Emotions, c'est quoi ?
28 novembre 2009
Dans les mots de l'entreprise 2.0, tels que recencés ici, on n'en parle pas : il y a les réseaux, les contenus, il y a une vision d'entreprise efficace, avec des conversations virtuelles, mais on ne parle pas d'émotions.
Les émotions ont mauvaise presse dans le monde de l'entreprise, celui que Boltanski et Thévenot appellent le "monde marchand".
Dans ce monde marchand, on va parler de "recul", de "distance émotionnelle" entre la situation et soi. C'est cette notion de "sang froid" dans les affaires, qui amène à critiquer les comportements jugés déviants, excentriques, inquiétants, de ceux qui exprimeraient leurs émotions.
Et pourtant, aujourd'hui, ces individus lisses et sans émotions apparentes, sont tout aussi "inquiétants" et surtout sont considérés comme difficiles à comprendre; la communication est coupée; les comportements sont parfois discordants également.
Alors, trop d'émotions, c'est pas bien; et pas assez c'est mal.
Pas facile de trouver ce qu'on pourrait appeler le "bon compromis" ou la juste mesure.
Car dans les deux cas les personnes qui doivent évoluer dans ce monde marchand, celui de nos entreprises, et qui ne se sentent pas dans cette juste mesure souffrent de leur comportement.
Celui qui se sent submergé par ses émotions lorsqu'il parle en public (bien décrit ici), il souffre.
Celui qui ne manifeste pas ses émotions est aussi celui qui a peur des émotions des autres, qui se replie sur lui, qui évite les contacts. Son travail en entreprise, c'est une vie de robot, sans aspérités; et ce robot est alors souvent mal intégré parmi ses pairs, et sa hiérarchie, et donc moins efficace.
Ce dilemne, il n'apparaît jamais dans les discours de ceux qui ne voient plus dans la communication entre les personnes de l'entreprise que des histoires de "twitter" , de "facebook", de "réseaux intranet", de mails, de professionnels de la communication qui font les discours, etc...
Et pourtant, ces émotions, elles sont là; elles envahissent et conditionnent nos relations, et, pour l'entreprise et ses dirigeants, la façon dont ces émotions s'expriment et circulent est clé pour la performance de l'entreprise et sa compétitivité. Combien de fois faisons nous des erreurs, en oubliant cette dimension : vexer l'autre en ayant un peu trop vite oublié que, dans son collaborateur, il y a une personne humaine. Le temps à expliquer, à écouter, certains croient que c'est du temps perdu; que, pour être efficace, il faut aller vite : je commande, tu exécutes, et on n'en parle plus.
Et pour celui qui s'est un peu trop ému losqu'il a présenté son travail lors d'une réunion importante : il faut que tu sois moins sensible, un garçon, ça ne pleure pas ! Et une fille qui veut réussir elle doit être forte; alors "du nerf" !
Toutes ces tentatives de contourner les émotions, nous les connaissons; et souvent ce sont ces contournements, un manque d'écoute, qui nous font faire des bêtises.
Ces contournements, bien sûr, nous les pratiquons avec nous-même également; on veut reproduire les stéréotypes de cette littérature du management un peu trop lisse et parfait. On veut jouer au dur. On se déguise, avec cet air "de comédie", qui se repère facilement à ce ton un peu trop appuyé, ce regard parfois fuyant, la raideur de la posture, tout un tas de détails qui font que ça ne prend pas...N'est pas comédien qui veut..
Alors, pour s'en sortir, il n'y a probablement pas de solution toute faite; c'est un travail d'écoute, de soi et des autres, de dialogue, d'échange entre nous, tous embarqués dans la vie communautaire de notre entreprise, quel que soit notre position, que l'on soit le Président ou l'employé, qui nous fait lentement progresser sur le bon chemin. Le premier pas est d'en prendre conscience, et de vouloir vraiment progresser.Forcément, si lo'n est plusieurs à essayer de faire ces progrès, on ira plus vite, et les émotions dans l'entreprise circulerons et contribueront à sa performance.
Pour cela, le mieux est d'éteindre les réseaux sociaux et les machines à communiquer, et aussi les mails, et de simplement nous parler et nous écouter. Et les échanges de ce type, qui font peut-être pas trés entreprise 2.0, nous permettent alors de redevenir des êtres humains.....ça fait du bien , non ?