SWOT ou SOAR ?
27 mai 2012
J'ai passé cette semaine une journée à animer un séminaire pour un client sur la "Vision". On appelle ça "l'ambition", " la vision", peu importe, le rituel est souvent le même. On choisit une date, en ce moment, on est sur des horizons 2015 ou 2020, et on projette le futur. Les méthodologies sont multiples et bien rôdées.
Car ce qui fait la différence, ce n'est pas la méthodologie.
Généralement, dans ces démarches, on procède par intention : on se regarde aujourd'hui, avec les forces, les faiblesses, les menaces, les opportunités (oui, c'est la fameuse analyse SWOT, qu'on a apprise à l'école). En fait, en conduisant cette analyse, on passe déjà 50% à se dire ce qui va mal (les faiblesses, les menaces), et encore; car on trouve plein d'idées généralement pour se regarder dans la glace et se dire qu'on est nuls. Alors, quand on va projeter le futur, c'est à dire la situation qui met précisément en lumière tout ce que l'on pourrait être si l'on était trés beau, on va distiller dans l'entreprise, autour de nous, ce snetiment de culpabilité, et donc souvent générer des réactions de défense, de protection, de rejet; bref, de quoi mettre par terre tout exerice de vision. Au mieux, on n'a pas envie d'y croire; au pire, on n'en veut pas et on explique pourquoi cela n'a pas de sens.
Et voilà comment finissent la plupart de ces exercices de vision et de planification. Malgré les bonnes intentions, ils conduisent à amplifier les aspects négatifs du fonctionnement de l'entreprise.
C'est précisément l'inverse de ces démarches que propose les adeptes de l' "Appreciative Inquiry", et les ouvrages de David Cooperrider et ses adeptes, dont j'ai déjà parlé ICI.
Cette approche de la "Vision" ne va pas chercher les intentions et l'analyse des manques, mais au contraire se nourrir de l'identification des forces et opportunités que nous avons déjà en nous, et qui nous ont permis de connaître, par le passé, ces "grands moments" qui sont parfois tellement grands que c'est comme s'ils nous dépassaient. C'est en revivant, et en échangeant entre nous, avec nos collaborateurs, nos collègues, ces grands moments, que nous arrivons à imaginer ce que nous sommes capables de faire "à notre meilleur".
En comprenant ce qui a fait notre succés par le passé, lors de ces "grands moments", nous nous donnons confiance pour imaginer ce qui fera notre futur, une "vision" qui sera finalement l'attention que nous aurons accordé pour comprendre ce qui se passe quand l'entreprise, l'équipe, le management, l'organisation, fonctionne "à son meilleur". Et le meilleur de chacun, et des équipes, porte l'entreprise vers un futur motivant et dynamisant.
La démarche transforme l'approche SWOT en approche SOAR ( Strenghts, Opportunities, Aspirations, Results).
Cela commence par une "Strategic Inquiry", que l'on peut mener pour soi, ou pour une activité de l'entreprise : Elle consiste à s'interroger, seul ou en groupe, sur nos plus grandes forces et opportunités. Puis nous allons identifier nos Aspirations les plus fortes pour le futur; puis nous rechercherons les Résultats.
Pour démarrer, l'approche va rechercher les questions et interrogations les plus positives possibles.
Cela suppose d'entretenir un contexte qui inspire la curiosité naturelle, qui permet à chacun d'avoir sur son environnement ce que les théoriciens ont appelé une " appréciation esthétique" du monde, par opposition à des appréciations plus "matérialistes", ou "d'utilité pratique".
C'est cette expression de curiosité naturelle, cette créativité esthétique, et non le résultat d'une démarche détaillée de planification stratégique, qui est la clé.
Alors, pour nos exercices de Vision, allons chercher cette "appréciation esthétique" plutôt que "l'utilité pratique".
Ainsi, nous porterons une vision "à notre meilleur", c'est à dire bien au-delà de ce que nos intentions auraient pû nous faire imaginer, et ne jamais atteindre.