L'orchestre pique sa crise...
21 septembre 2011
La crise va se nicher là où on ne la croyait pas possible..
Le Monde de mardi dernier consacre un article aux " Big Five", les cinq orchestres philarmoniques les plus prestigieux des Etats-Unis ( Chicago, Cleveland, Philadelphie, New York), qui sont en tournée invités par Pleyel cette année.
Ces orchestres sont financés à plus de 50% sur des fonds privés, contrairement à l'Europe où leurs homologues bénéficient de subventions publiques. Et l'argent venant moins facilement vers ces orchestres, il a fallu prendre des mesures drastiques pour réduire les dépenses, et mieux gérer. Et même annuler certaines tournées ( pas celles de Paris, rassurons-nous).
L'orchestre de Philadelphie s'est même mis en faillite, du fait de pertes de l'ordre 14 millions de dollars.
Et l'article nous montre combien il a fallu que ces entreprises se bougent : campagne de financement, réduction des salaires des directeurs et salariés. A l'orchestre de Cleveland, les musiciens vont devoir faire don de services de répétition. Bien sûr, les coûts administratifs, et notamment les effectifs, sont rabotés.
Et puis, il ne suffit pas de toucher aux dépenses, le service client doit, plus que jamais, être irréprochable : Le board de l'orchestre de Philadelphie rappelle ainsi que " Aucun philanthrope ou donateur n'aura d'intérêt pour l'orchestre si le niveau et la qualité musicale baissent".
Autre point à surveiller : le chef d'orchestre : " Se contenter d'être un excellent directeur musical ne suffit pas, il faut aussi assumer les fonctions de personnage public". C'est ainsi que les orchestres organisent des tombolas dont le prix pour l'heureux gagnant est une soirée privée avec le maestro. Et celui-ci est aussi sollicité pour se montrer dans diverses " communities".
Ces principes de management simples ( le service client, la maîtrise des coûts, le marketing), on n'est pas habitué à les retrouver quand on évoque les orchestres et leurs chefs.
Changement de décor, justement, si l'on revient en France. Roberto Alagna nous racontait lundi, dans le Figaro, qu'il était " déprimé" par une histoire qui l'a bouleversé : alors qu'il était en répétitions pour le "Faust" de Gounod, programmé à l'Opéra Bastille à partir de cette semaine, il s'est accroché avec le chef d'orchestre, Alain Lombard, qui a finalement décidé de quitter le poste, et est remplacé in extremis par Alain Altinoglu.
Que s'est-il donc passé ?
Apparemment le chef alain Lombard n'a pas apprécié les retards de la star Alagna lors des répétitions.
Ce qui est sidérant, c'est de lire les explications qu'il donne :
" Le premier retard était dû à un accident sur la route ( je précise que le maestro a exigé des répétitions le matin, que je vis en banlieue, ce qui m'impose une heure et demie de route à l'heure de pointe et donc de me lever à 7 heures du matin). "
" Le deuxième retard était de sept minutes, ce qui serait passé inaperçu si la répétition avait commencé par l'air de Siebel comme prévu...mais Alain Lombard, croyant que je n'allais pas arriver, a renvoyé tout le monde en pause."
Le rapprochement des deux récits est éloquent : d'un côté des orchestres qui traquent l'excellence; de l'autre la drôle de complainte de la star qui doit se lever à sept heures du matin ( un drame que personne ne connait), et qui se donne le droit de se faire attendre par toute une entreprise...
Bon, Roberto, on ne t'en voudra pas trop; j'irai quand même te voir à Bastille; mais sois à l'heure, s'il te plait; ne laisse pas Marguerite toute seule...Et sois parfait.
Financer des oeuvres culturelles en france par l'état ? Quelle drôle d'idée ? (ironie ... que se soit des œuvres philharmonique ou de simple salle de proximité pour y faire jouer des artistes, ça ne se verra jamais)
Rédigé par : Sté RSS | 27 septembre 2011 à 01:25
Sans absolument défendre Alagna dans cette affaire, j'attire votre attention qu'un chanteur chante avec sa voix. C'est un instrument délicat que des levés à 7h00 du matin peuvent fragiliser. Une des premières responsabilités d'un manager n'est-elle pas de préserver la sécurité des personnes et des moyens de production ? Chez les chanteurs, c'est la même chose ;-)
Rédigé par : Alain Guercio (Classissima) | 18 octobre 2011 à 07:42