Histoire de générations
26 septembre 2008
J'étais hier dans une conférence-débat organisée par une association "professionnelle".
Hier, c'était sur le sujet du développement durable, de l'investissement responsable et solidaire, et la rentabilité financière.
Trois témoins passionnés ont pris le micro tour à tour, pour présenter à toute allure (pourquoi les organisateurs de tels débats se complaisent-t-ils à vouloir tout faire à toute vitesse - en n'arrêtant pas de dire "on n'a pas le temps de tout dire", "on est pris par le temps"...mais pourquoi sont-ils "pris par le temps " ?) .
Ils ont raconté ce qu'ils faisaient avec passion : l'un est responsable Microfinance pour une banque, l'autre dirige une entreprise de traitements de déchets qui a mis en oeuvre des actions trés concrètes pour avoir un comportement responsable, et le dernier dirige une agence de notation sur la responsabilité sociale et environnementale.
Ce qui était frappant dans cette assemblée, et qui m'a le plus intrigué, c'était le public.
J'y suis allé accompagné d'une jeune consultante de mon cabinet : elle était la seule jeune de la salle, remplie de personnages plutôt masculins, la plupart de générations qu'on appelle "seniors".
Et le moment fort, c'était celui des questions : trois personnes ont levé la main.
Sur trois questions, deux hyper négatives sur le sujet traité; le genre de questions qui n'en sont pas, mais sont destinées à exprimer un avis. Le futur de la planète, pour ces "seniors" qui vont bientôt la quitter, on sent que c'est pas leur truc...
Question du premier monsieur à cheveux et costume gris : "Ne croyez-vous pas que ces normes et critères de responsabilité vont amener les entreprises à délocaliser ? "...On entendait dans cette question au directeur de l'agence de notation, tout le mal qu'il pensait de la chose..
Autre question, un monsieur trés remonté, qui prend son souffle pour dire :" mais le Développement Durable,.....est-ce que ça ne sert pas uniquement l'ego des consultants,...(ou quelque chose comme ça), et la France est un pays qui ne représente pas grand chose sur la planète, alors pourquoi nous embêter...et alors pourquoi la Chine le fait pas, et alors...et moi je vous dis que...."...Toute la panoplie des questions de celui qui n'y connaiît rien, qui apostrophe, qui met un peu de sel franchouillard, un zeste de xénophobie (la Chine !!! pays où il n'a probablement jamais mis les pieds..).Bref, pour lui, tous ceux qui parlent et qui agissent pour le Développement Durable, ce sont tous des charlots...des empêcheurs de tourner en rond.
Cette agressivité envers le sujet; ces expressions de toutes les idées reçues que l'on croyait réservées aux bandes dessinées rigolotes, genre "les Bidochons", elles étaient là en vrai.
Les trois orateurs se sont évertués à tenter de répondre, mais ces deux bons messieurs n'écoutaient plus les réponses, trop contents de savourer leurs questions et leur "a propos"...A se demander ce qu'ils étaient venus faire ici...
Quelque chose d'effrayant...
Le reste de la salle : stoïquement muet.
Ma jeune collaboratrice, qui, elle, se passionne pour les sujets, en est ressortie dégoûtée...
Leçon :
Le Développement Durable, c'est aussi une question de générations...
A l'évidence, sujet rebattu. La même association avait déjà organisé un club sur le même thème il y a moins de deux ans. Difficile de se renouveler et de capter l'intérêt du public.
NB : je me suis abstenu cette année.
Rédigé par : JM Demaison | 30 septembre 2008 à 19:52