L'âge de la mobilité
14 juillet 2007
Il n'y a pas que dans les entreprises que l'on s'intéresse à la mobilité.
Les 10 et 11 juillet se tenait à Bruxelles le Forum mondial sur les migrations et le développement. Ce forum est né d'une proposition émise en 2006 lors du sommet de l'Organisation des Nations Unies consacré aux migrations.
Celui de Bruxelles était donc le premier, avec 800 délégués, veant de 140 pays. Les débats et rapports, intéressants, sont en ligne sur le site créé spécialement pour cet évènement..
C'est Ban Ki-Moon, le Secrétaire Général de cette Organisation, qui a lancé ce forum, et repris ses arguments dans une tribune du Figaro lundi 9 juillet.
Pour lui, c'est une évidence :
" La mondialisation s'effectue par étapes. Nous en sommes à la deuxième étape : l'âge de la mobilté.
Dans la première étape, avec la libéralisation des flux de capitaux et de biens, les bienfaits de la mondialisation allaient essentiellement au monde développé et à ses principaux partenaires commerciaux. Alors que nous entrons dans le nouvel âge de la mobilité, ce sont les personnes qui seront appelées à franchir les frontières en nombre toujours plus grand. A la recherche d'un emploi et d'une vie meilleure, ces personnes pourront réduire les fortes inégalités qui caractérisent notre époque et accélérer le progrès dans l'ensemble du monde en développement".
Ces mouvements de migration des populations, appréciés globalement se sont en effet fortement développés: l'ONU estime qu'il y a aujourd'hui 191 millions de migrants internationaux dans le monde, et que les migrations permanentes vers les pays développés ont augmenté au rythme annuel de 10% environ en 2005.
Le Forum a aussi servi à montrer que ces migrations pouvaient avoir des effets positifs, mais aussi des conséquences plus négatives. Globalement, on y a peu parlé des entreprises, mais plutôt du rôle des Etats et des ONG...
Un des thèmes des débats était notamment :
Développement du capital humain et mobilité de la main d'oeuvre : maximiser les opportunités et minimiser les risques.
Le constat est partagé : au cours des dix à quinze dernières années, l'émigration de personnes hautement qualifiées depuis des pays en développement vers des pays de l'OCDE s'est considérablement intensifiée. On parle dans certains pays d'"exode des cerveaux". D'où les propositions des participants au Forum de mieux encadrer ces flux; certains ont proposé d'offrir des compensations aux pays d'origine qui ont investi dans leur système éducatif ayant permis la création de ces personnes hautement qualifiées.
Néanmoins, au-delà de ces ajustements à imaginer, la tendance est perçue comme un formidable facteur de développement.
Ban Ki-Moon synthétise bien cet optimisme :
" Les migrations peuvent constituer une force considérable au service du bien. En nous appuyant sur les faits et en engageant une conversation rationnelle et tournée vers l'avenir sur les moyens de mieux gérer nos intérêts communs, nous pourrons favoriser tous ensemble l'avènement de la troisième étape de la mondialisation, cet âge attendu depuis si longtemps où ceux qui auront part à la prospérité mondiale seront plus nombreux que jamais".
Cet optimisme, cet appel mondial à la mobilité, il interpelle bien sûr nos entreprises et nos collaborateurs, dans les pays développés, et chez nous, là, ici et maintenant , en France. Ce mouvement ne va pas seulement concerner les départs des pays d'Afrique vers l'Europe, par exemple, mais aussi nous concerner directement, créer de nouvelles concurrences et compétitions. D'ailleurs, en France aussi on parle de "fuite des cerveaux", comme en Afrique.
Oui, la mobilité, on le sent bien , est en train de devenir un thème incontournable de la gestion des entreprises dans la mondialisation, et aussi des populations.
Ceux qui croient qu'ils vont pouvoir faire comme si de rien n'était, et rester dans leur poste et leur confort, dans la même entreprise, sans regarder ce qui est en train de se passer autour d'eux, vont probablement avoir des réveils difficiles.
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