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La cause du terrorisme

MondeL'économie, c'est la mondialisation, la globalisation, tout le monde, ou presque, s'en est convaincu.

Mais la politique ? Là aussi, on le comprend, la globalisation s'y met.

Tiens, Ernest-Antoine Sellière, l'ancien patron du MEDEF, interviewé dans "Le Figaro Magazine" de ce week end, pour faire la promo de son livre, nous dit :

" Au bout du compte, droite et gauche obéiront aux mêmes contraintes dictées par nos créanciers". Et il déclare son envie que l'on mette en place un gouvernement européen; il a un nom pour le job aussi : Nicolas sarkozy; il pourrait prendre le job tout de suite si il perd l'élection présidentielle en France, sinon on attendra cinq ans.

Au moment où cette vision de moins en moins "nationale" de la politique se développe, où l'on s'aperçoit chaque jour que l'Etat perd le monopole du politique, on découvre, ou redécouvre, un auteur dont j'ai déjà parlé, au passé pourtant sulfureux : Carl Schmitt.

Sa pensée est complexe; elle évolue au fur et à mesure des engagements politiques de l'auteur, juriste, qui se voyait comme un support à l'ascension du parti National Socialiste, et à la montée d'Adolf Hitler.

Il redevient à la mode du fait de ses positions sur le mondialisme de la politique, qu'il critique, en visant notamment la SDN, puis l'ONU; pour lui ces instances internationales sont illégitimes en ce qu'elles sont contre la politique de l'Allemagne et de Hitler, au nom de " l'humanité", notion que contecte fortement Carl Schmitt.

Vu les positions politiques de l'auteur, il n'est pas facile de s'en abstraire.

C'est pourtant ce que tente Jean-François Kervégan, dont j'ai parlé ICI et ICI, dans son nouvel ouvrage " Que faire de Carl Schmitt ?". On peut l'écouter ICI.

 Il propose de " partir de Carl Shmitt", partir au sens de revenir à ses analyses et réflexions, sans passer par le contexte et les positions d'affiliation au nazisme, et partir, aussi, en le quittant quand ses conclusions nous emènent dans l'erreur.

 Pour Carl Schmitt la politique est menace par sa propre totalisation. Et c'est ce phénomène qui est la cause du terrorisme ( rappelons que ce terme de terroriste était attribué, pendant la guerre, aux résistants gaullistes en France).

Citons Jean-François Kervégan :

" Il est évident que les Etats qui sont confrontés à la "menace terroriste", selon le vocabulaire actuellement en usage, ne méritent à aucun titre d'être dits totalitaires, bien que leurs méthodes contre ce type d'ennemi débordent largement le cadre strict de ce qu'on s'accorde à nommer l'Etat de droit. Il s'agit de quelque chose de plus profond, et en un sens plus inquiétant encore. Le terrorisme, forme caractéristique de la politique postmoderne et postétatique, est un produit non pas du totalitarisme, mais de la totalisation de la politique, dont le totalitarisme n'a lui-même été qu'une expression monstrueuse. En d'autres termes, le terrorisme est non la cause mais un effet de la phase postétatique de la politique entendue comme ce moment où l'Etat ne parvient plus, au moyen de ses attributs classiques, à gérer l'inimitié " deterritorialisée" à laquelle il est confronté, et qu'il a lui aussi suscitée".

Et Jean-François Kervégan poursuit, citations de Carl Schmitt à l'appui :

" Alors qu'une armée régulière au service d'un Etat combattait l'ennemi ( l'Armée d'un autre Etat), non pour l'anéantir, mais pour le vaincre et pour faire triompher certains buts de guerre, le terroriste se confronte à un "ennemi absolu", au "grand Satan"; or, " la guerre issue de l'hostilité absolue ne connaît pas de restriction". Ainsi, tout comme l'Etat total marque la fin de l'ordre ététique classique, fondé sur la démarcation du politiuqe et du non-politique, la guerre totale du terroriste (donc également celle de son adversaire) ignore nécessairement les lois de guerre."

Ainsi, si , en reprenant Carl Schmitt, le terrorisme n'est pas l'ouvrage de fanatiques, mais " le produit d'une certaine configuration politique dans laquelle notre monde est maintenant inscrit", alors " nous ne sommes pas près d'en finir avec lui".

Jean-François Kervégan va plus loin, en y voyant même que ce "passage à la limite" du terrorisme est une "nécessité ", tant il a partie liée avec les structures profondes de la politique postétatique, deterritorialisée.

c'est pourquoi, selon Carl Schmitt, une "Unité politique du monde" est un danger. Car ce mouvement de convergence, symbolié par l'ONU par exemple, provoque directement des réactions qui " faute de pouvoir s'exprimer autrement, adoptent la forme "irrégulière" (non étatique) du terrorisme.

" Dans un univers qui semblait devenu politiquement un, et qui comme tel ne se connaissait plus d'ennemi vrai, l'inimitié a ressurgi sous la forme implacable d'une guerre totale menée par des "cathares" contre ce monde, non pour y conquérir une place, mais pour l'anéantir".

Pour y échapper, Carl Schmitt, et Jean-François Kervégan, en appellent à retrouver le sens du conflit politique ( et pas seulement le débat : l'éthique de la discussion est impuissante face au terrorisme), c'est à dire un monde humain, et non un idéal qui tenterait d'éliminer une fois pour toutes les ennemis de l'humanité.

que retenir de ces démonstrations ? Que l'universalisme, la recherche du bien pour tous, donne naissance et entretient les terroristes. Que ce qui permet de l'empêcher c'est le sens du conflit, des chocs des opinions, des positions;

De quoi transposer dans ce qui se passent dans nos organisations, nos entreprises ? Et dans le débat politique en France ?

A chacun de se faire son opinion. En passant par Carl Schmitt et Jean-François Kervégan peut-être...


A qui sont réservés les postes importants ?

ApprentiLes autodidactes à des postes de manager, ou même de dirigeant, cela est toujours l'occasion d'admiration, de compliments; cela permet de mettre en avant qu'il n'y a pas que les diplômes qui comptent, que la personnalité et le courage sont parfois récompensés.

On voit bien tout le discours sucré qu'on peut servir avec ça.

Mais des fois, ça coince, et l'est l'inverse...

Comme par exemple ce matin dans un article du Figaro, sous la plume d'Anne Jouan, une journaliste professionnelle.

Elle y parle d'une entreprise où ont été embauchés un soudeur, une esthéticienne,un pâtissier. Pas à des postes de soudeur, d'esthéticienne, ou de pâtissier, non.

Le soudeur, qui a travaillé aux chantiers de La Seyne-sur-Mer (une autre époque), s'est reconverti en responsable de production. Le pâtissier, qui travaillé chez Mammouth ( encore une entreprise disparue), est devenu assistant de production dans cette entreprise; il a été embauché parce que, il le dit lui-même, il était " sérieux et avenant. J'ai eu l'opportunité d'apprendre sur place".

Et puis, il y a une belle histoire, celle de Stéphane; lui il était au chômage; alors il a écrit au Président de la République, et son dossier a été transmis à l'ANPE de Toulon, et c'est comme ça qu'il a retrouvé un job dans cette entreprise.

Cette entreprise qui a pu ainsi accueillir ces reconvertis, ces autodidactes, elle a néanmoins un problème : c'est la société PIP, oui, celle qui a fabriqué les prothèses mamaires, dirigée par Jean-Claude Mas.

Alors, fini de rigoler; on a trouvé le problème.. :

" Les formations des recrutés étaient loin d'être en adéquation avec leurs postes".

Tout est dans le titre d'Anne Jouan : " Les incroyables recrutements de PIP - A des postes importants, Jean-Claude Mas avait embauché une esthéticienne, un soudeur et un pâtissier".

Bien sûr, on comprend dans cet article que les doutes existent sur la bonne gestion de cette entreprise, vue la suite; et ces personnes ont été interrogées par les gendarmes sur leurs activités et compétences.

Néanmoins, comment ne pas penser à ces pâtissiers, ces soudeurs de chantiers disparus, ces chômeurs qui cherchent un nouveau départ.

Ce doute sur les compétences, il est facile de le faire porter sur ce pâtissier; alors que de nombreuses erreurs et fautes de gestion sont faites, aussi, par des personnes trés diplômées et soi-disant compétents. Sans parler des dirigeants eux-mêmes.

Dans les commentaires sur le site du Figaro, la bataille entre les défenseurs des autodidactes et ceux qui croient que la compétence c'est les diplômes, fait rage.

Drôle de procès !

Ce fait divers fait bien ressortir tout ce qui someille dans l'entreprise et dans l'imaginaire collectif; comme un parfum de lutte des classes ?


Un environnement "family"

FamilyJ'avais déjà évoqué cette entreprise, lors d'une conversation avec un de ses dirigeants en Europe.

C'est cette entreprise qui est classée, encore une fois, comme première entreprise américaine où il fait bon de travailler, par le magazine FORTUNE cette semaine.

Dans ce même numéro, le dirigeant de cette entreprise donne une interview exclusive.

Ce dirigeant, c'est Larry Page, dirigeant de GOOGLE.

On connaît tous les trucs de Google; la nourriture gratuite à la cantine, les salles de massage et de gymnastique. Mais on se demande comment toute cette ambiance se maintient au fur et à mesure que cette entreprise grandit.

Larry Page insiste sur cet environnement "familial" qui caractérise Google, et qu'il ressent encore, même si l'entreprise emploie plusieurs dizaines de milliers de personnes. Ce chiffre lui paraît d'ailleurs modeste au regard des milliards de personnes à servir dans le monde. Si Google peut employer plus de monde pour servir ce marché, cela lui paraît trés bien. Pour lui, l'important c'est que Google reste une "famille", et que pour chaque employé l'entreprise soit vraiment une famille.

Ce qui frappe, c'est précisément cette volonté de "servir le monde", de "changer le monde", avec des objectifs et une ambition qui vont au-delà de l'horizon des résultats de l'année.

Larry Page explique aussi son job de leader de Google :

" Mon job est de m'assurer que chacun dans cette entreprise a de grandes opportunités, et sent qu'il a un véritable impact, et contribue au bien-être de la société".

 Forcément, cela attire les candidats : Google reçoit chaque année deux millions de candidatures ! Et le taux de rétention des employés reste trés élevé.

Un tiers des employés travaille à Mountain View, en Californie.

Cela va évoluer, selon Larry Page :

" Nous allons améliorer les outils pour permettre aux employés de travailler où ils veulent. Cela sera permis par internet et les nouvelles technologies".

Un nouveau Google, plus décentralisé, est en marche. En gardant l'esprit "family".

Une famille de plusieurs dizaines de milliers de personnes...


Séduction mortelle du totalitarisme : le renouveau de Carl Schmitt

TotalitarismeLes partis politiques qui s'afrontent au point de nous mettre en péril, de risquer la guerre civile ? Peur légitime?

Celui qui prenait ce risque au sérieux, c'est Carl Schmitt, penseur politique des années 30 en Allemagne, au point d'appeler à une " unité politique" , c'est à dire l'unité du peuple incarnée par l'Etat. L'Etat est le seul à pouvoir décider si on est ou non dans l'état normal, et à décider si on est ou non dans l'état d'urgence, en cas de crise grave.

Cette théorie, Jean-Claude Monod,chercheur au CNRS et professeur à l'Ecole Normale Supérieure, invité des conférences de l'AJEF, dont je rend compte régulièrement, nous l'a expliqué clairement.

Quelle histoire que celle de Carl Schmitt, qui à partir de cette vision va devenir un supporter de Adolf Hitler et du national socialisme. Il adhérera à tout, à l'antisémitisme, au totalitarisme. convaincu que seul l'Etat est garant de l'unité et empêche les guerres civiles, grâce à une vision totale, il retouvera dans Hitler un idéal. Pourtant les nazis se détourneront de lui; pour carl Schmitt c'est l'Etat qui est garant de l'unité, alors que pour les partisans d'Hitler l'unité ne vient pas de l'Etat, mais du Peuple et de la Race, qui permettent d'éliminer les éléments nusibles pour l'unité ( en l'occurence les juifs).

Alors Carl Schmitt adaptera un peu sa thèse, l'Etat redevenant un moyen au service de la force et de l'unité populaire. Néanmoins, dès 1936, les SS intimeront Schmitt au silence.

Il ne sera pas concené par le procès de Nuremberg que comme témoin, et vivra calmenent, en écrivant, mais interdit de publication, jusqu'en 1989. C'est en 1991 que paraît son " Journal 1947 - 1949").

Ce qui est étonnant, c'est la nouvelle popularité de Carl Schmitt aujourd'hui, qui retrouve ses plus fervents partisans...à gauche. A gauche, les plus anti-libéraux puisent leurs arguments dans Carl Schmitt, et leur critique du libéralisme.

Autres défenseurs de Carl Schmitt, ceux qui prônent une " guerre juste", justifiant un combat au nom de l'humanité ; expression toute inspirée de Carl Schmitt, celle de Bush pour exprimer la guerre mondiale contre le terrorisme aprés le 11 septembre.

Ce parcours d'une pensée de Hitler à la gauche et à Bush, on avait du mal à y croire.

Un mystère couvre cet auteur, on le sentait bien en écoutant Jean-Claude Monod.avec cette vision totale, qui montre combien les excès conduisant à une sorte d'antilibéralisme radical, tellement d'actualité aujourd'hui, poussent vers un " Etat total" le pluralisme étant dans cette vision perçu comme une menace. La vision de Carl Schmitt est celle d'un "Etat de droit social", une théorisation nouvelle de l'Etat de droit. Ce qui nous prévient contre cette vision, c'est précisément ce qui l'a fait dériver vers le soutien au national socialisme.

Ce que Jean-Claude Monod a appelé pour nous la "séduction mortelle du totalitarisme".

Mais l'intérêt de Carl Schmitt aujourd'hui ne se limite pas, selon Jean-Claude Monod, à la mise en évidence des dérives montrant les dangers d'une forme d'anti-libéralisme radical.

Car sa critique du libéralisme garde, elle-aussi, selon Jean-Claude Monod, un intérêt.

Le libéralisme vise à faire de l'économie le coeur de la société, au détriment de la politique qui est facteur de conflits et de perturbations. D'où l'idée d'un marché libre, sans démocratie, effacée au nom justement de l'efficacité du marché. On retrouve implicitement cette thèse aujourd'hui, nous dit Jean-Claude Monod,d'une force des marchés qui prend le pas sur la démocratie, lorsque l'idée proposée d'un référendum en Grèce, il y a quelques mois, a suxcité de vives protestations au nom de cette efficacité justement. De même, la sortie de Berlusconi du pouvoir en Italie, et l'arrivée de Mario Monti, se réfère aussi partiellement à une thèse du même genre.

Face à ces thèses, la grande idée de Carl Schmitt, c'est : " qui décide ?".

Cet Etat total dont il se réclame, c'est : ( dans " Evolution de l'Etat total en Allemagne, 1933) :

" L'Etat total existe. Il est total au plan de sa qualité et de son énergie, ainsi que l'Etat fasciste se nomme un 'stato totalitario' (...) Un tel Etat ne laisse surgir en lui aucune force qui lui soit hostile, qui l'entrave ou qui le divise. Il n'a aucune intention de laisser les nouveaux outils du pouvoir aux mains de ses ennemis et de ses destructeurs, ni de permettre que son pouvoir soit sapé sous couvert de formules telles que 'libéralisme', 'Etat de droit' ou autre. Un tel Etat peut faire la différence entre ami et ennemi".

En cette pèriode de campagnes électorales en France, où la place de l'Etat fait partie des sujets de controverse, cette " vision totale", parfaitement organisée, que Carl Schmitt qualifiait d' "Etat total par force", et qui séduit les mouvements les plus à gauche de notre échiquier politique, nous rappelle, grâce à Carl Schmitt, de ses origines.


Par quoi suis-je motivé ?

Motivation1Certains ne sont motivés par rien; comme ceux-là.Ou bien, motivés, mais pas trop. Pas beaucoup mieux.

Et d'autres sont motivés par leur job, par leur entreprise, par leur manager.

Mais, motivés par quoi ?

Chacun a son moteur; et le connaître permet de constituer les meilleures équipes et de réussir les stratégies audacieuses.

Et inversement, sans motivation, on n'y arrive pas.

Motivé par le sujet ?

C'est celui de ma chronique mensuelle sur " Envie d'entreprendre".

Que les plus motivés m'y retrouvent...