Feriez-vous confiance à des types pareils ?
20 octobre 2007
Cette photo mythique date de 1978... Elle est généralement présentée avec avec cette question : "Achèteriez-vous les actions de l'entreprise créée par des types pareils ?"...
Il y a,bien sûr, une astuce : cette photo est celle des créateurs de Microsoft, avec le bambino en bas à gauche, le plus propre sur lui, les cheveux chatains bien peignés,trés premier de la classe, du nom de... Bill Gates...
C'est vrai, pourtant que l'image de l'équipe dirigeante d'une entreprise, et surtout son comportement collectif, est un facteur clé pour apprécier la cohésion et l'efficacité de celle-ci. Et cette image nous dit en même temps "les apparences sont trompeuses", et "c'est vrai qu'on se laisse influencer par les apparences"... Dilemne éternel.
Philippe Varin, CEO de Corus, groupe sidérurgique héritier du hollandais Hoogovens et de British Steel, était vendredi 19 octobre, un jour de grêve, l'invité des Matins HEC pour nous le rappeler.
Il a pris les commandes en 2003 d'une entreprise qui avait trés mal géré sa fusion, avec des équipes hollandaises et britaniques qui ne s'entendaient pas, en conflit (oui, l'interculturel est toujours un problème..). C'est le Financial Times qui a résumé ses qualités à son arrivée : "This guy has two qualities : 1. He's nor brit; 2. He's not Dutch..".
Cette entreprise en mauvaise santé, l'action valant autour de 40 pences, il l'a redressée en trois ans pour organiser sa revente au groupe indien Tata Steel qui la paiera 608 pences, valorisant ainsi l'entreprise à plus de 9 milliards d'euros (multiplication par 15 !)...Il a d'ailleurs à son arrivée acheté lui-même des actions (c'était une condition de son arrivée), et s'est fait une plus-value sympathique de 10 millions de Livres avec la revente à Tata...
Et il organise aujourd'hui cette nouvelle fusion avec Tata Steel, les dirigeants ayant mis comme condition à l'achat que Philippe Varin reste au moins deux ans...
Est-ce parce qu'il habite maintenant Londres, ou un trait qu'il possédait , c'est avec un humour trés "british" qu'il nous a conté, avec beaucoup de malice et de modestie, son aventure au pays de "brits", "dutchs", et de la famille Tata...
En citant les noms des individus qu'il a cotoyé, convaincu, avec qui il a meneé le redressement, il nous a fait en tous cas bien comprendre combien diriger une entreprise, c'est d'abord une histoire de rapports humains et des personnes. A l'heure où certains pensent que l'entreprise devient 2.0 grâce aux réseaux et à internet, cela fait du bien à entendre pour revenir un peu sur terre dans la vraie vie des entreprises et de leur réussite.
Bien sûr, on avait envie qu'il nous donne la bonne formule pour réussir une fusion, lui qui a connu le pire, et tente maintenant le meilleur..
Il n'y a pas de recette, nous a-t-il dit, mais il a quand même livré les trois choses les plus importantes qu'il juge nécessaires pour réussir :
1. Une vision : on fusionne, on transforme, pour un but, clairement pensé et se traduidsant en objectifs opérationnels, et en actions;
2. Une équipe dirigeante : c'est cette équipe, comment elle s'entend, comment elle se présente et incarne l'entreprise, avec ses valeurs, son éthique, qui est clé selon Philippe Varin. Il a renvoyé neuf sur dix des membres du comité de direction à son arrivée, et dispose aujourd'hui de l'équipe qui reflète ce qu'il veut faire, et porte la confiance des collaborateurs. Avec Tata, les deux états-majors sont restés distincts pour le moment, mais..."ça ne durera pas..".
3. Une culture : c'est celle qui est portée d'abord par l'équipe dirigeante, et qui se décline dans toute l'entreprise, aux niveaux de management. La question à laquelle il faut répondre, pour Philippe Varin, c'est : Quelles seront les caractéristiques des managers Corus dans cinq ans ? que dira-t-on d'eux ? etc..
Ces réflexions ont peut être donné envie aux HEC présents dans la salle d'aller regarder la photo de leur comité de direction, ou de leur équipe, pour se poser de telles questions...
Nous laissant à nos pensées, Philippe Varin nous a aussi, à la fin, avec son humour, remercié d'être venu en bravant le "french desease"....
Tout d'un coup, après avoir passé une heure en sa compagnie à faire le tour du monde du management, nous étions revenus en France, et il faisait froid dehors...
Brrrrr....
L'histoire ne dit pas combien d'employés ont été licenciés pour que l'action passe de 40 pences à 608 pences ? ;)
Rédigé par : Antoine | 20 octobre 2007 à 18:46
Pour répondre à Antoine :
Le prix de 608 pences proposé par Tata Steel, qui valorise CORUS à plus de 9 milliards d'euros, tient compte surtout du repositionnement stratégique et des synergies à moyen terme de la somme Corus + Tata...
Ce ne sont pas les suppressions d'emplois qui suffisent à expliquer de telles valorisations...Supprimer des emplois permet de réduire les coûts et d'améliorer la productivité, mais absolument pas de garantir la valeur future de l'entreprise.
Néanmoins, le plan de restructuration qui a été mené au cours des trois années précédentes a eu des impacts sur l'emploi, en supprimant 1150 emplois, et en renouvellant un tiers du management.
Voilà pour compléter ta curiosité.
Rédigé par : Zone Franche | 20 octobre 2007 à 19:52