Transparence et pardon
11 avril 2010
Pour séparer la vie privée et l'autre, c'est de plus en plus difficile. Avec les Facebook, les Twitter, les réseaux sociaux, Google, on sait tout sur tout le monde, ou du moins on en a l'impression.
Certains s'en offusquent : l'internet, Google, c'est la fin de l'intimité.
Et si c'était juste une caractéristique de notre monde présent et futur; on appellerait ça la "génération G", G pour Google.
C'est la thèse de Jeff Jarvis dans le dernier chapitre de son livre "La méthode Google; Que ferait Google à votre place ?".
Citant l'auteur David Weinberger, spécialiste de l'internet, Jarvis nous dit :
"Une ère de transparence se doit également d'être une ère du pardon".
De quoi s'agit-il ?
" nos nouvelles célébrités nous rendront sans doute aussi plus tolérants. Cela nous poussera à nous pardonner mutuellement nos erreurs et nos faiblesses. De même, nous pardonnerons également aux personnalités connues."
On pense bien sûr à toutes ces révélations et rumeurs; ces histoires d'adultères de nos hommes politiques. C'est peut-être vrai que finalement, on s'en fout; qu'on leur pardonne ce que l'on pardonne à ses proches, ce que l'on s'autorise soi-même.
" Qui sommes nous pour jeter la première pierre, quand Google nous enferme dans des cages de verre ?"
Dans l'esprit de Jarvis, cela va encore plus loin :
Car cette transparence plus forte est aussi source de bénéfices pour la collectivité.
" La vie en public est un bien commun. La sagesse populaire appartient au peuple. Refuser d'enrichir ce savoir collectif - par un lien, un avis sur un restaurant, un petit conseil - pourrait bien être la nouvelle définition d'un comportement antisocial ou, du moins, égoïste.
Pour toutes ces raisons, et notamment pour la plus forte d'entre elles - l'ego - nous continuerons à fournir de plus en plus d'informations personnelles sur internet. Nous chercherons à nous exprimer, et nous nous attendrons à pouvoir être retrouvés facilement. nos ombres numériques deviendront nos identités. Pour sortir du lot au milieu de toutes nos communautés, il nous faudra chercher à nous distinguer. "
Petit à petit, cette approche nous parle de la liberté, notre liberté.
Et nous amène peut-être à nous méfier de ceux qui, en se targuant de nous protéger, en se posant en censeurs étatiques des informations sur internet, considèrent en fait que nous serions trop bêtes, ou trop moutons, pour protéger nous-mêmes notre vie privée. A lire ICI.
Pour revenir à Jeff Jarvis, cette nouvelle transparence généralisée, c'est une révolution. Elle nous permet de nous organiser différemment :
" Cette capacité à se rassembler déstabilisera en profondeur les institutions. Il est possible de s'organiser en contournant les gouvernements, les frontières, les partis politiques, les entreprises, les universités, les religions, les groupes ethniques, dont le pouvoir et l'emprise sur nos vies seront donc inévitablement réduits".
Et pour conclure :
"L'internet permettra l'avènement du tiers-état, - celui du peuple."
Intéressant de voir cet auteur américain, nostalgique de la Révolution française, de Tocqueville, et de la liberté individuelle de l'anarchiste et du libertarien.
Finalement, la liberté individuelle n'est peut-être pas menacée par ceux que l'on croit.
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