Tire moi une croissance !
01 mai 2007
Quand les politiques ne parlent pas des "français", comme ICI, il y a une autre chanson qui revient souvent dans les discours, c'est la croissance.
Dans leur bouche, la croissance, c'est comme une déesse qui viendrait du ciel parce qu'on aurait été bien sage; elle va revenir parce que, grâce à l'élection du candidat, ou de la candidate, comme l'effet d'une baguette magique, Boum, la "confiance" revient, et Boum, voilà la croissance, et les politiques de se mettre à rêver de "points de croissance" en plus...
Alors les discours politiques tournent autour de cette interrogation : "la croissance sera-t-elle au rendez-vous ?". Comme si cette déesse donnait des rendez-vous comme ça, pour nous faire plaisir.
Le pire dans ces discours, c'est de vouloir nous faire croire que cette croissance est "tirée"...par la croissance extérieure (qu'on n'explique pas non plus trés bien d'ailleurs), ou bien, ânerie habituelle, par la "consommation intèrieure" (qu'on considère tout aussi mystèrieuse), ou au contraire "freinée"... par la guerre en Irak, ou toute autre baliverne.
Alors, pour que la croissance revienne, il suffirait d'attendre que la guerre se termine, que la croissance mondiale reparte, que les citoyens se mettent à avoir envie de consommer plus.
Heureusement il reste quelques personnes la tête sur les épaules pour dénoncer ces fantasmes, et un des plus virulents est Pascal Salin, économiste, qui vient de publier "Français, n'ayez pas peur du libéralisme" pour nous permettre de remettre les pendules à l'heure.
Que nous dit-il ?
" Tous les modèles de prévision en France sont fondés sur l'idée, d'inspiration keynésienne, que la croissance économique s'expliquerait par l'évolution de la demande ou de certaines de ses composantes. Mais on ne dira jamais assez à quel point les propositions principales de la pensée keynésienne ont été destructrices. La théorie keynésienne a habitué les esprits à raisonner en termes de quantités globales, c'est à dire en termes de concepts sans aucun rapport avec la réalité. Elle a conduit à ignorer la seule caractéristique du fonctionnement des sociétés humaines, à savoir le fait que les individus pensent et agissent."
"L'explication de cette dérive intellectuelle est simple à comprendre : en prétendant que l'augmentation de la consommation était capable de "tirer" la croissance, on légitimait les revendications salariales, sous le prétexte que les salariés consommaient relativement plus que les autres. (...) Pourtant, comment la consommation pourrait-elle jouer un rôle moteur et autonome, alors qu'on ne peut consommer que ce que l'on gagné, et qu'on ne peut gagner qu'en fonction de ce que l'on a produit ?"
" Privilégier comme on le fait habituellement la consommation c'est aussi faire une autre erreur intellectuelle : c'est supposer que les ressources non consommées, c'est à dire celles qui sont épargnées, disparaissent du circuit économique. C'est pourtant bien le contraire qui est vrai : les ressources consommées sont détruites par la consommation, alors que les ressources épargnées sont réintroduites dans le circuit économique pour permettre de produire des ressources supplémentaires. C'est l'effort d'épargne qui permet la croissance,car il signifie renoncer à une consommation présente pour obtenir plus plus de richesses dans le futur".
En fait la croissance, ceux qui sont dirigeants et managers dans les entreprises, ils ont bien compris que ce n'était pas une affaire globale, mais au contraire le résultat des efforts de tous les jours.
Pascal Salin nous le confirme simplement :
" Les sources de la croissance existent dans la France d'aujourd'hui, dans le cerveau et le courage de ces millions d'entrepreneurs, de salariés, d'épargnants, qui seraient prêts à créer des richesses, si l'Etat ne les spoliait pas par ses impôts et ne les paralysait par ses règlementations. Les sources de la croissance ne sont pas extérieures à notre pays, elles sont intérieures, elles ne relèvent pas d'une mécanique globale, mais des efforts innombrables des individus, elles ne sont pas d'ordre matériel, mais intellectuel, c'est à dire qu'elles dépendent de l'imagination et du goût de millions d'individus".
On en revient à cet esprit d'entreprise et ce besoin d'entrepreneurs, seuls moyens du développement.
Les entreprises cherchent d'ailleurs de façon continue les ingrédients pour assurer de manière durable cette croissance.
General Electric définit même cette croissance comme un "process". Le dernier rapport annuel revient sur cette démarche "Growth as a process". Les composantes sont au nombre de 6 : Technology, Customers, Globalization, Commercial Excellence, Innovation, Growth Leaders. A voir en détail sur leur site web.
C'est certainement de ces efforts vers l'excellence, la qualité du commerce, des produits, de l'inovation, que viendra la croissance.
Cela ne fait que nous rappeler que ce sont finalement les commandes, l'innovation et la valeur ajoutée qui produisent de la croissance, grâce à la liberté d'entreprendre, et non les fumeuses promesses politiques pour distribuer encore plus (ou augmenter le SMIG), sans création de richesses, de l'argent prélevé sur ceux qui produisent et entreprennent.
Espérons que les politiques qui vont prendre les commandes de l'Elysée, du prochain gouvernement et de l'assemblée nationale ne l'oublieront pas trop.
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