L'Autre
18 octobre 2010
Pour imaginer le futur, de notre business, de notre entreprise, il semble évident que la réflexion à plusieurs, la co-création, sera plus riche et plus inspirante que de réfléchir tout seul.
Cela fonctionne d'autant mieux que l'on est capable d'inclure dans le cercle de la réflexion le maximum de personnes différentes.
C'est exactement sur ce principe que se développent les démarches dites d'"open innovation".
Cette démarche, et son succès, commence d'abord par soi-même.
Celui qui nous empêche souvent d'ouvrir suffisamment, on le connaît tous, c'est "l'autre".
L'autre, c'est celui qui est en face, qui n'est pas comme moi, qui est dans le pire des cas mon ennemi, mais aussi, dans sa version la plus soft, celui que j'ignore, qui n'est pas "de mon monde".
c'est la personne que je n'aime pas, en qui je n'ai pas confiance, qui me fait peur, que j'évite; celle dont j'ai décidé qu'elle ne m'apportera rien, et donc je l'ai supprimée de mon environnement.
Certaines personnes ont une démarche qui consiste à voir de plus en plus d'"autres" croiser leur chemin, qui les empêchent d'agir et de réussir; ce sont ceux qui voient surgir autour d'elles des personnes qu'elles évaluent comme hostiles. Elles se recroquevillent dans leur petite boîte, elles ont peur, du présent comme du futur; elles ont envie de se défendre, de se cacher, ou de fuir. Elles vivent dans un système d'exclusion. Et la communication avec elles est trés difficile.
Et puis, le comportement opposé, c'est celui qui ouvre toujours, pour qui l'Autre est une diversité, une opportunité, qui goûtent l'inconnu et le changement; ce sont ceux qui fondent leur créativité sur des rencontres, des contacts, des discussions avec des personnes qui ne leur ressemblent pas; ce sont les jeunes qui veulent parler avec des seniors, et inversement; ce sont les attitudes d'écoute entre ceux qui croient à gauche, et ceux qui vivent à droite; ce brassage bienveillant, il est source de création, d'invention, de développement, d'ouverture. C'est de lui que viendront avec certitude les idées nouvelles.
Alors, forcément, on se fabrique nous-mêmes nos "Autres", les gentils comme les méchants.
Et nous sommes les architectes des boîtes qui nous entourent.Mais aussi rejetés par les boîtes de ceux qui s'enferment, et que l'on sent souffrir dans les prisons qu'ils se fabriquent sans être capable de ne rien faire pour eux, sauf s'en défendre pour éviter les coups.
Cela vaut aussi pour l'intelligence collective d'une organisation. Si les "Autres" se développent et s'affrontent dans l'entreprise, tout se bloque, les énergies créatives ne circulent plus, l'innovation s'enfuit, effrayéé.
C'est la raison pour laquelle la préservation de cette inclusion est majeure pour le bon équilibre et le bon développement de l'organisation.
Les organisations dont les leaders et managers démontrent une capacité d'inclusion vont aider l'intelligence collective et l'innovation.
Cela rappelle quelques vers :
" J'ai dans ma mémoire mes faiblesses,
Mais au creux de mes mains,
Toutes nos forces aussi,
Mais alors pour vaincre la tristesse,
Surmonter nos doutes,
Il nous faut un ami,
L'ami, c'est lui.
Mais qui est l'Autre,
Quel étrange messager, "
Oui, c'est une chanson de Mylène Farmer...trés inclusive, comme le montre cette émotion avec son public...
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