Démosthénique
09 décembre 2007
Avec la fin de l'année qui arrive, cela va être le moment des discours pour les dirigeants. Ces discours devant les employés, les partenaires, les clients, il y a de multiples occasions. Et puis il y a aussi les discours quand on lance un projet, un plan d'action,...Les consultants connaissent ça parfaitement.
Alors, bien sûr, on se demande toujours ce qui fait un bon discours.
Et je ne peux m'empêcher dans ces cas de repenser à Cicéron et Démosthène.
Ces deux là étaient les rois de l'éloquence dans la Grèce antique, et c'est Fénelon, dans ses "dialogues des morts" qui a imaginé la confrontation entre les deux, dans le dialogue 31.
Cicéron fait remarquer combien ses discours étaient la perfection du genre, trés construits. A l'inverse, ceux de Démosthène sont plus froids, plus directs.
Quel est le meilleur ?
Démosthène pense pour lui : " Celui à qui on ne peut rien retrancher n'a rien dit que de parfait".
Et Cicéron pense au contraire : " Celui à qui on ne peut rien ajouter n'a rien omis de tout ce qui pouvait embellir son ouvrage".
Mais l'ultime argument imaginé par Fénelon, dans la bouche de Démosthène, est ce qui reste en mémoire de ce dialogue :
" Tu faisais dire : qu'il parle bien ! Et moi je faisais dire : allons, marchons contre philippe"
Et il nomme sa forme de discours, qui appelle à l'action et au mouvement, "démosthénique", ce qui veut dire " simple, grave, austère, sans art apparent".
Je me rappelle de cette histoire à chaque fois que je prononce ou entend un discours : ce discours est-il démosthénique ?
Rien de tel que de relire Fénelon, et pourquoi pas, à la source, Démosthène, pour se perfectionner dans cet exercice . Parler et pousser à l'action est plus diffcile que de simplement impressionner par les mots et l'élégance du discours.
Argh ! Et si seulement les hommes politiques pouvaient également s'inspirer un peu plus de Démosthène et un peu moins de Cicéron... ;)
Article très intéressant ma foi !
Rédigé par : Antoine | 10 décembre 2007 à 15:46
Autre point de vue : Fénelon est un représentant du classicisme français qui a voulu ( et réussi ) à épurer la langue. Un classicisme opposé aux torrents de mots à la Rabelais que l'on retrouvera bien plus tard chez Céline.
En tous cas, dans l'entreprise, il est sûrement plus efficace d'être démosthènique.
Et ne parlons pas des blogs. D'après Fénelon, un blog cicéronien que l'on approuve sans avoir rien à ajouter n'aurait donc aucun commentaire. Il vaut mieux être démosthénique, et l'on n'a plus le temps d'écrire à la Cicéron ( qui est romain et non pas grec ).
Rédigé par : René | 15 décembre 2007 à 15:41