à acquérir qu'à conserver".
C'est Montesquieu, dans "L'Esprit des Lois"" qui en est l'auteur.
Tout y est déjà : la liberté du côté politique; l'esprit d'entreprise, la passion d'acquérir, du côté de l'économique. Pour Montesquieu, ça marche ensemble.
Jean Barchler, dans son opus sur "Le capitalisme", le cite pour appuyer sa thèse : ce qui a permis le capitalisme, c'est la démocratie, les idées de liberté.
La démocratie garantit la liberté d'initiative de tout citoyen. Le citoyen est donc laissé libre de lancer le pari qu'il existe une demande solvable pour un produit ou un service X. Il va alors réunir les facteurs indispensables à la production du produit ou du service X; soit il les possède déjà, soit il les loue ou les achète. En un mot, il entreprend.
Dans l'entreprenariat, tous les principes de la délégation démocratique de pouvoir sont respectés scrupuleusement.
Une démocratie c'est le régime où le pouvoir est délégué, de manière circonscrite, temporaire, et réversible (par les élections par exemple), à des compétents, reconnus comme tels, par des obéissants.
Les consommateurs sont comme des obéissants.
Les consommateurs délèguent en effet, par leur acte d'achat, un pouvoir à des acteurs qu'ils jugent compétents (pour leur offrir des produits ou services les meilleurs); ils sont obéissants de manière circonscrite (pour tel produit), temporaire (pour cet achat singulier), et réversible (ils peuvent changer à l'achat suivant).
Dans cette image, le marché, le fonctionnement du marché est complètement assimilé à un forum de démocratie directe permanente.
Le profit n'est pas, alors, le prix du travail de l'entrepreneur, ni même la rémunération de sa prise de risque; le profit est le prix de cette prise d'initiative, de cette poussée en avant d'inovation, de différenciation, de conviction, qui fait rencontrer le "compétent" et "l'obéissant".
Bien sûr, si ça marche, cette initiative sera copiée, améliorée, et donc la valeur, le prix de cette initiative d'origine tend inéluctablement vers zéro. Il va falloir, encore et toujours, de nouvelles initiatives pour le restaurer.Ce profit; à l'instant donné, au moment de l'acte d'achat qui fait se rencontrer l'obéissant avec le monopole du compétent (j'achète à lui et à personne d'autre pour cet achat), car son initiative me paraît "unique", est alors,pour reprendre l'expression de Jean Baechler," le signal monétaire que la démocratie directe est respectée dans l'économie. Toutes les autres sources de profits n'en sont pas : ce sont généralement des vols rusés au dépens des consommateurs".
On en arrive à cette conclusion qu'une économie démcratique est une économie d'entrepreneurs.Et que c'est en laissant les citoyens libres d'entreprendre et en les récompensant par le profit de leurs entreprises que l'on encourage les innovations permanentes et perpétuelles, garantissant ainsi un développement économique sans fin.
L'entrepreneur qui garde ce caractère de "compétent", dans un rapport démocratique vis à vis de "l'obéissant",son client démocratique, participe à ce mouvement.
Cette démocratie disparaît, soit du fait de l'entrepreneur qui croit dominer les "obéissants" en les volant, ou en les dominant, soit du fait des politiques, qui veulent contraindre les entrepreneurs en les privant des "profits".
Le capitalisme et les entrepreneurs, les meilleurs indicateurs de la liberté des citoyens et de la démocratie ?
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