Je m'voyais déjà...mais où ?
Bon Anniversaire la Folie !

Ecouter Moscou

Moscou_9L'écoute : nécessaire pour bien comprendre, pour bien répondre.

L'écoute, c'est le premier commandement : " Ecoute, Israël...tu aimeras...".

Ce n'est pas si facile car, lorsque que l'on se tait pour écouter, ce que l'on entend d'abord, ce n'est pas le silence, c'est le bruit de nos pensées, de nos représentations, des concepts que nous nous sommes forgés, de tous les stéréotypes que nous avons accumulés.

Et pourtant, celui qui n'écoute pas a du mal à progresser. Pour un consultant,l'écoute, c'est même une condition de survie dans la compétiton pour les clients.

Alors, cette année, pour le séminaire de PMP, qui vient de s'achever, nous sommes allés mettre à l'épreuve notre écoute à Moscou.

J'ai déjà évoqué ce séminaire annuel, point d'orgue et fierté de notre communauté de consultants, notamment l'année dernière à Bilbao. Ce sont des séminaires " expérienciels", où le lieu que nous visitons nous inspire pour réfléchir à nous, à notre performance individuelle et collective, à notre développement, notre stratégie, aux valeurs de notre entreprise, et au service pour nos clients.

Nous sommes tous partis avec nos stéréotypes sur Moscou, et avons pris le temps, dès le début de les échanger et de les écrire. Et ensuite, c'est parti pour la découverte.

Forcément en partant à Moscou, on a en tête la vodka, l'alcoolisme, la corruption, la brutalité des Russes, etc.. Rien de toujours vraiment bienveillant; même si on a aussi parlé de romantisme, de musique, de littérature, mais c'était il y a longtemps, au XIXème siècle.

Pour se confronter à Moscou, nous sommes allés à la rencontre de la religion orthodoxe, grâce aux églises moscovites, aux icônes, dont la plus belle collection au Monde est visible à la galerie Tretiakov, avec notamment celle de la Trinité écrite par Andreï Roublev ( qui date d'environ 1410), car on ne peint pas une icône, on écrit une icône.

La religion orthodoxe, c'est aussi celle des hésychastes et des pères du désert, ces moines qui se retirent dans le silence et la conscience de Soi, pour y rencontrer la Prière inérieure et perpétuelle. Cette concentration, ce recentrage, le rôle du silence et de l'Ecoute, sont aussi source d'inspiration.

" Tous les exercices du moine le conduisent vers un plus profond silence : silence des lèvres, silence de l'esprit, silence du coeur. Chacun de ces silences demande une maîtrise particulière. Le silence des lèvres dépend de notre volonté, le silence de l'esprit dépend de notre attention dans la prière, le silence du coeur est un don de la grâce". ( Jean-Yves Leloup - Paroles du mont Athos).

Et pour nous préparer, nous avons lu les " Récits d'un pélerin russe", ce petit livre, dont l'auteur est resté anonyme, qui constitue l'un des plus beaux textes spirituels de l'orthodoxie russe. Ces récits sont aussi un témoignage sur ce " besoin de repartir sans cesse à la recherche de ce qu'il est impossible de trouver" ( Dominique Fernandez - Russies). Et la compréhension de cette attitude russe est aussi une inspiration pour mieux comprendre les secrets de l' " âme russe" peut-être.

Nous nous sommes aussi plongés dans la musique, en visitant le conservatoire de musique Tchaikovski, qui a eu comme professeur le grand Tchaikovski, mais aussi Rachmaninov; et qui ne compte plus ses élèves qui sont devenus des stars mondialement reconnues ( Sviatoslav Richter, Yuri Bashmet,...).

Danse aussi, avec une représentation du " Lac des cygnes" par la troupe du BolshoÎ, la perfection technique, et l'enchantement des sens. On commençait à aimer Moscou...

Moscou, aussi, pour l'histoire et le pouvoir : le Kremlin, qui nous rappelle l'Empire Russe ( et comment ne pas s'interroger sur ce qui fait un Empire, et comment il se développe; y compris dans le monde des affaires et de la compétition entre les entreprises - et pourquoi pas sur l'Empire de PMP ?).

Et enfin, Moscou, dans sa vie contemporaine, en rencontrant une Manager russe d'une entreprise de technologie, un dirigeant de la chambre de commerce franco-russe, et un dirigeant local franco-russe d'un Groupe international.Tous, ils aiment Moscou, ils croient en sa réussite pour demain,

En parlant d'amour, on écoutait mieux...

Oui bien sûr, tout n'est pas complètement parfait.Ils nous font sentir les paradoxes, les contrastes, de Moscou aujourd'hui. On sentait aussi cette liberté de parole, cette capacité à voir les problèmes et les difficultés en face, mais sans se décourager.Les Russes ont l'air froid, et sont aussi trés chaleureux.

Des difficultés, mais aussi des richesses, des qualités humaines : pour entendre Moscou, il nous fallait lutter à tout moment contre ces stéréotypes que nous avions emportés : oui, Moscou, c'est pas Shanghaï; ce n'est pas non plus la ville qui attire comme New-York, oui, les rues ont l'air grises. Les bâtiments sovétiques côtoient les églises aux couleurs chatoyantes. On sent la ville en transition.

Alors, pour trouver ce " silence du coeur", éviter de laisser nos " stéréotypes" nous rendre sourds, il fallait faire cet effort; Effort qui est nécessaire dans de nombreuses situations que nous rencontrons par ailleurs. Nous avions d'ailleurs aussi écrit au début de ce séminaire les " stéréotypes de PMP"...

En écoutant Moscou, nous pouvions retoruver la posture de l'hésychaste :

" Tendre l'oreille, et parfois résister au désir d'entendre quelque chose, jusqu'à ce que le silence creuse en nous un plus haut désir. Comprendre alors que celui qui nous parle ne nous dira jamais un mot..." ( Ecrits sur l'hésychasme - Jean-Yves Leloup).

Espérons que nous sommes revenus de ce séminaire avec un peu moins de stéréotypes, plus d'écoute et de bienveillance; et pour certains l'envie de revenir pour poursuivre.

" Ecouter nous tait de toutes parts et dans ce silence nous saisissons à quel point l'Autre est tout Autre et à quel point il existe" ( Ecrits sur l'hésychasme - Jean-Yves Leloup).

On pense aussi au Petit Prince de Saint-Exupery, qui nous rappelait que " on ne voit bien qu'avec le coeur".

Car voir demande autant d'attention que d'écouter. Notre regard, lui aussi, est souvent chargé de mémoire, de jugements, de comparaisons. Là encore l'hésychaste nous aide à " purifier notre regard" :

" Cesser de mettre des étiquettes.

Passer de l'observation à la contemplation, tel est le mouvement de la prière des yeux.

Saisir tout ce qu'il y a d'invisible dans ce que l'on voit.

Aller vers ce point inaccessible où se rencontrent les regards.

Voir devient vision.

Vision devient union.

Nous lui devenons semblable parce que nous le voyons tel qu'il est".

Souhaitons ce même voyage, à Moscou ou ailleurs, à tous ceux qui ont, comme nous, envie de cette écoute, la nôtre et celle des autres, et de voir bien ( avec le coeur) : c'est aussi ça la performance, non ?

NOTA : Notre voyage a été organisé avec Frédérique Doillon, entrepreneure à Moscou depuis 18 ans; elle nous a accompagné avec son coeur et son amour de Moscou et de la Russie; je vous la recommande chaleureusement..

Vous pouvez la joindre ici : [email protected]

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