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Comment se manager soi-même ?

Managing  Je suis parfois interpellé, comme cette semaine, par des personnes se posant des questions sur leur carrière professionnelle, qui me demandent conseils et lectures pour être ou devenir un bon manager.

Vaste sujet, et la littérature est infinie sur le thème...

En fait, la question posée est plutôt : comment me manager moi-même ?

Pour un jeune qui sort de ses études supèrieures, et démarre dans le monde de l'entreprise, disons vers 25 ans, il y a de bonnes chances qu'il ait à travailler pendant au moins cinquante ans (selon l'évolution des régimes de retraite, et des envies de chacun de travailler le plus longtemps possible), c'est à dire plus que la durée de vie moyenne des entreprises elles-mêmes. Ce ne sont donc pas les entreprises qui vont leur apprendre à manager; il va devoir se manager lui-même, et c'est ça qui n'est pas facile, et peut effrayer avant d'avoir commencé.

Surtout que pour beaucoup, même aprés avoir parcouru avec succès le cursus scolaire, et terminé par HEC, l'X, ou un MBA, cela ne dit pas précisément ce que l'on a envie de faire de sa vie professionnelle pendant ces 40 ou 50 ans...sans parler de ceux qui ont déjà le dégoût de l'entreprise avant d'avoir commencé...

 Peter Drucker, dans son ouvrage " Management challenges for the 21st century", qui a été traduit en français cette année (9 ans aprés sa sortie aux Etats-Unis !) traite précisément de ce sujet, en nous listant les quelques questions essentielles qu'il nous conseille de se poser (et surtout d'en chercher les réponses).

Alors, on y va...

Première question : Quels sont mes points forts ?

Beaucoup l'ignorent, j'en vois la démonstration avec les candidats que je reçois régulièrement. Pire, ceux qui croient connaître leurs points forts, mais se trompent.

Pour aider à les connaître, Peter Drucker donne un truc :

" Chaque fois que vous prenez une décision importante, chaque fois que vous entreprenez quelque chose, notez ce que vous en espérer. Et neuf ou douze mois plus tard, confrontez le résultat obtenu à vos attentes".

Cette méthode, pratiquée régulièrement permettra d'identifier les points forts, qui ont servi à réussir, et les points où l'on manque de compétence, d'adresse,...

C'est une bonne façon ensuite de se concentrer sur ses points forts, pour les utiliser toujours au mieux. Et aussi de rémédier à ce qui bloque toujours, à cette "ignorance mutilante" qui nous empêche de mieux faire. C'est le comptable qui se rend compte que sa connaissance des aspects humains l'empêche d'encadrer correctement ses équipes; c'est l'ingénieur commercial qui se rend compte de son manque de culture générale qui lui permettrait d'avoir plus d'entregent dans ses relations avec les clients,...

C'est aussi le moyen de comprendre quelles sont les mauvaises habitudes, les manques de "bonnes manières", qui, là encore, viennent annuler tous les efforts et ruiner les actions que l'on entreprend.

Et puis, ces points forts étant identifiés, il est bon de les entretenir comme un champion. Souvent, l'on croit, dans les entreprises que l'essentiel pour progresser est de travailler surtout sur les points faibles; en fait cela ne fera que nous faire passer, avec d'énormes efforts, de l'incompétence à la médiocrité. Alors qu'il est parfois plus facile de passer de la bonne performance à l'excellence.

Autre moyen pour bien connaître et utiliser ses points forts : savoir comment on s'y prend ?

Nombreux sont ceux qui croient qu'il n'existe qu'une seule façon de faire les choses : celle qu'ils ont appris, la leur.Cela vient de l'école, probablement, où, pour résoudre un problème, il n'y a qu'une méthode, celle que le maître enseigne, et tous les élèves doivent faire pareil...

Mais la vraie vie de l'entreprise et du manager, ce n'est pas l'école.

Se poser la question pour soi, c'est commencer à accepter que les autres peuvent faire autrement.

Certains apprennent en lisant, et réfléchissent mieux avec des notes, des documents. D'autres apprennent en écoutant, et sont meilleurs quand ils écoutent les explications, les autres, qu'en réfléchissant tout seul.

Observons nos réussites, nos progrès : comment a-t-on fait ? quelles sont nos méthodes ? Et quelles sont celles des autres ? Comment les comprendre ? Comment les concilier avec les nôtres, combiner les deux pour être encore meilleur en équipe ?

Bon, une fois que je connais mes points forts et ma façon optimale de les utiliser, je passe à la deuxième question..

Deuxième question : Où est ma place ?

Connaître tout petit sa vocation, ce n'est pas donné à tout le monde. Nombreux sont ceux qui ne savent pas quoi faire..Pour éviter de choisir de jeunes diplômés s'orientent vers ...le conseil. Comme un troisième cycle qui permettra de faire une visite guidée dans des entreprises variées.

Mais cette question : où est ma place, où est-ce que je me sens bien ? Elle va revenir souvent, et il est important de se la poser, sinon ce sont les autres qui se chargeront de vous trouver la place qui les arrange, eux.

Peter Drucker rappelle :

' Les carrières réussies ne sont pas planifiées. Ce sont celles des gens qui ont su saisir l'occasion, parce qu'ils connaissaient leurs points forts, leurs façons de travailler et leurs valeurs. Savoir où est sa place, cela transforme des gens ordinaires - travailleurs, compétents, mais pas particulièrement brillants - en champions de leur catégorie".

Troisième question,: quelle est ma contribution ?

Cette question, ce n'est pas "qu'est ce que je veux faire ?", ni " qu'est ce qu'on me demande de faire ?", mais "qu'est ce que je dois faire ?". Comme une mission, une obligation, ce pour quoi je suis là.

Enfin, une quatrième :

Quatrième question : quelle est ma responsabilité relationnelle ?

Cette question est double.

Le premier aspect, c'est d'accepter que les autres sont aussi des êtres humains comme soi-même, et qu'ils veulent, comme soi-même, être traités comme des êtres huùmains. Ah bon ?

Eux aussi ont leurs points forts, à eux, leurs habitudes, leurs valeurs,...

Et puis la deuxième responsabilité, c'est de prendre la responsabilité de communiquer :

" Une fois que vous vous serez demandé quels sont vos points forts, vos façons d'agir, vos valeurs, et surtout quelle contribution vous voulez apporter, il faut vous demander : Qui a besoin de savoir tout ça ? De qui est ce que je dépends ? Et qui dépend de moi ? Et alors il faut aller le dire à tous ces gens - et le leur dire de façon que le message soit reçu - c'est à dire sous forme de note pour ceux préfèrent lire, et de vive voix pour ceux qui préfèrent écouter".

Cette question, c'est aussi celle qui permet de comprendre que les entreprises qui réussissent ne sont pas celles qui sont construites sur les rapports de force et d'autorité, mais sur la confiance.

En fait, ces questions toutes simples de Peter Drucker, elles ne s'appliquent peut-être pas uniquement aux managers de nos entreprises, mais à tous ceux qui veulent vivre en société.

Ce livre est comme un témoignage d'outre tombe tellement d'actualité aujourd'hui, de cet auteur passionné par le futur,décédé en 2005.

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