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Vive l'échec ? Pas en-dessous du menton

Echec

Quand on parle des entrepreneurs on raconte toujours de belles histoires de réussites exceptionnelles. Avec le super coup de chance qui fait qu'on est devenu multimilliardaire.

Mais c'est une façon un peu déformée de présenter les entrepreneurs; et même mensongère. Car les entrepreneurs sont aussi, souvent, ceux qui ont connus de gros échecs; et même, quand ils en parlent, ils disent que c'est pour ça qu'ils ont réussi aprés.

Au point que quand certains investisseurs étudient les projets d'entrepreneurs à la recherche de capitaux, ils se méfient des entrepreneurs qui n'ont pas encore connu d'échec; cela pourrait bien être cette fois ci. Pour eux, l'échec rassure.

Bien sûr, il y a les échecs qui tuent, et les échecs qui font grandir, le tout étant de savoir rebondir. Tout dépend de l'attitude et de la psychologie. C'est comme ça qu'on détecte les vrais entrepreneurs.

"Rebondir sur les échecs", c'est précisément le titre d'un des chapitres du dernier livre de Richard Branson, dirigeant du groupe Virgin, " Réussir...et aprés".

Il nous raconte ainsi des épisodes parfois assez durs de son parcours d'entrepreneur, qu'on a peut-être parfois un peu oubliés.

C'est cette histoire du jour où un train de Virgin Rail a déraillé en février 2007, dansle nord de l'Angleterre. Pendant dix ans les trains Virgin avaient transporté des centaines de milliers de passagers en toute sécurité, et là, boum. Avec des passagers tués.

Autre récit, moins dramatique : l'aventure de Virgin Cola, lancée en fanfare, et fortement combattue par des "commandos" de Coca Cola, venus faire pression sur les distributeurs pour empêcher Virgin de pénétrer le marché, plus une trés dure guerre des prix. Résultat : Virgin KO, exit Virgin Cola.

Mais l'histoire la plus cruelle pour Richard Branson, c'est celle de la tentative de rachat de la banque Northern Rock.

Ayant monté une équipe qu'il considérait comme exceptionnelle, Richard Branson nourrit le rêve qu'il va monter, en reprenant cette banque, la banque Virgin, celle dont il rêve, et dont il veut que les clients rêvent.

Malheureusement, ça ne se passe pas comme prévu, les politiques s'en mêlent, l'accusant de profiter de la faiblesse de cette banque pour s'enrichir, avec la complicité du gouvernement. Les médias s'y mettent; il devient l'homme à abattre, celui qu'il faut empêcher de mettre la main sur la banque Northern Rocks.

Et ça finit lamentablement, le Premier Ministre Gordon Brown annonçant qu'il nationalise la banque; car, dit-il à Richard Branson, c'est la seule solution.

Ce sont ces moments qui testent, finalement, le vrai entrepreneur.

Au début, il y a les regrets : Avoir travaillé d'arrache pied, avec une équipe super motivée, des super pros, pour en arriver à une fin aussi brutale, c'est dur à encaisser.

On tire des leçons amères, on se laisse gagner par une certaine forme de cynisme :

" En réfléchissant bien, je me dis que toute la saga de Northern Rock est typique d'une situation où le gouvernement manque de vision à long terme, en préférant une solution politique médiocre. Virgin avait voulu aider Northern Rock pour qu'elle puisse continuer à vivre. Avec la banque Virgin, nous aurions eu une société brillante et nous aurions créé des emplois. Le gouvernement était à des années lumière de l'innovation et du développement de la concurrence sur le marché bancaire, pourtant bien nécessaire. Il faut avant tout préserver le gentil contribuabledes risques de la faillite.

Qui peut croire que les gouvernements ou les fonctionnaires sont capables de diriger des entreprises ?".

Forcément on se lâche un peu, et Richard Branson nous le fait vivre, avec humanité :

" J'étais abattu par la mauvaise nouvelle. Des dizaines de personnes de Virgin avaient travaillé sans relâche pendant cinq mois pour aboutir à rien. (...). Il me fallait faire le deuil des accords les plus audacieux qu'on ait jamais imaginés".

Alors, il dit, au moment où il apprend la nouvelle, à son entourage :

" Si vous n'y voyez pas d'inconvénient, je vais prendre une cuite".

Mais ce qui est intéressant à lire, c'est ce qui se passe aprés; finalement, Richard prend le recul, trés vite :

" Quand les astres sont contre vous, il n'y a rien à faire. Vous pouvez bien laisser votre colère exploser en hurlant et vociférant, mais ça ne sert à rien si ce n'est à perdre du temps".

Et puis, trés vite également, il passe à une nouvelle opportunité que lui propose une de ses collaboratrices. C'est ça le rebond, cette capacité à repartir, qui est le plus difficile, on le sent, et qui fait la force et le courage de l'entrepreneur.

Son conseil pour nous, entrepreneurs d'aujourd'hui ou de demain, il est simple finalement :

" Ne vous laissez pas abattre".

" Si vous devez recevoir des coups, arrangez vous pour qu'ils ne vous atteignent pas en-dessous du menton; si vous avez mal, léchez vos blessures et relevez-vous. Si vous avez fait de votre mieux, ne perdez pas une seconde. Continuez à avancer !"

Comme il le fait remarquer à la fin du chapitre, avec la crise qui n'est pas finie, les difficultés des affaires qui sont encore là, nous allons forcément connaître, tôt ou tard, ce genre de situation. Et il nous dit :

Alors, bonne chance !

Prenons ce " bonne chance" de Richard Branson comme un vrai présent pour l'avenir de chacun...Merci !


Gouvernance : la fin du pouvoir ?

Boussole

Diriger une entreprise, une équipe, un projet, ça avait l'air simple : je dirige, ils obéissent.

Et pourtant, aujourd'hui, comment ne pas constater que le pouvoir est à la baisse dans l'opinion.

On parle maintenant des pouvoirs, au pluriel, qui se multiplient : le pouvoir des fonds de pension, le pouvoir des médias, le pouvoir des lobbyes, le pouvoir des vieux, des énarques, etc... Il y en a partout. Alors, vouloir être le chef, qui a LE pouvoir, dans un tel bordel, c'est pas facile.

Le pouvoir, ça n'est plus possible : les blogs, les masses, les écologistes, ils sont là pour empêcher et contraindre les chefs. Pas facile de se faire obéir si on les contredit.

C'est encore plus inimaginable dans une grande entreprise ou organisation. Dans son dernier ouvrage, "Réussir...et aprés", Richard Branson, le charismatique patron du groupe Virgin, qu'il a créé, fait une prédiction :

" Les patrons qui se vantent d'afficher un chiffre d'affaires de 100 milliards de livres avec 100 000 salariés appartiennent à la préhistoire. Avant dix ans, ils auront disparu, comme les dinosaures, sauf s'ils ont su morceler leur affaire en cent ou deux cents entreprises, chacune responsable de sa gestion et de ses comptes, avec chiffre d'affaire d'un demi-milliard".

Ce qui a bonne presse par contre, ce qui s'oppose à ce pouvoir, c'est le chouchou des libéraux, c'est : la gouvernance.

La gouvernance, c'est quelque chose qui remplacerait toute forme de contrainte, qui permettrait de mettre spontanément en oeuvre des valeurs de "bonne gouvernance" : la solidarité, le développement durable, le respect, de diversité,...On peut charger autant qu'on veut, la gouvernance est une bonne fille.

C'est aussi cette "corporate governance" qui permet le grand amour entre les dirigeants et les actionnaires, avec des mécanismes explicites ou implicites que le MEDEF aime bien mettre dans des chartes. C'est ainsi que les salaires des patrons, grâce aux règles de "gouvernance", deviennent acceptables par l'homme de la rue.

Cette idée de gouvernance semble s'opposer à celle de hiérarchie ou d'autorité. Il y aurait comme une façon naturelle de manager l'entreprise, et ses collaborateurs, qui dispenserait ainsi le dirigeant de prendre des décisions, surtout celles qui fâchent. Parfois, on met les consultants dans le coup: dites-moi, Monsieur le Consultant, ce qu'il faut faire, et surtout que cela soit accepté par tous (on appelle ça la gestion du changement, ça permet notamment de ne pas trop changer).

Cette gouvernance, elle est le symbole de la modernité, du pragmatisme. Dans un projet, une strqatégie, la bonne gouvernance, c'est le facteur-clé de réussite. Elle est aussi le secret pour régler tous les conflits d'intérêts.

Elle recouvre, en vrac, tous les critères possibles d'honnêteté, de bonne gestion, de contrôle des gouvernés comme des gouvernants.

La mode a dépassé le cadre des entreprises; la bonne gouvernance, aujourd'hui, c'est aussi celle des Etats, des organisations internationales. La fin du pouvoir pour tous : vive la "gouvernance mondiale".

On est alors dans un système qui fait croire que la décision devient quelque chose qui advient naturellement, comme la résultante de tout un tas d'actions : co-gestion, intelligence collective, codirection. L'autorité disparaît au profit du consensus.

C'est pourquoi quand j'entend certains dirigeants parler un peu trop de "gouvernance", et de toutes les merveilleuses règles qu'elle permet de faire jouer, comme une belle horlogerie, je me méfie toujours un peu.

Car cela peut parfois signaler une démission de leur pouvoir, signifiant leur incapacité à choisir et à décider (c'est l'horreur  de travailler avec des gens pareils; ils sont toujours insatidfaits, sauf quand on ne change rien).

Ou pire, cela peut aussi indiquer une forme subtile de manipulation, où la décision du chef est déguisée en gouvernance, en faux consensus, tous les béni-oui-oui de ses équipes n'osant pas le contredire, ou émettre une opinion divergente (alors qu'ils n'en pensent pas moins).

Alors, en ce temps où la gouvernance devient tellement à la mode, peut-être faut-il réhabiliter le pouvoir, celui qui permet aux innovateurs, aux entrepreneurs, de prendre les risques que d'autres ne veulent pas prendre. Et de faire bouger les entreprises, les équipes, d'oser des fonctionnements différents.


Peut-on encore oublier ?

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Pas facile d'oublier ou de se faire oublier à l'ère du web et des médias sociaux...

D'un clic on retrouve tout, les bons et les mauvais souvenirs; et l'entreprise ne peut plus maîtriser ce qu'on dit sur elle via tout ce que racontent les collaborateurs, leurs amis, et les amis de leurs amis.

Pourtant, l'oubli n'est-il pas une vertu indispensable au développement humain des collaborateurs et des organisations; ne plus oublier, c'est s'enfermer dans le passé.

Alors, pour s'en sortir, quelles nouvelles règles pour nos entreprises ?

C'est le sujet de ma chronique mensuelle sur "Envie d'entreprendre".

N'oubliez-pas d'y aller voir....