Comment aimer un éléphant ?
16 septembre 2007
Pour certains, dans l'entreprise, il y a une différence entre leur travail, qu'ils apprécient, et leur entreprise, c'est à dire le management et l'organisation, dont ils se méfient.
Comme l'indiquait Olivier Cousin, sociologue au CNRS, aux Echos cette semaine :
« Le passage d'une loyauté vis-à-vis de l'entreprise à une loyauté vis-à-vis du travail est une forme de résistance intéressante. Ce que les salariés cherchent à sauver finalement, c'est leur travail, ils ont la volonté d'un travail bien fait, pas pour l'entreprise, mais pour eux-mêmes, pour préserver l'idée qu'ils se font d'eux-mêmes à travers leur travail. »
Ce comportement se retrouve aussi, par exemple, quand un consultant confesse, comme ici, qu'il a de l'estime pour son client qu'il sert personnellement, mais assez peu de considération pour la marque et son cabinet...
Cette attitude est-elle un problème ?
Sans aucun doute pour l'entreprise qui en est victime, et qui héberge de tels passagers clandestins parmi son personnel, car ce qui fait la communauté de l'entreprise, ce n'est justement pas la juxtaposition de collaborateurs dévoués à "leur client", mais indifférents à ce qui constitue la communauté humaine et l'"être ensemble". C'est même tout le contraire.
Nier cette communauté, ne pas être capable de la faire vivre et se développer, c'est empêcher tout partage de valeurs, d'ambition, de vision, et de rêve pour les collaborateurs de l'entreprise. C'est se recroqueviller doucement.
Pour les clients aussi, mêmes bien "servis" par tel ou tel, c'est le risque de ne jamais retrouver, selon celui auquel ils s'adressent dans cette entreprise, la continuité du service et de la loyauté qu'ils croient avoir acheté en s'adressant à cette entreprise. C'est surtout le risque de ne pas trouver le dynamisme, l'enthousiasme, qui caractérisent les commmunautés d'entreprises qui se sentent fortes et solidaires.
L'entreprise n'est pas étrangère à ces comportements, elle en est même souvent ( c'est àdire ses dirigeants) la cause...
Charles Handy, auteur célèbre, a consacré l'un de ses ouvrages à une critique de ce qu'il appelle les "éléphants", c'est à dire les grandes entreprises et multinationales. Il fait remarquer combien, à force de s'absorber les unes les autres, en chageant de nom sans arrêt, elles contribuent à faire perdre tout imaginaire aux collaborateurs..
Alors qu'historiquement les entreprises portaient le nom de leur fondateur (et c'est encore le cas de Michelin, Renault, Peugeot,...) et créaient une continuité historique, les nouvelles tendances sont de créer des noms fabriqués par le marketing qui ne disent plus rien : comment rêver et s'y retrouver quand on s'appelle Vinci, Vivendi, Véolia, AXA, etc...?
C'est cette perte d'identité et de contenu émotionnel qui menace les entreprises "éléphants", et peut expliquer ces comportements de "déni de la marque et de l'entreprise" que constate Olivier Cousin.
Croire que la marque, actif immatériel inestimable, c'est bon pour les parfums et les cosmétiques, mais pas pour les services, qui sont d'abord des histoires de personnes avec "leur" client, c'est se tromper profondément...
Ce sont justement les entreprises de services avec des contenus émotionnels forts, des marques, des valeurs, qui réussissent et dépassent leurs concurrents. Ceux qui croient le contraire apprendront qu'ils se trompent à leurs dépens.
Ces entreprises qui réussissent, elles savent développer ces marques fortes, tout en préservant aussi les marques personnelles de leurs collaborateurs, qui apportent leur style et leur projet, mais sans qu'il contredise celui de la communauté.
Et ce n'est pas parce qu' on est un éléphant que tout est foutu.
Ceux qui échouent, ce sont les "vieux éléphants", ceux qui ont oublié de séduire, qui ne pensent plus qu'à s'adresser aux "marchés" et aux "actionnaires", qui oublient l'imaginaire de leurs collaborateurs. Qui diffusent des messages managériaux auxquels plus personne n'adhère... Ceux là sont en danger...
Les "nouveaux éléphants", au contraire ,font de ce critère un élément essentiel...et développent mieux que les autres leur "capital immatériel".
Pas besoin pour autant de se peindre en rose et de porter des lunettes extravagantes...
Mais cela peut parfois aider...
Pour une fois, je n'adhère que partiellement à votre vision concernant les services. Dans le métier du Conseil, que vous citez, il est bien difficile aujourd'hui de croire à une marque plus qu'à une autre ou à la suprématie de tel cabinet sur tel autre.
Si on regarde ce qui s'est passé depuis 2000, on ne peut que constater que les équipes de consultants sont passées d'une étiquette à une autre sans rien voir venir. Rappel : scission Arthur Andersen - Andersen Consulting, création de la marque Accenture, Enron, séparation des activités d'audit et de conseil des big 4, départs successifs d'équipes PwC vers Deloitte, BearingPoint vers Infineo, E&Y vers Deloitte, etc, etc.
Comment pourrais-je croire aujourd'hui que la marque qui m'héberge est meilleure que les autres, les autres étant peuplées d'ex-collègues de valeur ?
Le secteur des services avec ses regroupements, départs et fusions suit le même schéma que les "éléphants" que vous décrivez.
Rédigé par : Jean-Michel Demaison | 17 septembre 2007 à 00:01
Bonne analyse.Tous les éléphants se ressemblent en effet...
C'est précisément l'entreprise qui saura se distinguer des autres éléphants en recréant une vraie marque et une vraie ambition qui se différenciera...sinon tous les éléphants seront du même gris...
Une bonne nouvelle pour les petites entreprises qui sauront développer une culture forte.
Rédigé par : Zone Franche | 17 septembre 2007 à 00:33
Je crois pour ma part que le lion a voulu devenir éléphant et qu'en cela on ne peut plus lui demander d'être souple et rapide pour comprendre. C'est le poid des grands groupe.
Je vais prendre un club de foot en exemple. Un footballeur professionnel n'est pas là pour le maillot qu'il conserve peu de temps dans sa carrière. Dès qu'il est sur le terrain, il veut être meilleur pour aller dans un club plus performant et qui le paie plus. Le salarié est de plus en plus ainsi.
En même temps, le sport a compris qu'il fallait faire attention à ses stars pour les garder. De la même façon, Marseille a compris qu'il était rentable de prendre des petits couteaux dont au moins un sortirait du lot qu'ils vendraient une fotune derrière.
Par contre, les entreprises croient que ce sont des Cadres Sup qui font gagner les match etoublient souvent les experts et/ou ceux qui amènent de l'argent. De ce fait, ils finissent par devenir des mercenaires.
Rédigé par : xavier aucompte | 26 septembre 2007 à 01:29
je voudrais connaitre l'age le poid la long la hauteur d'un elephant
Rédigé par : hagbe nyemeck jhon philippe | 06 octobre 2007 à 00:48