Grandir ?
09 mai 2010
Quand est-ce qu'une entreprise devient mature ?
J'observais directement cette semaine le passage d'une start-up, et de son jeune dirigeant, d'une phase de création, un projet individuel, avec quelques "amis",avec l'inconnu et le risque du projet, à une nouvelle phase où des investisseurs plus institutionnels viennent financer, par une augmentation de capital, la poursuite du développement de l'entreprise. Cela devenait tout d'un coup "du sérieux".
C'est un moment important, car l'entreprise, et son dirigeant, vont maintenant avoir à rendre des comptes à des actionnaires variés, plus regardants sur la performance financière, la stratégie. On va utiliser des mots plus "corporate", on va regarder les business plans, on va observer les plans marketing, etc..On a l'impression de sortir d'une adolescence agitée pour passer à une phase plus adulte.
On resentait ce mélange de fierté, d'émotion, mais aussi d'envie de ne pas décevoir, l'envie d'une aventure ambitieuse. quelque chose de touchant.
Ce passage, il fait partie de la vie de nombreuses entreprises, et il ne s'arrête jamais. Car une entreprise passe toute sa vie d'une phase à une autre; les crises, comme en cemoment pour certaines, sont l'occasion de ces remises en couse, de la recherche d'un nouveau départ.
Et grandir, pour une entreprise, cela peut se regarder de plusieurs façons.
Je trouve une jolie métaphore ici :
" Pour grandir, observez simplement un arbre. Plus l'arbre grandit, plus ses racines deviennent profondes. Il y a un équilibre - plus l'arbre s'élève, plus les racines s'enfoncent. Vous ne pouvez pas avoir un arbre de cinquante mètres de haut avec de petites racines; elles ne pourraient pas soutenir un arbre aussi grand.
Dans la vie, grandir siginfie aller profondément en soi, là où se trouvent nos racines".
On peut en fait regarder ce phénomène de la maturité selon deux lignes :
L'une est l'horizontale : c'est le monde, c'est la succession des évènements qui parcourent la vie de l'entreprise, la vie de ses dirigeants, la vie de chacun. On passe de la jeunesse à l'adolescence, à l'adulte, à la vieillesses, à la mort. C'est la succession des années, le vieilliseement, qui caractérise cette ligne. C'est une façon de voir l'évolution plutôt linéaire.
Mais on sait bien que rien n'est linéaire; il y a des moments de croissance et de décroissance; il y a des moments où on a l'impression que tout va bien, que le succès nous accompagne, et il y a des moments où l'on se décourage. Et l'ensemble nous fait grandir.
Car l'autre ligne pour palrer de la maturité, c'est la ligne verticale. Il est plus subtil de la découvrir. Certains n'y arrivent jamais.
La ligne verticale, ce sont les racines de l'arbre qui s'enfoncent en même temps que l'arbre grandit.
C'est le poursuite de sens, de l'être essentiel de l'entreprise, qui la fait grandir, par l'action de ses dirigeants et managers, et qui lui permet de conserver son ambition et sa vision intactes.
alors que la ligne horizontale parle d'actions, des mains, la ligne verticale est plutôt celle de la méditation, du silence, du regard intèrieur.
La ligne horizontale est celle où l'on ajoute (des compétences, des connaissances); la ligne verticale est celle où l'on enlève (le futile, l'accessoire, l'inessentiel).
Cette ligne verticale ne compte pas les années; elle compte les expériences, les moments où l'on change de regard et de perception, sur le monde, les autres, soi-même.
La ligne verticale, quand elle apparaît, à chacun, et à l'entreprise dans son développement, c'est aussi celle qui nous redresse, qui nous fait regarder au loin, quelles que soient les aléas et aventures que nous fait vivre la ligne horizontale. Qui nous fait projeter une énergie nouvelle pour porter plus loin l'aventure entreprenariale.
En observant comment le jeune dirigeant se tenait bien droit, les épaules ouvertes, lors de cette assemblée d'investisseurs penchés sur son entreprise, on ne pouvait pas manquer de voir se dessiner dans l'air, comme virtuelle, cette ligne verticale.
Grandir en passant de l'horizontal au vertical, c'est tout ce que l'on peut souhaiter à une entreprise pleine de sève.
Nota : l'illustration est une oeuvre d'Anish Kapoor. Un sculpteur de la matière et de la verticalité.
très belle métaphore :)
Rédigé par : reportingbusiness | 12 novembre 2010 à 18:02