Tout est miracle
11 mars 2012
On l'entend souvent : il ne faut pas croire aux miracles. Il n'y a pas de miracle dans la vie.
Dans nos entreprises, parmi les entrepreneurs, ceux qui parlent comme ça, ce sont les " hommes d'action" : Ne pas croire au miracle, c'est aigir. C'est être convaincu que ce qui peut nous arriver, les commandes des clients, les parts de marché, les améliorations de l'efficacité, tout ça, c'est le résultat du travail.Le travail de l'homme, celui qui va conquérir le monde, en ne comptant que sur soi.
Bien sûr que cet encouragement à l'effort et au travail a ses vertus. Mais comment ne pas s'apercevoir qu'il recelle aussi une forme d'orgueil, une prétention un peu suspecte.
Car peut-on vraiment croire qu'il n'y a pas de miracle dans la vie ? Qui peut dire qu'il ne compte que sur lui-même ? N'avons-nous jamais compté que sur nous-mêmes, sans avoir besoin de personne ? Ni de chance ? On découvre alors combien, derrière ce refus du miracle, derrière cet éloge du travail et de l'effort, il y a une arrogance, un égoïsme qui pourrait nous les rendre pas si sympatiques que ça, ces entrepreneurs et managers " d'action"... Ce refus du miracle ne cache-t-il pas alors un rêve de toute puissance quelque peu dangereux. Cet orgueil qui refuse le miracle, c'est la peur de ne pas être tout, à l'origine de tout.
Pour défendre le miracle, rien de tel que de lire Bertrand Vergely, et notamment " Retour à l'émerveillement".
Car pour lui le miracle est essentiel; le miracle est la vie même :
" Tout est miracle. L'univers, la vie, l'humanité, notre présence dans l'humanité sont des miracles. On ne peut pas se passer de miracle pour penser comme pour vivre".
" L'enjeu de la question des miracles n'est pas de savoir si ils existent ou non, mais qui en est la source. Si la modernité a décidé de ne plus croire aux miracles, ce n'est pas qu'elle n'y croit pas, c'est qu'elle veut en être la source".
Pour lui, il faut au contraire savoir désespérer, car c'est dans le désespoir qu'on accède à " l'inespéré", c'est à dire la béatitude, le oui à la vie. C'est une forme de sagesse que de de ne pas compter que sur soi.
" C'est ce que veut dire "espérer" : ne pas avoir ce désespoir qui ne compte que sur soi, avoir au contraire cette espérance qui consiste à laisser agir autre chose que soi. Il n'y a pas que soi, il y a la vie. Il faut la laisser agir, il faut espérer en elle. Le miracle commence là".
Ce message est difficile, car il s'oppose à notre " homme d'action", qui ne se laisse pas démonter par ces histoires. Notamment ceux qui croient tellement en eux qu'ils ont l'impression, en passant en force, de toujours aller chercher le succès. Ceux qui veulent réussir seuls contre les autres, contre les difficultés, par leur acharnement. Les John Wayne de nos entreprises. Ces entrepreneurs qui n'ont " besoin de personne " ( en Harley Davidson ou non).
Pour entendre ce message, il faut opérer un véritable retournement : passer d'une vision extérieure du monde à une vision intérieure. La vision extérieure, c'est celle de la conquête, un monde à conquérir, à soumettre à son ambition. C'est le monde de la matière, le monde comme une chose.Contre qui il faut lutter, se battre, et ne pas rigoler.Le monde vu comme une accumulation de problèmes à qui il faut apporter des solutions.
La vision intérieure, c'est le monde recréé de l'intérieur.
" Imaginer le monde, c'est le recréer de l'intérieur. Le recréer de l'intérieur, c'est le faire passer du statut de monde à celui de monde personnel : le monde cesse d'être le monde pour devenir mon monde. Quand tel est le cas, en me créant, je le crée; en m'imaginant en lui, je l'imagine et donc je peux opérer sur lui.".
" On ne sait pas ce que peut l'imagination, on s'en rend compte en imaginant. Transposons le monde extérieur, faisons-en un monde intérieur, immédiatement une énergie nous envahit, une foule de possibles surgit. Et avec elle la joie, beaucoup de joie. Nous avons des idées, nous avons des lumières. Nous avons bâti un pont entre nous et le monde, le monde et nous. L'échange se fait, la circulation s'établit, la communication commence".
Cette philosophie du miracle, c'est celle qui qui nous met en harmonie avec la vie. Elle commence quand, plongé dans l'obscurité, le doute, c'est en allant plus encore dans cette obscurité, en vivant vraiment ce qui nous obscurcit, que l'on va vers la lumière. C'est cette pensée du miracle qui constitue cette sagesse initiatique.
On comprend alors que croire au miracle, ce n'est pas l'inverse d'agir, c'est au contraire croire en la vie, c'est le dynamisme qui se sert de tout pour aller de l'avant, c'est l'amour infini de la vie pour la vie.
Croire au miracle, c'est se donner à soi-même la force de faire des miracles. On cesse ainsi d'en vouloir à la vie en désirant se venger à son égard.
Miraculeux, non ?
Tout un chacun est libre de croire a ce qu'il veut tant qu'il n'entrave pas la liberte d'autrui. Personnellement, je pense que peut etre pas miracle mais je dirais plutot hasard.
Rédigé par : trader les options binaires | 15 juillet 2012 à 11:47