Gestion par l'anecdote
16 mars 2009
Ce week-end, le Figaro Magazine consacre un reportage avec photos, sous la plume de François Delétraz, à Guillaume Pepy, Président depuis un an de la SNCF.
Inutile d'aller y chercher des informations sur la stratégie ou des détails sur la performance de l'entreprise. Non, ce qui intéresse ce reportage, c'est l'homme Pepy.
Et on est servi, avec des petites photos sympas de Pepy en blouson bleu renseignant les voyageurs dans une gare; Pepy penché sur un employé devant un écran de contrôle, Pepy avec des syndicalistes, etc...
Et de nombreux témoignages de tout un tas de gens, dont Dominique Bussereau, secrétaire d'Etat aux transports, tous plus sympas les uns que les autres. Tous masculins.
On nous dit combien Guillaume Pepy aime le contact, écouter les clients, les employés, comment il pratique ce que certains appellent "le management balladeur", qui consiste à apprendre en allant sur le terrain, directement auprès de la base.
Alors, quelle surprise de lire le seul commentaire féminin, un commentaire un peu moins dans le ton, par celle qui dirige les TGV, Directrice de la SNCF Voyageurs, Mireille Faugère, à propos de cette pratique du Président d'aller apprendre au contact :
Elle taxe cela, nous dit François Delétraz, "avec un certain dédain", de :
"gestion par l'anecdote".
Tout est dit, et l'on voit bien comment s'opposent deux visions de ce type de comportement.
On connaît tous ces patrons, notamment ceux qui sont énarques, qui, pour ne pas donner raison à ces réputations de grands commis qui ne comprennent rien au terrain et à la vraie vir, se donnent des preuves de leur écoute et sensibilité du terrain.
Cela est parfois un peu cocasse : comme celui-ci qui m'avait dit un jour qu'il comprenait bien la stratégie industrielle de son entreprise, car il dialoguait souvent avec les ouvriers sur les chaînes des usines.
Ou cet autre, passé par les cabinets ministériels, qui se vantait de bien connaître la comptabilité, car il avait fait son stage de l'ENA dans je ne sais plus quel endroit...
Mais, bon, c'est vrai que cela donne un style d'aller sur le terrain; et, quand bien géré, cela rend le patron plus humain.
C'est sûr que ceux qui pensent que le management, c'est une histoire de business plans et de réunions de Direction sont mal à l'aise avec ce style.
Tout un jeu de contradictions mises en évidence par une petite remarque comme celle-ci.
Il est vrai que cette Directrice n'a pas fait l'ENA, mais HEC...
Mais cela ne saurait être une explication, espérons-le...
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