La fin du temps de travail ?
03 février 2008
Au XIXème siècle, certains travailleurs travaillaient "aux pièces", c'est à dire qu'ils étaient payés en fonction des pièces qu'ils produisaient. Un temps oublié...
Cette pratique a disparu, interdite, pour un changement majeur, perçu comme un progrès social : maintenant, les travailleurs salariés seront payés en fonction du temps de travail. Finies, ces pratiques d'esclavage, cette course à la productivité.
Et ce sujet du "temps de travail" est devenu LE sujet de discussion pour les syndicats, pour les joutes politiques.
Rappelons nous les grands moments : 1936, les quarante heures, et, grâce à Martine Aubry, les 35 heures...
Alors ensuite c'est quoi ?
Et bien, si l'on en croit le dossier de Harvard Business Review de Février sur les tendances en management pour 2008, les jeunes ne veulent plus qu'on leur parle de temps de travail, et veulent revenir aux pièces.
Ces jeunes dont on parle, ce sont ceux de cette fameuse Génération Y, nés aprés 1980. Ce sont ceux, du moins les plus diplômés et les plus talentueux, que les entreprises s'aarachent et vont s'arracher de plus en plus, car, tout le monde nous le dit, c'est maintenant la "guerre des talents" qui fait rage..
Alors, pour gagner dans la guerre des talents, les dirigeants et leurs DRH (qui sont eux plutôt des baby boomers qui ont du mal à comprendre les Genérations Y), ont intérêt à comprendre ces tendances de fond, si elles sont exactes.
Les Gen. Y, comme les appelle HBR, pensent qu'ils sont capables de traiter les tâches qui leur sont confiées par l'entreprise plus vite que ne le font les employés plus âgés. Parce qu'ils maîtrisent mieux la technologie et tous les outils informatiques, mais aussi parce qu'ils ont de plus grandes capacités à coordonner des tâches de façon électronique; ils ont moins besoin de planifier. C'est pourquoi ils ne voient pas l'intérêt de se conformer à des horaires fixes de travail, et supportent encore moins qu'on leur demande de commencer (et de finir) à heure fixe : pourquoi faut il être là à 9H00 ?
Ils pensent et agissent de façon asynchrone; ils se sentent plus à l'aise dans un contrat basé sur les tâches effectuées, et les résultats, plutôt que dans un contrat indiquant le temps de travail, qui paraît une notion désuète.
Cette attitude face au travail remet en cause les pratiques habituelles de leurs aînés : à quoi servent toutes ces réunions où on n'avance pas ? Ils connaissent et se persuadent qu'ils ma^trisent des techniques plus efficaces pour faire travailler ensemble des groupes et équipes. Les pratiques des aînés semblent encombrées de perte de temps et de lenteur...
Un nouveau "code du travail" est attendu par cette génération :
- être redevable sur les résultats obtenus, et non sur la présence physique au bureau, et encore moins sur la participation aux réunions ( qui est optionnelle),
- évaluer la performance sur la qualité du travail effectué, et non le temps passé,
- aider les employés et les managers à apprendre à mesurer la motivation autrement que par le temps passé au travail,
- utiliser toutes les possibilités des réseaux pour permettre aux employés de travailler à n'importe quel moment, de n'importe où : cette habitude prise à travailler avec son téléphone mobile à tout moment...
Si tout cela se confirme, c'en est fini de la définition du travail comme un endroit où des employés viennent pour une période de temps donnée (jounée de 8 heures), à un endroit donné. Maintenant les entreprises deviennent, dans cette conception, des lieux de rencontres, de passage, d'échanges, avec des espaces ouverts, de nouveaux aménagements de bureaux.
Ces tendances, probablement, vont se retrouver plus rapidement dans les secteurs où les technologies sont les plus présentes, dans l'industrie du logiciel, des services informatiques; mais, avec des variantes, elles vont aussi pénétrer progressivement les autres entreprises.
Bien sûr, pour se consoler ou se rassurer, cetains peuvent se dire que ces histoires de Générations Y, c'est du gros bla bla; ou bien c'est trop américain,...: quoi, Génération Y ? Un peu de discipline et de rigueur, et on n'en parle plus, de ces comportements de rebelles barbares...Et puis, il suffit d'éliminer ces dangereux individus, et de recruter ceux qui sont "normaux"...(mais sont-ce ceux qui vont assurer la meilleure performance pour l'entreprise ?).
On peut se persuader comme ça, mais on peut aussi penser que les Gen. Y n'ont pas fini de rendre ringards les DRH qui essayent désespérément de les contrôler et de les faire rentrer dans le rang.
C'est peut être le bon moment pour les entreprises de s'en préoccuper, et de repenser de nouvelles pratiques de management et de gestion des Ressources Humaines, Parce que les baby boomers, il va y en avoir de moins en moins dans nos entreprises, alors qu'il y aura de plus en plus de Gen. Y...Et puis, aprés il y aura les Z...ça ne devrait pas s'arranger...
Bonjour Gilles,
Le sujet de cet article m'a vraiment intéressé, notamment parce que c'est cette forme de management que j'essaye de défendre au sein de mon entreprise. Un engouement égoiste en quelque sorte. :-)
Je me demandais si vous m'autoriseriez à insérer un lien vers cet article au sein de notre liste de liens externes dans notre magazine en ligne Decisio (www.decisio.info).
Rédigé par : Erick Hostachy | 13 février 2008 à 12:40