Tous des Dancing Queens
De sidera

José, un oeil noir te regarde...

Corrida Oui, Carmen, de Bizet, on connaît..Don José; et cet air qui résonne à ses oreilles comme une menace :

" Toréador, prends garde à toi, un oeil noir te regarde..."

Le José qu'un oeil noir regarde en ce moment, c'es José Luis Duran, le Directeur Général de Carrefour...Et l'oeil noir, c'est celui des investisseurs, et notamment le fonds Colony et Bernard arnault, entré en mars 2007.

Le titre est passé à 31,50 € la semaine dernière...Il était à 50 € en mars 2007.

Carrefour, on se rappelle Daniel Bernard, parti en 2005, avec des indemnités conséquentes,et remplacé par la nouvelle star, José Luis Duran...Et puis c'est reparti dans les soucis.

Encore la démonstration que l'environnement change, mais que l'entreprise s'en aperçoit trop lentement, ou en tous cas réagit trop lentement.

Mathilde Visseryas , dans Le Figaro, et Dominique Seux, dans Les Echos, de jeudi, posent bien le problème.

Ce qui a déclenché la réaction des investisseurs, c'est la baisse des ventes en France...

" Avec la hausse du prix de l'essence, les clients qui habitent à plus de 30 minutes d'un hypermarché Carrefour ne font plus le déplacement" (Mathilde)

On trouve dans ce cas l'illustration parfaite de ces modèles qui ont fait le succés et la différence dans le passé, et qui deviennent des problèmes.

Carrefour, on s'en souvient, c'est le boom des super grandes surfaces, les "hypermarchés", en périphérie des villes, qui ont fait le succés des années 1970-1980.

Et puis, badaboum, tout change, et Carrefour ne s'en aperçoit pas.

Les habitudes changent et les clients veulent maintenant de la proximité, et aller faire leurs courses prés de chez eux, dans des chaînes de centre ville. Ce qui a fait le succés de Carrefour, devient sa faiblesse.

On dit que les marchés financiers tuent l'entreprise parce qu'ils ont l'obsession du court terme, mais on constate, sur ce cas encore, combien ce sont les diririgeants qui n'arrivent pas à communiquer sur cette vision moyen terme justement, et font douter sur le court terme tout autant.

Sur le site de Carrefour, on trouve une annonce qui, au vu des résultats aujourd'hui, semble manquer de cette conviction : " Le groupe Carrefour s'inscrit dans une nouvelle dynamique de croissance amorcée en 2005", "Notre ambition pour 2008-2010 est d'accélérer la croissance". Et puis, le couplet sur le service client : " Le groupe Carrefour place le client au centre de sa stratégie. Pour cela il a simplifié son organisation, donnat plus d'autonomie aux directeurs de magasins".

Et puis le verdict tombe, et ce que reprochent les fonds et les investisseurs à José Luis, c'est justement de manquer de vision et de stratégie à moyen terme, d'avoir une "navigation à trop courte vue sur les têtes de gondole et l'improvisation du plan d'urgence peu convaincant".

Et puis, pour le service client, on a quelques commentaires bien sentis sous l'article des Echos (ah, Internet, quel démon pour la réputation !) :

Il y a celui qui parle des clients "qui ont l'impression qu'on se moque d'eux quand des produits en promotion ne sont jamais disponibles...et quand les hôtesses au comptoir d'accueil n'ont pas la moindre idée du sens du mot accueil"....etc...(bien sûr , ce sont toujours les râleurs qui se plaignent dans ces commentaires, mais quand même..). Mais cela pose aussi un sujet nouveau : le futur des grandes surfaces. Si d'autres modèles doivent émerger, quels sont-ils ? (et pas seulement le e-commerce dont on a longtemps dit qu'il deviendrait le nouveau modèle).

Oui, joli cas d'école sur la nécessité de toujours vérifier son modèle par rapport aux évolutions de l'environnement, et donc de suivre et d'anticiper ces mouvements de l'environnement (on revient au scenario planning).

Encore une dernière louche, qui n'est ni dans Le Figaro, ni dans Les Echos, mais qu'on entend dans les déjeuners en ville : Thierry Breton, le champion des stakeholders, entré début juin au Conseil d'Administration, sera le prochain DG en remplacement de don José....Mais ce sont là des rumeurs....On verra bien. Pas sûr que ce soit la décision phare qui permette à cette entreprise de 500.000 personnes, avec 15.000 magasins dans le monde, qui apporte toutes les réponses.

Par contre le conseil de Carmen reste plus que jamais d'actualité pour Don José :

"Prends garde à toi".

Mise à jour : L'information des déjeuners en ville circule, et atteint aujourd'hui La Tribune, qui annonce aussi que Thierry Breton remplacerait José Luis Duran (ICI).

Commentaires

L'utilisation des commentaires est désactivée pour cette note.