De sidera
19 juillet 2008
Quand un consultant rencontre un dirigeant d'entreprise, forcément il le fait parler de l'avenir, de ses projets, etc...
Mais j'ai constaté qu'il y a fondamentalement deux types de postures.
Pour les uns, le discours porte sur les "besoins" : le consultant, comme le dirigeant, observent l'entreprise comme un lieu avec des "problèmes" et des "besoins"". C'est une vision trés réductrice, comme si l'entreprise était un corps à soigner, dont les besoins correspondent à des maladies.
Et puis, il y a ceux qui me plaisent le mieux, et qui parlent...de "désir".
J"en ai rencontré un cette semaine, et comme d'habitude, la discussion ne parle pas de maladies, de choses cassées à réparer, mais d'envie, d'ambition, de vision. Elle dégage cet optimisme, cette envie de dépassement qui communique l'enthousiasme.
Le désir, c'est ce qui permet de ne jamais se satisfaire de l'existant, de toujours chercher un ailleurs, un idéal, de rêver pour demain, et ainsi d'être dans l'action qui conduira au succès. Même si le désir est toujours remplacé par un autre désir, jamais atteint, qui nous pousse à nous dépasser. C'est un mouvement intérieur vers l'Infini.
C'est valable pour l'entreprise et ses dirigeants, mais c'est aussi valable pour chacun, pour sa carrière.
Le mot désir vient d'ailleurs du latin "de sidera", qui signifie littéralement privé d'étoiles, séparé des astres. Le désir, c'est ce qui tente de nous faire dépasser notre condition humaine. Il n'est pas forcément contradictoire avec l'expression de "besoins", mais des "besoins" sans "désir" manquent de ce petit plus qui fait imaginer de grandes choses.
Dans toute vision d'entreprise, c'est précisément ce désir qui permet de formuler les ambitions les plus élevées. Et c'est le manque de désir qui fait échouer les démarches de "planification stratégique" laborieuses, complètement paralysées par des excès méthodologiques, des formalismes ennuyeux qui cassent les pattes à l'imagination. Dès qu'un dirigeant me parle de son plan stratégique sans évoquer ses désirs, je sais que ce plan stratégique est mal parti.
Cette semaine encore, un interlocuteur, une jeune femme, d'une grande entreprise me signalait qu'ils avaient du mal à lancer leur plan stratégique car "ils ne savaient pas trés bien ce qu'ils voulaient"...Quand je lui évoquais ce mot de "désir", j'ai vu, à son air éberlué, qu'elle devait croire que je la draguais...J'ai arrêté là.
Napoleon Hill, dans son ouvrage "Réfléchissez et devenez riche", fournit en treize étapes le secret de la fortune...
La première étape est précisément sur ce sujet : c'est le désir.
Il donne même des conseils avisés pour transformer nos désirs en or. Car il ne suffit pas de désirer, de vouloir, mais de aussi de "désirer son désir"...C'est en visualisant tous les détails de ce désir, en le décrivant matin et soir, que l'on s'approche de sa réalisation. Il est aussi nécessaire de le quantifier, de lui donner toutes les caractéristiques économiques permettant de le mesurer, pour le rendre encore plus proche.
Et puis, il nous rappelle : "sachez exactement ce que vous allez donner en échange de la fortune que vous désirez. On n'a rien pour rien". Encore un beau sujet de discussion pour challenger les ambitions stratégiques parfois insuffisamment crédibles. Ainsi, par exemple, ceux qui veulent "l'excellence" doivent savoir que cela pourra les obliger à être un peu plus intolérant avec la médiocrité...
Autre instruction de bon sens bien utile : " Etablissez le plan qui vous aidera à transformer votre désir et commencez-en immédiatement l'application, même si vous jugez ne pas être encore prêt".
Oui, le désir, c'est la plus jolie façon pour commencer à parler de stratégie. Et commencer IMMEDIATEMENT son application.
Et on constate aussi que ceux qui parlent facilement et de façon convaincante de leur désir ont souvent dû goût pour les bonnes choses. Mon interlocuteur dirigeant qui parlait de son désir pour l'entreprise qu'il dirige, me recevait pour un déjeuner agréable dans la salle à manger de celle-ci .
Par contre, la jeune femme qui m'accueillait en évoquant les difficultés pour lancer le plan stratégique, avait délicatement réservé pour moi une toute petite salle de réunion sans fenêtre...Comme ça, on ne risquait pas d'avoir envie de regarder vers le ciel.
C'est sûr, certaines atmosphères, certains contextes, prêtent plus au rêve et au désir que d'autres....
Bonjour M. Martin,
Votre sujet d'aujourd'hui est, en somme, une évidence, diront certains mais il est primordial de l'aborder puisque le désir est malheureusement absent dans nombre d'organisations.
Pourtant, comme vous le mentionnez si bien, le désir est l'ingrédient initial d'une vision solidement articulée et habilement communiquée.
Ce désir jumelé à la vision ainsi formulée pousse le gestionnaire à se muer en leader transformationnel et ainsi guider son organisation vers les changements qui s'imposent.
La communication doit être axée effectivement sur des thèmes rassembleurs autour d'un projet commun et non pas sur «des problèmes» et «des plans de contingence».
En fait en filigrane vous nous parlez de leadership et de passion et quoi de plus intéressant que de travailler avec un leader passionné.
Salutations,
Rédigé par : Gestionnaire Borg | 23 juillet 2008 à 04:43
Le désir ?
N'est ce pas la motivation première de toute vie ? et sa raison d'être ?
Il est intéressant de constater qu'effectivement, un grand nombre de choses sont vues à l'aune du problème et non du souhait ou du projet. Dans le travail et en dehors.
Il apparait aussi que nombre de "consultants", tels de mauvais médecins, sont peu aptes à exercer correctement leur métier et à apporter une valeur ajoutée aux entreprises auprès desquelles ils interviennent.
Le poids des diplômes est une catastrophe si ces derniers ne s'accompagnent pas d'un minimum de culture générale et de psychologie...
Rédigé par : Cath | 25 juillet 2008 à 09:39