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A quoi servent les paquets cadeaux ?

Cadeau1On dirait une question d'enfant. Une question pour Noël.

Elle m'est revenue à l'occasion.

Un cadeau que l'on offre, c'est donner quelque chose sans rien demander en échange. C'est pour " faire plaisir", pour marquer un évènement heureux, pour fêter ensemble quelque chose. C'est complètement différent que d'acheter quelque chose ( les marchands et les commerçants, eux, ne font pas de cadeaux, ou des faux - on appelle ça des promotions - mais c'est pour faire acheter plus).

Un cadeau, c'est un "don" trés particulier, qui n'a pas grand chose à voir avec le besoin; c'est juste qu'en recevant le cadeau il arrive quelque chose de particulier, un cri de joie, une émotion, un petit plaisir.

Car ce qui est bien avec les cadeaux, c'est ce n'est justement pas leur valeur "marchande" qui en fait la vraie valeur; il peut-être un tout petit objet, comme un symbole. Car c'est souvent "ce qu'il veut dire" qui est important.

Le cadeau, le vrai, est comme une apparition. Il apparaît sous mes yeux.

C'est pour ça que le papier cadeau est important, la couleur, le ruban, les ficelles; c'est une tellement belle mise en scène pour l'apparition du cadeau.

Quelque chose dont je ne me doute pas va apparaître, je déchire le papier, je m'embrouille dans les noeuds de la ficelle; j'ouvre la boîte...et je sors le cadeau. C'est un moment de grâce, juste pour moi qui reçoit le cadeau, sous les yeux de celui qui fait ce don.

C'est maintenant que ça se passe, c'est le plus beau moment du cadeau; c'est un ..." présent" ( comme notre langue est bien faîte).

Ce moment de plaisir je vous souhaite de l'avoir connu pour Noël, forcément.

Mais ce symbole du cadeau et du présent, il y a plein de façons de le donner, y compris dans nos entreprises; on appelle ça la générosité; certains ont plus de mal que d'autres à la trouver. Il suffirait peut-être de juste penser à ce fameux paquet cadeau...Et à ce joli rituel qui l'accompagne, comme une chorégraphie.

C'était mon cadeau de Nöël pour mes lecteurs...Prenez le temps de défaire le paquet.


La fin d'un idéal ?

HumanisteDans son exposé à l'AJEF, Catherine Colliot-Thélène a évoqué la notion d' "exellence" dans le travail théorisée par Max Weber, notamment dans son ouvrage " L'éthique protestante et l'esprit du capitalisme".

Cette excellence, aujourd'hui, comme au temps de Max Weber, est généralement assimilée à la spécialisation. C'est en se spécialisant, en devenant expert d'un domaine, que l'on approche de cette excellence dans un métier. C'est ce que l'on attend d'un consultant-expert; c'est ce qui fait le progrès ( et ce qui d'ailleurs fait craindre à certains une panne de l'innovation, chacun se spécialisant de plus en plus, au point qu'il n'est plus possible de traiter d'un sujet sans réunir une communauté d'experts en tous genres - j'en ai parlé ICI).

Pourtant, Catherine Colliot-Thélène nous a fait remarquer que la vie de Max Weber était à l'opposé de cette "spécialisation". Je retrouve ces précisions dans son ouvrage trés pédagogique " La sociologie de Max Weber" . elle indique, outre une formation trés diversifiée, entre philosophie, droit et économie, une curiosité intellectuelle particulièrement remarquable du jeune Weber qui dévore, à l'âge de douze ans, Spinoza, Schopenhauer, Kant, mais aussi Homère, Hérodote, Virgile, Cicéron, Goethe, Machiavel. Une sorte de parcours parfait du jeune génie. Culture que l'on retrouve dans les écrits scientifiques ou politique de sa matûrité, où les champs couverts sont trés vastes.

c'est donc dans une position un peu tragique que nous le présente catherine Colliot-Thélène :

" Weber a constaté la spécialisation croissante, à ses yeux inévitable, de la formation académique, et il savait que cette spécialisation signifiait la fin d'un idéal de culture humaniste que Goethe, notamment, avait porté à l'espression dans le personnage de Faust. Mais lui-même était encore un représentant de cette culture humaniste, un personnage entre deux époques, d'autant plus sensible à ce que le présent et le futur prévisible présentaient de nouveau qu'il avait une claire conscience de ce qui s'y perdait".

Cette culture humaniste et de généraliste, elle est pourtant encore aujourd'hui défendue par certains. Cet héritage de Max Weber peut encore, peut-être, être préservé. Pour comprendre " la crise" nous allons peut-être avoir besoin de ceux qui prennent ce recul de généraliste, qui regardent les sujets et les situations avec des grilles de lecture variées, qui se réclament de la posture de Max Weber. 

Souhaitons qu'ils soient encore nombreux.


ambire

AmbitionIl est facile et courant d'entendre que, pour faire réussir une entreprise, il faut lui donner une " ambition forte".

Malheureusement, une fois dit ça, on se trompe aussi souvent sur ce que veut vraiment dire une " ambition" pour une entreprise, et quelle formulation de cette ambition est la plus à même de la faire réussir.

Je trouve dans l'ouvrage d'Olivier Vassal, " Quand le don de soi ne va plus de soi...", quelques éléments de réponse intéressants.

" Issu du latin ambire, "entourer", l'étymologie de ce mot n'est pas anodine. Affirmer une ambition ce n'est pas fixer quelques grands objectifs, aussi "ambitieux" soient ils. C'est englober dans un ensemble cohérent la raison d'être ( ce que je suis, et pourquoi j'existe, ce à quoi je crois) et la vision (comment je vois le monde). C'est à sa capacité à relier qu'on juge la valeur d'une ambition*;

Et pour définir ce qui fait d'une ambition un vrai levier de changement, Olivier Vassal nous livre trois caractéristiques qui font une "bonne" ambition :

 " 1. Elle est attrayante, et ceci quels que soient les publics auxquels elle s'adresse. A cette fin elle dépasse forcément l'expression d'un couple croissance/rentabilité.

2. Elle est claire, simple à saisir comme à exprimer. Dans ce cadre, il faut veiller à lui donner un contenu concret et éviter les expressions toutes faites. Plus que les mots utilisés, ce qui est important c'est la crédibilité qu'on leur attache. Il faut bannir toute ambiguïté, donner une direction claire qui ne nécessite pas d'explications alambiquées.

3. Enfin, elle est réaliste car étayée, et n'est en rien un acte de foi qui prendrait l'interne en otage. Elle est par contre un véritable engagement qui s'impose à tous et ne souffre pas d'exception".

Ces qualicatifs, claire, simple, engageante, réaliste, ont de quoi rendre ambitieux sur l'ambition.

Ceux qui n'y arrivent pas trop sont ceux qui croient berner leur monde avec des mots creux, et qui n'expriment pour leur entreprise que des objectifs de chiffre d'affaire, de rentabilité, de taux de croissance.

Tous ces objectifs sont certes utiles pour mesurer les progrès, mais ne permettent pas à eux-seuls d'affronter les difficultés, les échecs, les découragements, ni d'entraîner les collaborateurs. Car si les objectifs peuvent rendre responsables les collaborateurs, ils ne parviendront jamais à les impliquer. C'est toute la différence, comme le dit Olivier Vassal dans son livre, entre fonctionner et construire.

A l'heure où l'on se demande, dans nos entreprises, ce qui va se passer en 2012, c'est peut-être le bon moment d'aller revoir nos ambitions, notre raison d'être, et de réaffrimer une vision.

Car une bonne ambition, si l'on en croit la source étymologique, c'est le meilleur moyen de bien " s'entourer".


Différence

DifferentsLa dernière conférence de l'AJEF, dont je rend compte régulièrement, comme ICI, était consacrée à Max Weber, par Catherine Colliot-Thélène, professeur de philosophie à l'Université de Rennes.Le sujet générique de ce cycle de conférences est :

Qu'est-ce qui fait société ? La religion, l'Etat, l'Economie ?

On y parle, à partir d'un philosophe politique, de ce qui fait notre " vivre ensemble", et des théories sur le sujet.

Catherine Colliot-Thélène connaît tout de Max Weber, y compris les détails de sa vie. Et quelle vie !

Cet auteur, qui vécut de 1864 à 1920 en Allemagne, elle nous l'a décrit comme un personnage " hors normes", considéré aujourd'hui comme un des éléments fondateurs de la sociologie moderne ( le mot sociologie n'existait pas à l'époque, et Max Weber contribuera à le faire naître). Cet auteur célèbre pour sa critique du capitalisme moderne est en effet un personnage singulier.

Il fréquente des disciplines diverses, l'histoire, l'économie, le droit, s'intéresse aux religions ( même s'il dit ne pas avoir l'oreille musicale pour la religion), à toutes les religions, au point de se consacrer à l'éthique économique des grandes religions du monde).

Pourtant son oeuvre n'est pas composée de volumes bien structurés, mais plutôt de notes, d'articles ( les dits articles faisant parfois jusqu'à 150 pages au point de ressembler à un livre), sans titre ( le titre d'un de ses ouvrages les plus célèbres " Economie et Société" n'est pas de lui, et certains contestent que Max Weber ait pu mettre un tel titre sur l'ouvrage).

C'est un professeur, mais qui a trés peu enseigné, car la maladie et la dépression l'ont empêché; il s'est plutôt consacré à la recherche. Il est connu pour des conférences célèbres, qu'il tenait dans des cafés.

Son apparence, aussi, en fait un être à part : les habits, les cheveux, le regard, tous les témoins de l'époque témoignent de son côté, on dirait aujourd'hui marginal.

Et pourtant, ces mêmes témoins relatent la fascination que ses conférences exerçaient sur l'auditoire; et ses écrits, encore aujourd'hui, en font une sorte de "vache sacrée", c'est à dire un auteur qu'on ne peut qu'invoquer.

Catherine Colliot-Thélène a ensuite essayé de rapidement nous faire sentir cette fascination, ce caractère extraordinaire de l'auteur, qui, dans les années 70, a été l'idole des intellectuels qui ne voulaient pas du marxisme; avec un regain encore fort dans les années 90 et 2000.

Difficile de dire si c'est ce côté marginal, pas comme les autres, qui en fait un auteur hors du commun; Catherien Colliot-Thélène ne l'a pas formellement exprimé, mais on sentait quand même que cette fascination faisait partie de sa vocation pour s'être ainsi passionnée pour Max Weber.

Alors, pour exister, il faut être différent ?

A côté de moi pour assister à cette conférence se trouvait justement Charles : Charles, il est à un croisement important de sa carrière, car il va choisir son orientation pour ses études supérieures. Il hésite, lui entre les fillières les plus tracées ( la prépa, les grandes écoles, Sciences Po, HEC, l'ENA,...), il est bien renseigné.

Et puis, il est sûrement aussi attiré par les figures originales, ceux qui sont devenues des stars des affaires, de la créativité, de l'innovation, qui ont réussi leur vie sans suivre ces chemins tout tracés...Alors, forcément, Max Weber, ça l'interroge. Pour devenir Max Weber, fasciner les foules, c'est peut-être pas les parcours trop bien balisés qu'il faut prendre, mais les chemins de traverse ? Entreprendre, mordre dans la vraie vie, toucher à tout.

 Il me demande conseil...

Pas facile...ce dilemne que l'on rencontre tout le temps entre faire ce qu'il faut faire, reproduire les bonnes pratiques de ceux qui nous ont précédé, ou prendre des risques, faire différent, mais comment ?

Qui aurait pensé que Max Weber inspirerait une telle discussion ? Et Max Weber, il m'aurait conseillé quoi ?

Pas sûr que ses oeuvres nous apportent la réponse....quoique....


Soif

Source-eau-qui-jaillit"Ne désespérez pas les formidables attentes de vos concitoyens et de vos salariés, libérez leur créativité, et épanchez leur soif de reconnaissance".

Qui envoie ce message aux décideurs politiques et économiques, à nous, les managers et les dirigeants d'entreprises ?

Jean-Paul Delevoye, président du CESE ( Conseil économique, social, etenvoronnemental), dans un entrerien à La Tribune début décembre.

Pour Jean-Paul Delevoye, nous sommes à la fin d'une société de consommation qui détruit la richesse individuelle, et où l'homme vaut plus pour ce qu'il dépense que ce qu'il pense.

Dans notre société d'aujourd'hui, il est difficile d'imposer le collectif; l'individu a soif de liberté et ne veut plus appartenir à un camp, il veut choisir son camp.

" Il ne faut plus obliger les gens à adhérer, il faut les amener à aimer choisir".

Car, comme l'a déjà dit Saint Ignace de Loyola, choisir c'est préférer.

Cette remarque qu'il adresse aux citoyens et politiques, on peut la reprendre pour nos organisations et entreprises. Nos équipes se construisent de plus en plus, elles aussi, par le rassemblement volontaire de ceux qui " aiment choisir" ensemble.

Jean-Paul Delevoye veut faire du CESE une " maison des citoyens", afin de permettre à des citoyens de s'approprier les enjeux. Car les citoyens veulent être les co-producteurs du futur.

"Les idées n'appartiennent pas à ceux qui dirigent".

 

Ce qu'il aimerait voir mobiliser ce sont ce qu'il appelle " les ressorts politiques civiques de générosité assez fabuleuse".

Co-création, les idées qui n'appartiennent pas à ceux qui dirigent, la créativité, la soif de reconnaissance, la générosité.

Pour une fois, c'est un politique qui nous rappelle ces vérités pour "vivre ensemble" dans nos organisations. C'est d'ailleurs le titre de la réflexion qu'il vient de lancer au CESE.

Une bonne raison d'y être attentif.


Quel entrepreneur pour le XXIème siècle ?

AthleteQuand on parle d'entrepreuneur, on parle de quoi ? de qui ?

C'est en train de changer;

Le matérialisme fait la place à des comportements plus humanistes.

Car la nouvelle civilisation du XXIème siècle est, selon Rifkin, celle de l'empathie.

C'est le sujet de ma chronique mensuelle sur " Envie d'entreprendre".

Retrouvez-la ICI.