Français et chinois en réunion : ne pas mélanger !
16 décembre 2010
Discussion cette semaine avec un dirigeant d'une entreprise chinoise implantée en Europe, et une spécialiste du management dans la culture chinoise.
Le sujet, c'est : qu'est ce qui est différent chez les chinois en terme de management, lorsqu'ils sont "mélangés" avec des non chinois ? Dans l'entreprise en question, il y a 40% de chinois (surtout parmi les chefs) et 60% de non chinois.
Chez les chinois, ce qui compte, c'est la personne et la relation que les personnes ont entre elles. Ainsi, pour un collaborateur subordonné, le principal est de flatter le chef, de ne jamais le contredire; Et la hiérarchie est de première importance.
Ainsi, une réunion avec des chinois : le premier qui parle c'est le moins gradé, puis la parole est du moins gradé au plus gradé; à grade égal, le dernier mot revient à celui qui est dans le grade depuis le plus longtemps. Dans cette réunion, personne ne va dire qu'il n'est pas d'accord; pour exprimer ce qui pourrait être un désaccrod, il convient de ne rien dire, ou bien de parler d'autre chose. C'est à ces signaux faibles et subtils, mais qu'un chinois prend l'habitude de repérer, que l'on comprend ce qui se passe.
En fait, dans ce genre de réunions, il ne se décide rien; juste un échange formel de respect hiérarchique.
Alors, forcément, le dirigeant évite de mettre des français dans les réunions "de chinois".
Les chinois voient d'ailleurs les réunions avec les français comme pas du tout efficaces : les français, vus par les chinois, parlent beaucoup en réunion, aiment le débat, mais ils n'écoutent pas; ils se disputent; il n'y a pas d'harmonie.
Toute notion de consensus, qui pourrait sembler ressortir des réunions de chinois qui ne se contredisent pas, est, aux yeux des français, perçue comme suspecte. Essayez d'imaginer un adjectif qui irait particulièrement bien aprés le mot consensus..
UN consensus....
Et oui, vous l'avez dit : un consensus mou. C'est à dire une situation d'a peu près, de faible mobilisation des équipes, d'efficacité pas terrible.
Alors, finalement, c'est quoi la bonne réunion ?
Le dirigeant ne tranche pas, car l'harmonie c'est bien; cet échange de bonnes paroles, cela permet de garder ce sens des relations, le respect de la famille.Dans la culture chinoise, les relations interpersonnelles sont prépondérantes.
Mais le débat, c'est ce qui fait progresser; c'est ce qui permet de fixer des challenges, d'envisager des alternatives auxquelles on n'aurait pas pensé tout seul. A conditions que ça soit pas le bazar.
Bon, le mot "harmonie", trés chinois, on retient.
On ajoute dialogue, dynamique, brainstorming.
On enlève le bazar.
Le mélange reste à inventer; à expérimenter.
Et si l'on mettait un peu de chinois dans nos réunions françaises ? L'harmonie ?
Commentaires