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Deux pizzas, sinon rien !

2-pizzasJ'avais déjà parlé de cet obsédé. Il était obsédé par le client, et c'était, selon lui, le secret de sa réussite.

Je retrouve ce personnage ici, à propos d'une autre de ses obsessions : les deux pizzas.

Lui, c'est Jeff Bezos, le dirigeant d'Amazon.

Et c'est quoi cette histoire des deux pizzas ?

Cela concerne les équipes de projets qui travaillent sur les innovations chez amazon. La règle, c'est qu'une équipe, quel que soit le projet, doit être suffisamment petite pour pouvoir être nourrie par deux pizzas. Vue la taille des pizzas américaines, un peu différentes des nôtres, cela doit correspondre à six à dix personnes.

Cette image pour bien marquer les esprits sur les petites équipes, on en retrouve une version similaire chez Google, qui limite les équipes à trois à six personnes, et la durée des projets à six semaines maximum en général.

C'est sûr que les petites équipes ont plein d'avantages : obligation d'aller à l'essentiel, partager ce que l'on fait, se relire mutuellement, vivre ensemble les bons moments et les diffcultés. Dans des petites équipes, la polyvalence est plus importants, une nécessité, cela favorise la coopération, réduit le risque de conflits.

Il ne suffit pas de constituer de petites équipes pour garantir l'efficacité. Plus l'équipe est petite, plus on a besoin qu'elle soit constituée de membres qualifiés, avec des profil trés diversifiés.

Et puis, plus les équipes sont petites, plus on peut faire de projets.Et manger plein de pizzas...

Mais il n'est peut-être pas absolument obligatoire de ne les nourrir qu'avec des pizzas, si ?


Réseaux d'idées : ça se mérite !

IdeanetworkerLes réseaux, ça a toujours existé, bien avant internet, mais aujourd'hui c'est un bon créneau pour le business, ou une tribune.

Mais quand ils parlent de réseaux, nombreux sont ceux qui y voient un moyen d'augmenter leur influence, leur pouvoir, en fréquentant ceux qui nous ressemblent, en s'approchant des puissants, des plus influents, pour pouvoir accélérer sa carrière, trouver des ressources qui travailleront pour nous. Cette forme de réseau, c'est le réseau des copains.

S'il est un domaine, notamment pour les entreprises, où ce genre de réseaux n'apporte pas de résultats, c'est le domaine de l'innovation. A trop penser à l'influence, à trop fréquenter ce qui nous ressemble, la capacité d'innovation s'éteint.

C'est pourquoi Clayton M.Christensen, Jeff Dyer et Hal Gregersen, auteurs de " The innovator's DNA", dont j'ai déjà parlé ici et ici, font du "networking" une des compétences clés des innovateurs de ruptures. Mais c'est de tout autres réseaux qu'ils parlent, et non de LinkedIn ou Viadeo.

Ils appellent les "réseaux d'idées".

De quoi s'agit-il ?

Les réseaux d'idées sont les réseaux de personnes que je connais et fréquente non pas pour ma carrière, le pouvoir, l'influence, faire du business, vendre mes produits; non, ce sont les personnes qui vont me permettre d'apprendre, d'être surpris, de découvrir de nouvelles perspectives. Ce sont donc les personnes qui ne sont pas comme moi, les experts de disciplines trés différentes, et les généralistes qui ne sont experts en rien.

Comment faire ?

Bien sûr, les auteurs nous conseillent des fréquenter les endroits où trouver ces idées et personnes; des évènements sont de plus en plus organisés pour ça; TED en est un bel exemple.

Mais l'on peut aussi se sonstituer son propre réseau de proches, ou moins proches, de touts horizons et tous lieux, pour pouvoir, quand une question se pose, pouvoir interagir rapidement avec eux. Les innovateurs interrogés par les auteurs témoignent qu'ils ont de tels réseaux personnels, avec pas plus de trois ou cinq personnes, qui constituent un premier cercle. D'autres ont des réseaux plus importants. Mais on est loin de ceux qui collectionnent les milliers d'amis sur Facebook, mais qui parfois n'ont personne avec qui même aller déjeuner à la cantine.

C'est d'ailleurs le déjeuner qui peut constituer un lieu d'échange des idées avec le réseau. Ils nous conseillent le livre de Keith Ferrazzi, "Never eat alone". Le secret, c'est : Une relation à la fois.

Car, un réseau d'idées et personnes originales, dela se mérite. On connait tous ces casse-pieds qui cherchent à tous prix à se faire des réseaux, de pouvoir ou d'idées, mais qui sont collants et ennuyeux. Pour ceux là, il ne sera pas facile d'attirer à leur profit les talents et les idées.

C'est pourquoi, pour les auteurs, le grand secret pour réussir ce "Networking", ce qu'il faut, c'est .....ÊTRE INTERESSANT.

Quelles sont vos histoires? Comment pouvez-vous en quelques phrases communiquer une idée où ce que vous faites ( le fameux "Elevator's speech") ? Car si vous êtes un peu trop long, vous perdrez vite l'attention de votre interlocuteur. Et, bien sûr, comment exercez-vous votre écoute empathique ?

Là encore, les auteurs nous rappellent que ce fonctionnement fluide des réseaux d'idées exige ce système d'échanges trés libéral. Et que pour échanger il faut avoir soi-même quelque chose à donner. Ce système de réseaux, sans leaders, mais complètement auto-organisé, grâce aux rencontres, au hasard parfois, grâce à des moyens de communication de tous ordres, est bien à l'image du fonctionnement moderne de nos entreprises et de la société.

 A condition de ne pas se tromper : ce ne sont pas les outils qui font le succès, ni les efforts pour rencontrer et soi-disant "connaître" le maximum de personnes, mais bien cet effort sur soi-même, cet humanisme, qui fait la différence pour ceux que les auteurs appellent " les innovateurs en ruptures". Ce besoin de soi-même conserver cette capacité d'étonner, d'intéresser ( et non de sombrer dans la caricature de celui qui "radote" ou raconte toujours les mêmes histoires, qui est sûr de son expérience au point de ne plus se remettre en cause).

Prendre ainsi conscience que c'est l'humanisme, plus que la technologie, qui fait émerger et réussir les innovateurs, et l'innovation dans les entreprises, et dans la société, voilà un message qui rend optimiste.


Un chat sur les nouvelles technologies !

ChatC'est Simon qui m'a prévenu : aujourd'hui le Directeur Général de LOGICA France, Stéphane Jaubert, va faire un chat sur les nouvelles technologies...

Il s'adresse en video à tous ceux qui brûlent de connaître son avis sur le sujet : " Pourquoi les nouvelles technologies sont-elles un tremplin pour l'avenir ?" Super suspense, non ?

Cela se passe ICI à partir de 13H00, aujourd'hui. On peut poser ses questions à l'avance.

Simon aimerait bien que je lui dise ce que m'inspire cette expérience. Je n'y manquerai pas.

A suivre, donc.


Questionnons-nous !

Question" Des questions ?" - On a entendu ça plein de fois; à la fin d'un exposé, d'une réunion, d'un discours. Souvent d'ailleurs il n'y a pas de questions; parce qu'on n'ose pas, parce qu'on pense que l'orateur a dit ça comme ça, mais qu'en fait il n'a pas tellement envie qu'on pose des questions ( surtout si c'est lui le chef); il voudrait plutôt qu'on exécute maintenant.

Eh bien, les innovateurs qui créent les ruptures font précisément l'inverse : ils posent tout le temps des questions, des questions, des questions.

C'est précisément la deuxième compétence découverte par Clayton M. Christensen, Jeff Dyer et Hal Gregersen, dans leur ouvrage " The Innovator's DNA" dont j'ai déjà parlé. Ils ont identifié cinq compétences. La première est l'association ( des idées, des personnes). La deuxième est précisément l'art de poser des questions.Car poser les bonnes questions est un art. Pour être un innovateur des ruptures, il faut poser des questions...en rupture, et surtout bien écouter les réponses pour s'inspirer. Et aussi ne pas poser les questions toujours aux mêmes ( si besoin revenir à la compétence numéro 1).

Des questions en rupture, ce sont des questions auxquelles on ne s'attend pas toujours, qui étonnent, qui varient les points de vue. Michael Dell, interrogé par les auteurs, le dit bien : " Si j'avais une question favorite, tout le monde s'y attendrait, et je n'obtiendrais pas de bonnes réponses. Alors j'aime poser des questions auxquelles les personnes ne s'attendent pas. J'en fabrique tout le temps".

Ce qui est bien avec ce livre, c'est qu'il donne aussi des trucs pour acquérir soi-même ces qualités d'innovateur. Par exemple le suivant :

Pour l'art de poser des questions, les auteurs nous conseillent d'en faire une habitude et d'organiser, quand nous souhaitons résoudre un problème ou trouver des idées en équipe ( ou même seul)  non pas des " brainstorming" mais des " QuestionStorming".

Comment ça marche ?

Pour le problème ou le sujet, chacun des participants va écrire 50 questions ( !!), Pour partager les questions, un des participants va les écrire l'une aprés l'autre. Quelques règles à respecter : N'écrire qu'une question à la fois; pas de nouvelle question proposée tant que la précédente n'a pas été écrite; Lorsque le participant propose une question, il la pose directement ( pas de préambule, de blabla, d'explications, non, directement la question); Bien sûr pas de débat ou réponses autorisées tant que l'on n'a pas les 50 questions de chacun.

Dans ce genre d'exercice il y a un moment où les questions ne sortent plus, alors qu'on n'est pas encore arrivé à 50...c'est le bon moment; ça ralentit...et ça repart, dans une nouvelle direction, avec des points de vue non explorés encore...

Enfin, on va pouvoir regrouper, hiérarchiser, classer les questions...Le QuestionStorming est presque terminé.

Pour que ça marche bien les auteurs conseillent de pratiquer régulièrement, pour entraîner notre "muscle à questions'. Aprés, on va s'habituer à toujours se poser, et poser, des questions.

Il faut aussi varier les formes de questions : la plus importante est " qu'est ce qui.." , c'est à dire des questions pour comprendre la situation existante, ce qu'il y a vraiment dedans. Ensuite on passe aux questions qui interpellent les scénarios du futur ( " What if.."). Et puis les " Pourquoi ?", " Pourquoi Pourquoi ?", " Pourquoi pas?").

Les auteurs nous révèlent que Richard Branson, créateur et dirigeant de Virgin, se promène avec des carnets de notes où il collectionne " plein de questions" ( j'en connais un autre qui fait ça, tiens). Ce qui permet notamment de repérer quelles question on se pose en ce moment, les types de questions, les sujets, les formes de questions; et de volontairement modifier ( d'autres formes de questions, d'autres sujets).

D'ailleurs, les auteurs nous posent aussi des questions sur nos questions :

- Sur quels types de questions êtes-vous le plus concentré ?

- Quelles sont les questions qui vous permettent le mieux de comprendre pourquoi les choses sont comme elles sont ?

- Quelles sont les questions qui vous permettent le mieux de challenger le status quo ?

- Quelles sont les questions qui provoquent les réponses les plus émotionnelles ( excellent indicateur pour challenger l'existant) ?

- Quelles sont les questions qui vous permettent le mieux d'explorer les terriroires les plus en rupture ?

Ouh la la, comme on dit...J' t' en pose des questions, moi ?

Des questions ?


Les règles de juste conduite

Liberte""Quand chacun fait ce qu'il veut, on se dit - c'est le bordel - Eh bien, chacun fait ce qu'il veut...et ce n'est pas le bordel !"

Celui qui parle ainsi, Jean-Fabien Spitz, est professeur de philosophie à paris I; c'est ainsi qu'il nous résume, hilare, la philosophie de Friedrich Hayek, chantre de l'économie de marché et inspirateur des politiques modernes de dérégulation, prix Nobel d'économie en 1974, inspirateur direct des politiques menées en Angleterre par Margaret Thatcher ( qui revient à la mode en ce moment grâce à Merryl Streep).

Le sujet, " Hayek et l'ordre spontané", était celui de la conférence de l'AJEF la semaine dernière, cycle de conférences de grande qualité, tant par les sujets que la qualité des orateurs.

Jean-Fabien Spitz ne faisait pas exception : Il nous a promis dès le début que, bien que n'adhérant pas personnellement à ses thèses, il allait nous présenter la philosophie de Hayek de la manière la plus convaincante possible. Tout ça avec un sourire malicieux, un ton de farceur, qui ne le quittera pas de tout l'exposé. Nous étions conquis d'avance par ce magicien.

On n'a pas complètement compris ce qu'il reprochait au fond à Hayek, tant l'illusion était parfaite; et l'exposé d'une grande clarté ( on n'est pas professeur pour rien).

Pour Hayek, il n'existe pas de loi objective des sciences sociales. La réalité sociale n'est faite que des représentations individuelles de chacun; et ces représentations peuvent converger. C'est ainsi que des gens, en grand nombre, ont une représentation de ce que sont les échanges et le marché, et orientent leurs comportements en fonction de ces représentations.

La seule question à se poser, pour Hayek, c'est : est-ce que les gens qui ont ces représentations des échanges et du marché réussissent ? La réponse, sous forme de constat, est oui. Et tous ceux qui ont d'autres représentations, telle par exemple une vision de la planification centralisée, réussissent moins bien.

Cela suffit à Hayek pour nous dire que, puisque ce système de représentation apporte plus de réussite que les autres systèmes de représentation ( même si on ne comprend pas pourquoi ni comment complètement), autant l'adopter.

Oui, mais dis-moi, Hayek, ça veut dire quoi que "ça marche", ce système ? ( Oui, Jean-Fabien Spitz nous tenait en haleine en interpellant ainsi ).

Cela marche, cela veut dire que le système de représentations définit une "sphère d'actions" que l'individu peut mener sans subir de contrainte ni d'intervention arbitraire d'autrui. Chacun, dans le système de représentation du marché libre, peut acheter et vendre ce qu'il veut, définir et payer le prix qu'il veut. La presse est libre, les opinions sont libres. L'individu peut agir à sa guise.Il n'y a pas de monopole.

Ceux qui pratiquent ces représentations, et bien, ça marche pour eux : ils survivent, ils prospèrent, ils réussissent mieux que les autres. Nous constituons ainsi un "groupe civilisé" qui résout de façon satisfaisante les problèmes de l'harmonisation entre individus qui peuvent ne pas s'aimer, ne pas penser pareil, mais ça marche.Avec ce système de représentation, articulé sur le marché, on constitue " la grande société" ou " l'ordre complexe", expressions de Hayek.

Hayek ne dit pas qu'il explique quoi que ce soit, il ne se veut pas idéologue; non, il veut juste constater là où il y a cette "sphère privée" , "sphère d'action", ça marche. Alors que tous ceux qui croient ou ont essayé autre chose, en intervenant, et bien ceux là conduisent au socialisme ( et pour Hayek il n'y a pas de demie mesure; à partir du moment où l'on veut intervenir dans le système, on ne peut plus s'arrêter et on court vers le socialisme total). Et le socialisme, et bien, ça ne marche pas.

Mais, dis-moi, Hayek, cet ordre spontané qui s'est formé, quelle est l'attitude rationnelle la meilleure pour nous face à lui ? Oui, Jean-Fabien Spitz ne le lâche pas, et pose les questions à notre place; il joue les deux rôles, nous et Hayek; et avec le sourire du malicieux qui en a une bien bonne à nous sortir, il nous rpond du tac au tac...

Eh, bien, face à cet ordre spontané, qui est le résultat d'une évolution, d'une convergence des représentations qui n'a été décidée par personne, qui est comme elle est, Hayek imagine deux attitudes rationnelles possibles...la mauvaise et la bonne.

Jean-Fabien Spitz, pour nous tenir en haleine, commence par la mauvaise attitude : celle du rationnel naïf. Avec un nom pareil, on devine tout de suite qu'il se trompe celui-là.

Le rationnel naïf, c'est celui qui croit qu'il faut se donner un objectif précis, puis se donner les moyens de réaliser cet objectif. C'est le modèle de l'artisan qui fabrique une montre ou une porte de placard, et qui, si ça ne marche pas complètement comme il veut, comme il faut, la démonte complètement et la remonte. Pour le rationnel naïf, si ça ne marche pas, il faut refaire, il faut corriger.

On le voit venir Hayek avec son rationnel naïf : il s'en prend ainsi aux "réformateurs", ceux qui pensent que si quelque chose ne va pas dans la société, eh bien il faut le corriger, le réformer; et celui qui va s'y coller c'est l'Etat. Ouh la la, la grosse erreur !  Ce réformateur est un rationnel naïf car il croit que l'ordre, ce qui marche bien, c'est ce qui a été fait et pensé par quelqu'un ( quelqu'un de bien qui a imaginé la société parfaite). Mais non : regardez les cristaux de neige, nous dit Hayek, ils sont dans un ordre impeccable, mais personne ne les a pensés.

Autre grosse erreur du rationnel naïf, il croit que si il y a des effets indésirables dans la société, il faut les corriger : ainsi il en arriverait à imaginer qu'il faut faire quelque chose pour les pauvres; quelle hérésie ! Tiens, par exemple pour le coût du logement trop cher, il voudrait bloquer les loyers; mais alors le système se déglingue ailleurs et c'est la crise de l'immobilier, plus de logements à louer par les propriétaires. En fait, oui, il y a des effets indésirables dans l'ordre spontané, mais si on essaye de les corriger, on fait plus de mal que de bien. On le sait bien, le mieux est l'ennemi du bien. Pour Hayek, dans un système qui voudra intervenir, eh bien il y aura plus de pauvres que dans un système basé sur la représentation du marché libre.

Pour Hayek, il y a toujours des effets indésirables, et peut-être même qu'il n'y a pas d'ordre sans effet indésirable.Pour Hayek, il existe des systèmes que l'on ne comprend pas complètement et qui, si on voulait les corriger pour en éliminer les effets indésirables, ne marcheraient plus du tout. Par exemple le langage : personne ne met exactement les mêmes choses dans les mêmes mots, chacun s'exprime différemment, et on ne sait pas complètement comment ça marche. Mais celui qui déciderait de ne plus parler à personne tant qu'il n'aurait pas compris complètement comment marche le langage se retrouverait bien seul pendant longtemps.

C'est simple, pour Hayek, l'ordre spontané, avec ses qualités et ses imperfections, sait produire des choses qu'aucun cerveau ne pourrait imaginer, et si on voulait le corriger, on risquerait de le détruire.

Il faut accepter pour Hayek que ces ordres n'ont pas été inventés, ils sont le résultat d'une évolution lente, et évoluent encore. Ils produisent des effets extraordinaires, nous le voyons, mais on ne comprend pas pourquoi.

Pour Hayek la bonne attitude, ce n'est pas celle du rationnel naïf, mais au contraire de celui qu'il appelle le "rationnel critique", qui ne cherche surtout pas à casser le système pour essayer d'en éliminer les effets indésirables, mais qui accepte le système tant qu'il résout des problèmes complexes qu'il ne comprend pas, mais en produisant des effets miraculeux ( correxpondant pour Hayek à la satisfaction des besoins et à la création de richesses).

Ce qu'il faut, pour Hayek, c'est adopter des "valeurs", des "façons d'agir", celles qui réussissent; il appelle ça une "attitude abstraite".

Le "rationnalisme critique", c'est en fait une règle générale de conduite, que chacun se représente, pas toujours de manière complètement explicite, dont les effets concrets sont imprévisibles, mais qui à long terme, permettent à ceux qui pratiquent cette attitude abstraite, en tant que groupe, d'être gagnants.

Pour Hayek, la raison, c'est l'ensemble des règles que nous pratiquons entre nous spontanément ( et non des règles qui auraient été inventées, et imposées).Les groupes qui vivent d'aprés ces valeurs réussissent mieux que les autres, même si il y a toujours des escrocs qui ne les respectent pas parmi eux.

C'est ainsi que l'ordre marchand, le marché libre, correspond à de telles valeurs, et ceux qui le pratiquent réussissent mieux que les autres.

Oui, mais dis-moi Hayek - oui, Jean-Fabien Spitz revient mettre son grain de sel - qu'y a-t-il dans ces valeurs, cette "sphère privée", dont tu nous parles ? Comment on s'y retrouve.

La voix de Hayek le facécieux revient...

Pour Hayek, il y a deux types d'attentes vis à vis des autres.

La première catégorie, ce sont les attentes qui, si elles sont déçues, empêchent l'ordre social : Ainsi, je vend quelque chose, je m'attend à être payé du prix accepté. Si je suis déçu, si ce n'est pas le cas, systématiquement, cet ordre social ne peut pas marcher. Et bien, ce sont ces attentes, que je pourrais ou non lister complètement, qui correspondent à la "sphère privée", à l'ordre ( j'avais l'impression que jean-Fabien Spitz / Hayek me disait " tu comprends ça jeune Padawan ?").

Alors qu'il existe d'autres attentes qui, elles, peuvent être déçues, mais ne remettent pas en cause l'ordre social. Ainsi j'aimerais séduire tous ceux qui me plaisent; je n'y arrive pas toujours; mais j'accepte cette déception. Cela ne remet pas en cause l'ordre social.

Ces règles qui ne peuvent être déçues pour que ça marche, Hayek les appelle les "règles de juste conduite". Personne n'a décidé ces règles, elles sont là, ce sont les règles dont le respect donne naissance à  "l'ordre civilisé", "l'ordre complexe".

Et, on y arrive, on voit ce que Hayek confie à l'Etat ( car, contrairement aux libertariens et amis de Ron Paul, Hayek n'est pas contre l'Etat) : l'Etat, les Lois, sont là pour traduire ces "règles de juste conduite", ces normes qui président à l'ordre complexe.

L'Etat est là pour appuyer les décisions, la Justice pour sanctionner ceux qui contreviennent aux normes.

Mais ces Lois, pour Hayek, elles sont déjà là. La notion de souveraineté d'un Etat est absurde; elles sont là les Lois.

La seule chose que doit faire l'Etat c'est que les normes soient respectées, soient transmises ( l'Education est majeure). C'est l'application de ces règles qui fait réussir.

Alors, oui , chacun fait ce qu'il veut, sans contrainte, ....et ce n'est pas le bordel .

Ainsi le système présenté par Hayek, c'est celui qui marche, qui permet de faire vivre ensemble des gens qui n'ont pas les mêmes besoins, pas les mêmes objectifs,qui peuvent ne pas s'aimer et même se détester, et qui réussissent quand même à vivre ensemble.

On renonce ainsi à avoir une identité d'objectifs qui seraient imposés par la contrainte ( l'Etat); car, il nous l'a dit et répété, ça ne marche pas. Les règles sont ouvertes, les objectifs sont ouverts. Tous ceux qui veulent fermer, fermer les objectifs, mettre des règles imposées, construisent des systèmes qui ne fonctionnent pas.

Dans nos entreprises aujourd'hui, ce système d'ouverture, de valeurs et de "règles de juste conduite" est celui qui les fait réussir. Et toute les évolutions du management et du fonctionnement du travail vont dans ce sens.

On comprend que cela est plus compliqué pour les politiques et tous ceux qui veulent changer la société.Ceux là, ils sont loin de se "Hayekiser". 

Pas facile de faire émerger les "règles de juste conduite" en ce moment.

En tous cas, nous avions tous, je pense, la "juste conduite" d'avoir admiré la prestation de Jean-Fabien Spitz.

Et repartions, qu'on n'adhère ou pas, avec de l'admiration pour la cohérence du système présenté.


Associons nous

Charles-de-gaulle-arc-de-triomphe-paris_(1)Les idées innovantes fleurissent à l'intersection d'expériences et de rencontres diverses, celles des autres et les nôtres. C'est un peu comme ces douze rues qui débouchent place de l'Etoile. Plus on permet une rencontre de ces rues en un point où se trouve l'innovateur, plus on provoque cette probabilité de faire sortir une idée nouvelle.

Associer les idées, les personnes, les situations, c'est précisément une des cinq compétences clés des innovateurs de rupture ( ceux qui inventent des produits fantastiques, qui résolvent des problèmes,..), identifiées par les auteurs Clayton M.Christensen, Jejj Dyer et Hal Gregersen dans leur ouvrage " The innovator's DNA" : cet ouvrage en recense cinq.

Cette capacité à fréquenter des milieux divers, des personnes d'âges différents, des lieux variés, on comprend combien elle peut être un vrai atout pour innover. On peut bien sûr en faire une hygiène permanente; c'est ce que nous disent ces auteurs. Mais pour ça il n'est pas forcément nécessaire d'aller dans des endroits incroyables, car cela dépend beaucoup de notre capacité à observer, à écouter, à provoquer des rencontres, même dans notre quartier, dans notre entreprise, avec nos proches. C'est plus une attitude. Certains profiteront des rencontres qu'ils font; d'autres n'en tireront aucun bénéfice, enfermés dans leurs convictions et leurs a priori.

Cela passe aussi par l'entraînement à rapprocher des concepts et des idées d'origines trés différentes; on appelle ça la "pensée latérale"; recourir aux sciences sociales pour comprendre l'entreprise; aller rechercher dans l'histoire des contextes inspirants pour comprendre le présent,...

Les auteurs de " The innovator's DNA" nous donnent quelques "trucs" intéressants pour développer par nous-mêmes cette capacité à l'association.

L'un d'eux est ce qu'ils appellent les " associations forcées". L'idée est de rapprocher des listes de produits ou des noms différents pour faire naître des idées grâce à ce rapprochement.

Faites la liste des sujets ou problèmes pour les quels vous cherchez des réponses ou des idées.

Et ouvrez un catalogue de produits ( physique ou sur internet); prenez une page au hasard, un produit; et mettez ce produit en regard de votre problème : alors, qu'en peut-on en tirer ? Quelle association en déduit-on ?

Selon le même principe, je vous livre un exercice que je pratique moi-même trés fréquemment.

Entrez dans une librairie, prenez un livre au hasard, ouvrez le, lisez deux lignes.

Repartez ( pas forcément en ayant acheté le livre; même si cela m'arrive parfois)

 Voilà une inspiration pour aider à réfléchir au problème ou sujet que vous avez en tête.

Une autre inspiration ? Entrez dans un autre magasin, portez le regard sur les personnes qui sont là, les produits,..vous avez compris.

Ce type d'exercice peut forcément sembler un peu loufoque, mais imaginons de le pratiquer régulièrement, de noter toutes ces inspirations sur des petits cahiers; et si il en sortait des réponses, des idées nouvelles ?

Les associations sont en effet le fruit du hasard et des rencontres; mais peuvent, grâce à ce type d'exercice être démultipliées, et enrichies chaque jour de la vie quotidienne.

C'est facile ces associations; et cela donne envie d'essayer; sympa cet ouvrage sur " The innovator's DNA".

Il reste encore quatre compétences qui sont exposées dans ce livre.

De quoi en faire d'autres post ici. Chic !


Innovation frugale

Frugal-moneyEn ce moment, dans les entreprises, si j'en crois les dirigeants que je rencontre, on est dans le paradoxe : 2012, il va falloir innover, car les ventes, les commandes, vont dépendre de notre capacité à étonner les clients. Mais, en même temps, on craint un peu ( ou beaucoup) la crise, et il ne faut pas se lancer dans des projets ou des investissements trop risqués. Et puis, ces consommateurs que l'on veut convaincre d'acheter, eux aussi ils vont faire attention à ne pas acheter n'importe quoi, ils vont faire attention à leurs dépenses.

C'est valable dans le commerce, mais aussi dans les business B to B, et même dans le transport public ( il est déjà impossible aujourd'hui de faire fonctionner un service de transport urbain - bus, metro, tramway - sans subventions publiques, et quand les collectivités locales elles-mêmes cherchent à faire des économies, l'innovation cela consiste à proposer plus avec moins de coûts).

Alors, de l'innovation, mais dans un contexte de dépenses réduites; on pourrait appeler ça " l'innovation frugale".

C'est précisément ce que dit Peter Löscher, PDG de Siemens, dans un article figurant dans le recueil " Le monde en 2012" du journal The Economist, et traduit en français grâce à Courrier International.

Mais l'innovation frugale, cela ne consiste pas à faire des produits dégradés, non;

" Ceux qui rencontrent le succès ne sont pas simplement des produits qui existent déjà, dépouillés de certaines caractéristiques. Ce sont souvent des produits révolutionnaires, conçus à l'aide d'un budget extrêmement réduit. Je les appelle les produits SMART ( Simple, Maintenance-friendly, Affordable, Reliable, Timely to market). Les innovations à l'origine de ces produits peuvent être technologiques, se fonder sur de nouveaux procédés de fabrication ou s'imspirer d'un modèle d'entreprise novateur. Quand on manque de ressources, ce n'est pas un obstacle, mais une motivation pour l'innovation frugale".

Cette innovation frugale, c'est précisément, selon Peter Löscher, ce que sont en train de faire les pays émergents; et pour que les grandes sociétés multinationales puissent rester compétitives dans ce contexte, elles doivent devenir des acteurs "multilocaux", et se doter de processus d'innovation plus ouverts.

Les meilleures idées de produits frugaux vont surgir dans des petites start-up qui vont aller puiser l'inspiration directement auprès des "clients".C'est d'autant plus d'actualité que dans les pays en développement, la population qui émerge de la pauvreté se compte en millions d'individus.Et , comme le fait remarquer Peter Löscher :

" Les clients frugaux d'aujourd'hui sont les consommateus haut de gamme de demain".

Dans la même revue, un business angel, Ron Conway, se déclare trés optimiste, car il est convaincu que les applications qui lient géolocalisation et réseaux sociaux vont se multiplier, et favoriser le développement du commerce de proximité.

Lui aussi croit à l'innovation frugale, et au concept de la "consommation collaborative", popularisée par Rachel Botsman :

" Pour la première fois dans l'Histoire, l'avènement des réseaux et des appareils de télépholie mobile a créé l'efficacité et le ciment social nécessaire pour permettre le partage et l'échange de biens, qu'il s'agisse de voitures, de vélos, de compétences ou d'espace disponible".

Les consommateurs vont privilégier la location par rapport à l'achat, l'usage plutôt que la propriété. Idem pour les communautés qui se constituent pour proposer, grâce à des entrepreneurs innovants, des locations entre particuliers de chambres en ville, des systèmes d'autopartage, etc..

Cette innovation frugale, elle va être en 2012, un sujet pour faire naître des idées et des entrepreneurs...en abondance.

Vive la frugalité de l'abondance !


A quoi sert le Directeur des Ressources Humaines ?

Futur22Dans les Directions des ressources Humaines, on hésite : faut-il s'occuper de l'urgent, des coûts à réduire, de l'efficacité pour tout de suite; ou bien se concentrer sur les talents de demain, le développement du management ?

Et si, pour bien agir à court terme, orienter les bonnes décisions, il fallait penser, justement, long ?

C'est le sujet de ma chronique sur " Envie d'entreprendre" de ce mois; la première de l'année.

Pour faire court, il suffit d'y aller directement ICI.